Opération Fantôme !
C'est officiel : un drame édifiant officie dans l'édifice. Dans les coulisses, un panneau coulisse. Ne tombons pas dedans ! Ce fantôme, en fait, c'est un faux. Dans la fosse, il orchestre son coup de théâtre, espérant la tragédie : l'annulation du récital de la diva ritale La Carlotta. Huit suspects et un enquêteur à l'oeil qui luit. Mais qui se cache derrière le masque ? Le jeune mécène ? mais si ce n'est pas lui ? Un machiniste machiavélique ? manichéen...
A vous de tirer tout ça au clair avant que l'on ne tire le rideau...
Matériel
Si le coupable dans cette sombre histoire ne s'appelle pas Mr Jack, vous allez tout de même retrouver quelques fois son nom dans les faits qui retracent cette critique de jeu.
Déjà, la boite en main, on voit qu'elle est au même format que celle de Mr Jack, jeu qu'on ne présente plus. Signé chez le même éditeur, commis par le même duo d'auteurs : les preuves sont là !
Vous pourrez d'ailleurs remarquer en bas de l'illustration de la couverture, à côté des indications de durée, nombre de joueurs et age minimum requis, un petit logo annonçant "Mr Jack Game System". Le crime est donc avoué : on ne pourra pas dire qu'on n'était pas prévenus...
Et puisqu'on vous a parlé des auteurs, soulignons que l'illustrateur est lui aussi mis en avant sur la couverture de la boite de jeu. La chose étant appréciable, je me dois de la souligner.
Certains éditeurs m'ont dit être étonnés que j'y accorde de l'importance (je peux m'en passer, mais c'est un petit plus appréciable), mais autre petite précision : le jeu propose deux tranches de boites différentes de sorte que, si vous le rangez à l'horizontale ou la verticale, il conservera tout son attrait avec un texte dans le sens de la lecture.
Passons au dos de boite maintenant : une petite mise en avant de la thématique qui n'a pas à rougir de la comparaison avec ce que propose une quatrième de couverture d'un roman policier, ainsi qu'une bonne partie du matériel illustré. Ne reste plus qu'à soulever le couvercle...
Alors, pour moins de 30€, vous aurez droit à un beau plateau de jeu à la lisibilité pas totalement parfaite malgré la bonne idée d'associer les couleurs des persos à celles des éléments avec lesquels ils interagissent, mais à laquelle on se fait vite. Mais attendez, vous aurez également 20 grosses tuiles d'un format proche d'une carte de jeu de tarot, très épaisses et aux illustrations réussies. Les huit jetons suspects qui se baladeront sur le plateau sont tout autant réussis, leur hauteur permettant une prise en main aisée, et les stickers à y apposer accentuant la corrélation thème/mécanique. Trois jetons complètent le tout.
Si la boite n'est pas pleine de partout, malgré le carton permettant au matériel de ne pas trop s'éparpiller, la qualité est bien présente, jusque sur le papier utilisé pour la conception du livret de règles. Bref, tout ça est attirant et on a l'impression d'en avoir pour son prix. De plus, le format de boite, pour ceux qui font l'association, correspond totalement au type de jeu auquel il peut faire penser.
Un bilan positif, qui invite à s'intéresser à la suite...
Règles
Si le livret de règles est assez épais, ce n'est que parce qu'il est proposé en diverses langues. Le jeu possède peu de points de règles et la lecture de ces dernières se boucle rapidement. De plus, puisqu'il reprend une grande partie des mécanismes de Mr Jack, vous les assimilerez encore plus vite si vous avez déjà pratiqué.
Alors, qu'avons-nous dans nos fichiers ? Eh bien, nous savons qu'il s'agit d'un jeu stratégique pour deux joueurs, tablant essentiellement sur la déduction.
Le plateau de jeu représente le fameux lieu évoqué par le titre du jeu et est découpé en dix pièces précises que les pions des personnages vont visiter et sur lesquelles ils vont activer leurs pouvoirs, la plupart rappelant ceux de Mr Jack.
En début de partie, on place les huit suspects de façon aléatoire, chacun dans une des huit pièces extérieures de l'opéra. Les deux salles centrales sont laissées vides. Puis on place un jeton chandelier dans une salle, annonçant que celle-ci n'a pas de lumière (clin d'oeil à Mr Jack ?) et un cadenas, rendant un accès entre deux salles impossible, chaque salle ayant bien entendu plusieurs accès possibles.
Le mécanisme central est donc celui de Mr Jack (oui, en fait, je gagne 1€ chaque fois que je place ce mot...) : on tire au hasard quatre des huit suspects. Un joueur en choisit un, le déplace et l'active, l'autre joueur fait de même avec deux de ceux restants, puis le dernier revient à celui ayant choisit le premier.
Une fois ceci fait, le joueur jouant le fantôme annonce si on voit le fantôme (celui-ci ne se manifeste que s'il se trouve seul dans une salle ou se trouve dans la salle sans lumière). Selon la réponse, certains suspects vont être innocentés. Le jeton de la diva avance d'autant de cases qu'il reste de suspects, et d'une case de plus si le fantôme s'est manifesté, effrayant la cantatrice. Le but est donc de démasquer le coupable (en éliminant sept suspects) avant que la dernière case ne soit atteinte.
La manche suivante se joue avec les quatre personnages non utilisés et commence celui qui avait été second la fois précédente. Lors de chaque manche impaire, on remélange les huit personnages pour en sélectionner quatre au hasard à jouer et ainsi de suite.
Le mécanisme est donc bien sympa, car vous devez choisir ce que vous voulez pour faire votre meilleur coup, mais aussi ne pas laisser le perso qu'il faut à votre adversaire, ou alors jouer sur le plateau de sorte que le lui laisser ne lui soit pas d'une grande aide. Mais bon, le mécanisme est déjà connu...
Le système de déplacement est une des différences avec son ainé. Ainsi, dans "Le Fantôme de l'Opéra" votre déplacement est d'un maximum d'autant de salles que de personnages présents dans la salle que vous quittez. Ca va obliger à calculer sur plusieurs coups tout en limitant drastiquement les possibilités.
Les pouvoirs des personnages ? L'un permet de déplacer le cadenas, un autre le chandelier, un troisième a tendance à attirer vers lui tandis qu'un autre repousse. Un permet de s'échanger avec un autre, pendant qu'une petite maligne peut se déplacer en utilisant les passages secrets. Enfin, un peu amener avec lui un personnage pendant son déplacement. On se rend compte que dans ce dérivé de Mr Jack, le nerf de la guerre se trouve dans les déplacements, et ce bien plus que sur la version du célèbre éventreur (mince, je viens de perdre 1€ là...). De nombreux pouvoirs de personnages en témoignent...
On retrouve également le personnage permettant de regarder une carte alibi, permettant d'innocenter un personnage. Autre petite nouveauté : on trouve maintenant dans cette pile des cartes supplémentaires. Ces dernières influent directement sur la durée et donc sur l'issue de la partie puisque celui qui la pioche peut faire avancer ou reculer La Carlotta...
Durée de vie
J'avoue ne pas avoir joué assez au jeu pour m'assurer de sa bonne durée de vie et constater qu'au fil des parties on s'apercevra de sa richesse. Il n'empêche que j'y ai assez joué tout de même pour m'assurer avoir l'impression de mieux jouer chaque fois. Tout autant d'ailleurs que celle, si on devait comparer, et la chose semble inévitable, que le jeu est beaucoup plus léger et moins profond que Mr Jack.
Un défaut ? Une qualité ? En tous cas peut-être bien un effet voulu afin de permettre aux deux titres, si proches mécaniquement parlant, de se démarquer un peu plus l'un de l'autre.
A chacun d'avoir sa préférence.
Notons la possibilité de lisser le niveau des joueurs en plaçant le pion de la diva un peu plus près ou loin de l'arrivée.
Mais me concernant, même si à force de parties l'impression s'atténue, me reste souvent un petit gout de "tout ça pour ça"...
Le conseil de Jedisjeux
Si vous possédez déjà Mr Jack, je ne vous conseillerais ce titre que si vous recherchez un jeu très proche et plus accessible ou simplement si vous faites partie des nombreux fans inconditionnels. Dans le cas contraire, essayez-le pour vous faire votre propre opinion...