Critique de Revolte in Rom

En -49 avant Jésus-Christ, César, général victorieux de retour de la guerre des Gaules franchit le Rubicon. A Roma (ou Revolt in Rom, dans l'édition originale), on vous propose d'incarner celui-ci, ou au contraire de représenter son ennemi juré, Pompée. Concrètement, que donne ce jeu de S. Feld (Notre Dame, Um Rhum und Ehre), auteur de plus en plus en vue ?

Matériel

Le matériel est propre et sobre. Queen Games, l'éditeur, se fend ici de socles en carton larges et épais et de cartes nombreuses et bien illustrées du plus bel effet. En outre, vous trouverez des jetons "points de victoire" et sept dés qui complètent un matériel globalement réussi. Toutefois, la boîte est disproportionnée avec le matériel qu'elle contient, et, si ce dernier est de bonne facture, il n'est pas non plus transcendant. De plus - et surtout, les pictogrammes censés expliquer les effets des différentes cartes sont certes clairs et logiques pour un joueur expérimenté, mais à la limite de l'illisible pour le néophyte - on aura ainsi à de nombreuses reprises recours à la règle de jeu.

Règles

Si la règle en elle-même est simple et rapide à expliquer - comptez entre cinq et dix minutes en comptant une rapide revue des cartes, on ne peut que fustiger sa rédaction catastrophique. L'ensemble est à la limite de l'illisible et ne donne pas du tout l'impression d'un travail fini de la part de l'éditeur.

De plus, les pouvoirs des cartes, qui sont de plus légèrement déséquilibrés, demandent une attention particulière et peuvent se révéler difficiles à gérer : nombreux recours à la règle, manque d'évidence des combinaison possibles...

Au niveau du jeu lui-même, Roma est l'archétype du jeu de combinaisons, dont l'intérêt réside plus dans la tactique à court terme que dans une stratégie globale. Les généraux attribuent des cartes de pouvoir à chaque chiffre. A leur tour, les deux généraux lancent trois dés qu'ils peuvent répartir entre ces dernières, si le chiffre du dé correspond, la prise d'argent, toujours possible et dépendant de la valeur du ou des dés qui lui lui sont attribués, et la prise de cartes, le joueur choisissant parmi autant de cartes que la valeur du dé qu'il attribue à cette action.

Ainsi, les pouvoirs, parmi lesquels on citera le marchand ('mercator') qui permet d'acheter les points de victoire de son adversaire, le forum qui permet d'en prendre depuis la réserve générale mais qui nécessite deux dés, le légionnaire qui attaque une carte adverse... peuvent se combiner, et il est toujours possible de faire face à un mauvais tirage apparent, car le jeu, assez dynamique, permet souvent de remplacer des cartes par d'autres de sa main moyennant argent ou simplement de se renforcer. Là où le hasard est un peu frustrant pour un jeu qui peut quand même se révéler tendu, c'est quand un joueur vous élimine la moitié de votre jeu avant même que vous ayez joué votre premier tour, ou quand il active le personnage qui lui offre la victoire. Mais bon, c'est aussi le jeu.

Un des attraits de Roma réside dans les deux manières de terminer la partie : les joueurs, qui partent avec un capital de 10 points chacun sur un total de 36, peuvent gagner quand leur adversaire n'a plus aucun point - il est déshonoré et fuit - ou quand il ne reste plus aucun point en jeu, cas dans lequel le joueur majoritaire gagne la partie.

Durée de vie

Si Roma peut se révéler frustrant et si les parties sont clairement inégales (certaines durent cinq minutes, d'autres une demie-heure), le plaisir de jouer ou de rejouer est globalement là. C'est un jeu qu'on enchaîne de fait facilement deux ou trois fois, et qui, une fois qu'on a passé le cap des parties d'initiation et qu'on commence à maîtriser les combinaisons présente une bonne rejouabilité.

Toutefois, un point important qui peut gêner les joueurs les plus assidus : certaines cartes sont très déséquilibrées et peuvent casser l'ambiance d'une partie. Certaines parties se terminent par une course à l'argent (Mercator) systématique, d'autres par une course aux PV par le biais du forum, et certaines tactiques sont parfois imparables.

Le jeu est tout de même facilement rejouable, et le rapport qualité/prix est tout à fait correct.

Le conseil de Jedisjeux

Il est conseillé, pour les débutants, de bien se familiariser avec les cartes avant d'entamer une première partie. Pour réduire la part de hasard initial, nous proposons la variante suivante : chaque joueur prend cinq cartes au lieu de quatre, en donne trois et en reçoit trois du joueur adverse. Parmi les cinq cartes qui lui restent, il en choisit deux qu'il donne à son adversaire. Il élimine une des cinq cartes qu'il a en main et la partie démarre normalement.

Il est indispensable d'acheter l'édition multilingue, même si les règles sont incontestablement mal rédigées : Revolt in Rom présente beaucoup de texte en langue germanique.

Avis de la rédaction

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"Roma" est un de ces jeux où on choisi ses actions suite à des lancés de dés. Mais comme "Yspahan" le fit par la suite, le nombre de possibilités est assez grand pour en faire un jeu tactique. Il pourra arriver que certaines parties soient pliées en 5mn sur des coups de chances d'un côté et de malchance de l'autre mais sans pour autant rendre la partie insipide. Et puis, 5mn, on a le temps d'en refaire une, non ? Un de ces jeux avec un gout de "reviens y" assez fort pour ne pas s'en priver...
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S'il existe de bien bons jeux à deux joueurs (même utilisant des dés de façon habile), Roma réussit à s'intégrer dans ceux qu'il faut posséder. Les parties sont dynamiques et ne se ressemblent pas, on apprend à chacune d'entre elles et se rend compte que le jeu est bien malin. Bref, à posséder si vous jouez en couple à la maison.
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