"Si, Oscuro Signore !" fut un petit jeu sorti lors du salon d'Essen en 2006. Si le jeu n'avait pas trop fait parler de lui, l'éditeur "Ubik" a vu du potentiel en lui au point de proposer sa version française, sortie récemment.

Des années après "Il était une fois", ce jeu va t'il réussir à renouveler le genre, les jeux narratifs se comptant sur les doigts de la main... ?

Matériel

Une bien belle boite, bien solide, avec toutes les infos qu'il nous faut au dos pour savoir si le jeu est fait pour nous ou pas: un premier bon point !

Bon, ouvrons-la, cette boite...

A l'intérieur, un agencement parfait pour ranger le matériel composant le jeu : des cartes et... des cartes.

Deux paquets de cartes d'ailleurs aux dos différents... oui, mais pas assez. Et ce sera un peu gênant dans la façon de jouer d'ailleurs...

On pourra reprocher au jeu de ne pas proposer de jetons pour compter les "regards qui tuent" et qu'il n'y ai pas d'écran proposé avec de petits gobelins aux noms rigolos (mais jedisjeux y travaille... à suivre !)

Néanmoins, ça reste agréable : on voit que Ubik a voulu bien faire et ils ont bien fait. On aurait voulu juste de petites choses, apparemment oubliées...

Règles

Ce qui est bien avec cette règle, c'est qu'elle restitue bien l'ambiance du jeu avec un humour omniprésent.

On ne pourra rien trouver à redire du coup sur le livret. Seule la règle, enfin les mécanismes eux-mêmes, pourraient trouver détracteurs.

Car pour un jeu qui se doit dynamique, il y a trop de pioche de cartes, de défausse... ça fini parfois dans un sacré bazar et si ce n'est pas le cas, ça sous entend qu'on fait ça proprement et dans ce cas ça saccade un peu le rythme du jeu.

Ceci aurait été plus atténué si la différence des dos des deux différents types de cartes avait été plus nettement marquée.

Il faudra donc plusieurs parties pour bien savourer le jeu, une fois la mécanique bien huilée.

Ce qui surprend dans cette règle, c'est la liberté donnée aux joueurs. On pourrait penser que cela aurait pour incidence de demander trop d'imagination à chacun ; or, le jeu est plus facile d'accès à ce niveau qu'un "il était une fois" ou un "petits meurtres et faits divers"

On pourra rapprocher le jeu aux "loups garous de Thiercellieux" même si pour le coup, il demande plus d'investissement au niveau du rôle play: si "oui, seigneur des ténèbres" n'est pas un jeu d'initiation aux jeux de rôle, il en est tout près.

Une partie se joue rapidement : Le méchant seigneur Igor Mortis (incarné par un joueur) invente une mission qu'il aurait donné à ses serviteurs gobelins, bien évidemment imcompétents.

Il peut par exemple demander : "Avez-vous réussi à kidnapper la dulcinée du Comte Harbourg ?"

Les pauvres petits gobelins vont donc lui raconter comment la mission s'est déroulée et vont à tour de rôle se rejeter la faute jusqu'à ce que l'un d'entre eux, à court d'arguments, subisse la colère de son maitre.

Simple, rapide, jubilatoire : ce jeu réussi dans son entreprise à l'aide d'une règle de jeu assez maligne pour donner un chemin de route aux joueurs et leur laisser dans le même temps une marche de manoeuvre importante.

Durée de vie

Le jeu tiendra t'il dans la durée ? La question se pose.

Ici, déjà, on évite le piège de "il était une fois" où il suffit de connaitre les cartes dont il ne faut pas prononcer les mots pour être interrompu.

De plus, on peut utiliser une carte par son nom, son texte ou son dessin: elle servira pour de nombreuses histoires bien différentes.

Cela dit, les redites sont inévitables mais les extensions, existants en VO, devraient voir le jour petit à petit de par chez nous.

Bref, un jeu qui devrait sortir souvent et qui permettra de diversifier un peu avec les parties de "loups garous de Thiercellieux", autre jeu permettant de jouer à très grand nombre.

Cependant, contrairement à ce dernier, on en alignera pas souvent plusieurs d'affilée...

Le conseil de Jedisjeux

Le jeu propose de se jouer de 4 à 16 mais même si cela est effectivement possible, essayez d'être 6 ou 7 puis adaptez vous selon vos préférences : plus nombreux, moins...

Peu nombreux et c'est le manque d'interaction et peut être d'imagination assuré. Trop nombreux et ce sera long sans que vous participiez beaucoup.

Un juste milieu est donc préférable.

Sinon, n'oubliez pas, pour optimiser le jeu, de préparer marqueurs et petits badges aux noms gobelinement délirants !

Enfin, une petite parenthèse : même si nous préférons ce jeu à d'autres de la même famille tels que "il était une fois" ou "petits meurtres et faits divers", il est bon de signaler que contrairement à ces derniers, appréciables par tous, ce jeu risque de plaire bien plus à un public (à quelques exceptions près) plutôt masculin. A tout hasard, vous voilà prévenus...