Critique de Digger

Qui d'autre pour donner une suite à un petit jeu déluré tel que Dobble que Roberto Fraga ?

Digger, deuxième jeu en boîte ronde métallique, qui ouvre donc une "gamme", vous proposera lui aussi d'être plus rapide. Mais pas plus que les autres. Plus que le temps, tout simplement.

D'ailleurs, simplicité rime souvent avec modestie, et il ne faudra pas avoir les yeux plus grands que le ventre quand arrive notre tour. Pour être plus précis, il ne faudra pas chercher midi à quatorze heures. Enfin, j'me comprends...

Matériel

Des dés en forme de cubes, des p'tits cubes de toutes les couleurs, c'est l'heure du jeu apéritif !

Digger se présente effectivement dans une petite boîte ronde, toute en métal. S'il ne prend pas de place au sein de votre ludothèque, il se transforme en une belle surface de jeu dans la pratique.

Le dos de la boîte nous donne assez d'informations pour savoir de quoi il en retourne tout en ne dévoilant pas tout afin que l'envie de soulever le couvercle (et donc d'acheter le produit), en relief, soit présente. Aucune faute de goût à déclarer jusque là.

Inutile de s'attarder sur le cas du suremballage du jeu : ce dernier se trouve certes ceinturé dans un plastique lui même ancré dans une boîte cartonnée, mais difficile d'imaginer faire autrement pour que le jeu ait une quelconque visibilité dans les commerces. De plus, chacune des informations se retrouve sur ce premier emballage et se trouve et se lit bien plus aisément.

Passons donc à l'intérieur de la petite boîte...

On oublie vite le petit dépliant mettant en avant les trois jeux composant pour le moment la gamme, et dont je trouve personnellement la présence plus sujette à débat. On met également de côté le petit livret de règles, qui fera l'objet d'un zoom lors des lignes à venir.

Ne reste alors que la valeur brute du produit : le matériel même du jeu. Les 50 cubes et les 5 dés aux couleurs de ces derniers (plus une sixième couleur, un peu spéciale) sont mis dans deux pochettes zip. Asmodée soigne son matos jusqu'au bout des ongles. Une fois sortis et accompagnés du sablier qui rythmera les tours de jeu, on a fait le tour de tout ce qu'il faut pour démarrer une partie... ou presque. Car si Dobble n'était constitué que de cartes, Digger en possède également, mais seulement cinq. ces dernières, doubles faces, permettront de varier un peu les parties, mais là aussi, on creusera la question un peu plus loin dans cette critique...

Rien d'hallucinant dans le matos découvert mais c'est bien fait et agréable autant à l'oeil, qu'à la main, dans le feu de l'action. L'impression de "seulement ça à l'intérieur" s'estompe assez rapidement quand on compare finalement le contenu avec celui plus classique et composé généralement que de cartes, d'autres jeux de même prix.

Pas une pierre précieuse mais un bel objet, assurément.

Règles

La règle du jeu tient en 16 pages. 16, ça peut paraître beaucoup, mais le format et la taille de la boîte ne permettent pas à un livret de pouvoir poser beaucoup de caractères sur une même page sans utilisation de loupe. Et l'éditeur a opté pour celle de pages à tourner : c'est bien mieux.

En démarrant par la lecture du but du jeu, on se dit "chouette, je vais partir à l'aventure".

Premier constat après utilisation : le jeu réussit aisément à provoquer l'ambiance autour de la table, mais pour autant, on ne s'imagine pas un instant être en train de chercher des diamants au fond d'une rivière amazonienne. Niveau thématique, donc, on passe, mais seuls les joueurs ne pouvant jouer sans, remarqueront ce manque comblé par la cadence imposée par la mécanique.

Venons-en d'ailleurs à la mécanique elle-même. Lors de votre tour, vous prenez tous les dés et les jetez. Vous pouvez alors prendre les cubes correspondant aux couleurs sorties mais seulement si elles ne sont représentées que sur un seul dé. La cinquième couleur, le noir (oui, je sais : le noir n'est pas une couleur), si elle apparait sur un seul dé, vous permet de voler des cubes aux autres joueurs si vous le souhaitez, à la place de les prendre depuis la réserve.

La couleur bleue est elle aussi spéciale car on n'obtient pas de cube à cette couleur. Elle représente l'eau qui se raréfie et quand elle est présente sur un seul dé, donne l'autorisation au joueur d'enlever un cube bleu de la réserve du jeu, la partie cessant quand ces derniers ont disparu. On compte alors les points, chaque couleur donnant une valeur différente à chaque cube.

C'est tout ? Ça ne fait pas assez "Fraga" selon vous ?

Ah, on ne vous la fait pas à vous, hein ?

Bon, non, ce n'est pas si simple, en effet. L'intérêt du jeu repose surtout sur les autres points de règles. Le premier est que vous mettez vos gains devant vous et ne pouvez les poser sur votre carte qu'empilés dans leur couleur. Tout cube acquis mais pas empilé (ou tombé) avant la fin du sablier est perdu. De même, si vous tentez de voler un autre joueur et faites tomber sa pile, ça ne sera pas bon pour vous. Ne vous reste plus qu'à voir si vous allez empiler tout proprement pour ne pas faire tomber, ce qui provoque aussi moins d'hésitations quant aux envies adverses de venir vous dérober vos cubes...

Et vous allez devoir faire tout ça dans le temps imparti (30 secondes), que vous ne visualisez pas : c'est un autre joueur qui vous cache le sablier et qui espère que vous soyez trop gourmand et perdiez votre tour de jeu. Il pourra aussi se satisfaire que vous n'ayez égrainé que la moitié du temps qui vous était échu...

Pas mal, non ?

C'est simple, mais avec une gestion du temps bien rigolote, qui fait la quasi totalité du sel du jeu. Comme dans un stop ou encore, les autres joueurs vous incitent à continuer, vous dissuadent et bluffent pour vous faire perdre vos moyens. C'est simple et interactif. Bravo.

Durée de vie

Digger est un jeu apéritif. Forcément, il est prédisposé à se digérer vite.

On pourra donc faire rapidement le tour du jeu, s'habituer à la durée (mais fort heureusement, plus on pense gérer et plus on prend des risques : le jeu tend à fonctionner même pour les plus habitués) du sablier et à la lecture des dés.

Le dos des cartes propose des valeurs de couleurs différentes pour chaque joueur et permettent un jeu plus méchant et plus subtil : on y vient avec plaisir, ce dernier étant rallongé par cette idée efficace.

Pour autant, si vous sortez le jeu trop souvent, vous pourrez voir l'intérêt s'essouffler.

De toute façon, on ne doit pas s'offrir des pierres précieuses trop souvent...

Avis de la rédaction

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Digger est un bon petit jeu, qui propose une façon différente de jouer avec le temps. Pas un jeu de rapidité, ni même d'adresse ou de gestion, mais un peu de tout ça, saupoudré d'interaction. Réussir pareil défi dans une si petite boîte, avec si peu de matériel et une règle aussi concise relevait pourtant de la gageure. Dommage qu'un manque de variété au fur et à mesure des parties fasse que le jeu s'essouffle vite, au point, peut-être, de ne pas retenir l'attention assez longtemps. Mais j'avoue avoir hésité entre mettre 6 et 7 sur 10 (enfin, 3 ou 3 étoiles et demi). A essayer pour se faire un avis personnel, plus tranché.
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