Critique de Sobek

Imaginez un jeu de ressources. Un jeu où vous pouvez acheter des jeux de cartes, des jeux de plateau, des jeux de rôles... des jeux quoi. Ils sont là, étalés devant vous. Mais pour vous saisir de celui que vous voulez, il faut un peu écraser ceux qui vous bloquent le chemin. Ah geek que vous êtes, vous ne pouviez pas attendre que ces derniers soient pris pour avoir un accès plus facile au vôtre ? C'est que le vendeur va finir par s'énerver avec toutes ces boîtes abimées par vous, même si vous êtes son meilleur client.

Bon, bah l'histoire de Sobek, c'est la même chose. Sauf que dans l'Egypte antique, ils restaient de marbre face à vos boîtes de jeux. Par contre, pour ce qui était des marchandises, c'étaient de gros geek capables de corrompre au risque de quelques accrocs à la fin du partage. Que voulez-vous, ma pauvre Odile ? On dit vouloir partager, mais on veut toujours avoir la plus grosse part du gâteau...enfin, de l'ivoire, de l'ébène, du blé et de tous leurs petits copains.

Matériel

Sobek se présente dans une belle boîte orangée, qui donne un effet "ensoleillé" très réussi et en accord avec le décor du thème du jeu. Un léger effet toilé la rend très agréable au toucher et son illustration de couverture, dans un style proche des "Astérix" d'Uderzo, est des plus convaincantes. Les informations habituelles (nombre de joueurs, durée, âge minimum conseillé) sont bien entendu indiqués. On ne les trouvera pas de suite cependant, leur emplacement sortant un peu de l'ordinaire.

Au dos de la boîte, un petit texte d'ambiance et une illustration du matériel de jeu, également énuméré, nous livrent une partie supplémentaire des mystères du jeu.

Pour la suite, au risque de subir une malédiction, il nous faut soulever le couvercle.

Et à l'ouverture, on crie aux merveilles. On démarre par trois livrets de règles, dont un en français. On reviendra plus tard sur les défauts et qualités de celui en français...

Vient ensuite un plateau de jeu qu'on déplie pour une taille finale trois fois plus importante que celle de la boîte. De bonne qualité et bien illustré, on remarquera que son dos est tout aussi réussi: rien à redire ici non plus.

Le plateau maintenant sorti, on peut voir la quasi totalité du reste du contenu et la première chose qui frappe, c'est le termo dans lequel tout ceci est rangé. Car figurez-vous qu'il est conçu pour ce jeu, si ! Les quatre pions ont chacun leur compartiment et les cartes sont bien logées pour ne pas bouger. Vous avez même la place qu'il faut pour placer vos doigts et attraper tout ça facilement. Un beau termo donc, solide et de couleur sable, pour rester en accord avec l'esprit qui plane sur le jeu. Y sont même incrustés des scarabées, dont les plaquettes corruptions, pourtant en forme de tête égyptienne, forment le corps du scarabée principal. Et quand on retire ces derniers de leur compartiment, on découvre, telle une cachette mise à jour, l'emplacement des 12 jetons évènements.

De cette somptueuse fresque je ne vous ai pas encore parlé des illustrations de ces jetons et de celles des cartes, toilées, évidemment. Mais à quoi bon ? Elles suivent la ligne directive engagée depuis le début.

Un sans faute et des idées qui donnent une réelle envie de voir si le jeu en lui-même est à la hauteur de l'habillage dans lequel il se présente.

Règles

12 pages composent le livret de règles. 12 pages, ça peut surprendre tant le jeu est simple et ne regorge pas de mécanismes alambiqués.

C'est peut-être cette raison qui donnera l'impression de jouer à un jeu certes nouveau mais n'apportant pas tant de variétés à ce qui se trouve dans le paysage ludique.

Entre ses illustrations, exemples, précisions (pouvant faire office d'aide de jeu) et le découpage qui nous est proposé, la lecture est un pur régal.

Deux petites imprécisions cependant: certains joueurs pourraient commettre l'erreur de défausser leurs cartes sous la plaquette de corruption, d'autres de ne pas prendre de jeton évènement en ajoutant des cartes à une de ses piles marchandises: un léger manque d'explication sur ces deux points.

Une partie se joue en trois manches, sauf accident (un joueur réussissant à avoir 100pts dès la fin du second tour). Chaque joueur va débuter la partie avec deux cartes parmi un lot préétabli.

Puis on va proposer plusieurs lots de 9 cartes. Durant son tour un joueur peut prendre une des quatre premières cartes parmi celles restantes (qui ne sont réapprovisionnées qu'une fois toutes disparues). Seul hic, toute carte "dépassée" et non prise termine sous la plaquette corruption du joueur (ex: si un joueur prend la quatrième carte de la rangée, les trois premières vont sous sa plaquette). Et à la fin de la manche, quand toutes les cartes on été ainsi distribuées, le joueur possédant le plus de cartes sous sa plaquette verra une sanction en points de victoire.

Un joueur peut décider de ne pas prendre de carte et de jouer à la place des cartes depuis sa main. Elles doivent être du même type de marchandises et être au minimum trois.

A quoi servent-elles ? A la fin de chaque manche, on compte pour chaque type le nombre de cartes qui y figure et on le multiplie par le nombre de scarabées qui y sont illustrés: on gagne autant de points. Des cartes joker peuvent s'ajouter à n'importe quel type de marchandise mais ne comporte jamais de scarabée. D'autres cartes, des personnages, peuvent être jouées en remplacement de cartes marchandises ou pour leur pouvoir, depuis votre main, votre tour se limitant alors à cette action.

Certaines permettent de faire varier les corruptions. Tout comme certains des jetons évènement.

Ah, les jetons évènement, vous ne savez pas de quoi il s'agit ?

Sur les 12 (mais vous le saviez déjà), chaque manche en comportera 5. Pour bénéficier de leurs capacités, il faudra poser vos fameuses cartes. Alors ? vous préférez poser de petits lots et en bénéficier ou tenter des lots plus importants pour poser moins souvent et obtenir plus de cartes, mais au risque que tous les jetons, ou du moins les plus intéressants, aillent dans la bourse de vos adversaires ?

C'est simple mais ça permet de l'interaction et des parties sympathiques.

Et sur le long terme, demanderez-vous ?

Durée de vie

Bon, des parties, on en a fait. Mais de là à être catégorique sur la valeur du jeu sur le long terme...

Comme précisé, le jeu n'est pas compliqué et la mise en place n'est pas bien longue. Si on ne peut pas parler de stratégies complexes, on peut jouer de plusieurs façons différentes et les parties proposent des saveurs différentes selon le nombre de joueurs attablés.

Préférez-vous ennuyer ou faire votre bonhomme de chemin ? Êtes-vous adepte du minimum de corruption ou préférez-vous maximisez vos points et pouvoir choisir de raccourcir les manches en ne comptant même pas le nombre de cartes présentes sous votre plaquette corruption ?

Pour une durée de partie si légère et un tel format de boîte, on a quand même assez de variété pour s'amuser un moment, surtout que le jeu est du genre à vouloir demander la revanche.

Et puis, allez savoir: si beaucoup craquent, peut-être que de nouveaux personnages à effet viendront prêter main forte à la construction du temple de Sobek...

Avis de la rédaction

avatar
Sobek est un jeu très agréable à pratiquer et qui peut se jouer de façon familiale ou un peu plus agressive. De la même façon, plus on est de fou, et plus on rit, vu que le jeu semble légèrement plus difficile à contrôler. Encore un jeu de collectes de ressources et de "familles" à assembler diront certains. Oui, mais l'édition est magnifique et le jeu a un petit goût de reviens-y sympathique. Et même si les jeux de ce format retrouvent un regain d'intérêt, on ne peut que saluer la qualité ludique des dernières productions du genre, dont Sobek fait bien partie. Configuration préférée : 3 joueurs.
Réagir à cet article

Il y a 6 commentaires

jedisjeux
By Serval | 24 oct. 2010 à 09:22

Pour Mr Limp qui à testé ce jeu...

Je suis dans l'expectative...

Peut il me dire à quel autre jeu on peut le comparer ?

Merci 8)

jedisjeux
By limp | 24 oct. 2010 à 17:36

Difficile de donner un autre titre comparable.

Je pourrais dire "Samarande", mais ça reste quand même bien éloigné.

Cela dit, dans les deux jeux on essaie de gérer selon les cartes qu'on voit dans la file et le format est le même (tient, l'auteur également).

Les règles sont plus épurées à Sobek et vont à l'essentiel.

On peut aussi le comparer à Jaipur pour le ressenti ludique (Jaipur est encore plus "pur"). Il y a du hasard, mais on peut réussir à gérer tout ça et ça reste bien fun.

A la limite, à toi de me donner des titres et je pourrais faire une comparaison.

Sobek n'apporte pas réellement quelque chose de nouveau mais pour autant, il n'est pas facile de le comparer à un autre jeu...

jedisjeux
By loic_425 | 24 oct. 2010 à 20:42

le jeu qui me vient à l'esprit pour la comparaison, c'est "les cités perdues".

jedisjeux
By Serval | 25 oct. 2010 à 22:19

Justement, j'ai déjà essayé Jaipur et LC sans vraiment ressentir un grand plaisir.

Je ne suis peut être pas fait pour ce jeu après tout, d'où ma difficulté de trouver un titre qui pourrait approché mais ta critique avait titillé ma curiosité.

jedisjeux
By limp | 25 oct. 2010 à 22:33

Le jeu est quand même plus fun que ces deux là et peut se jouer à plus.

D'ailleurs, je pense le sortit surtout à 3 joueurs, pour tout dire...

jedisjeux
By melimelo27 | 26 oct. 2010 à 00:21

Justement, j'ai déjà essayé Jaipur et LC sans vraiment ressentir un grand plaisir.

Je ne suis peut être pas fait pour ce jeu après tout, d'où ma difficulté de trouver un titre qui pourrait approché mais ta critique avait titillé ma curiosité.[/quote:1nhwkzjs]

[quote="limp":1nhwkzjs]Le jeu est quand même plus fun que ces deux là et peut se jouer à plus.

D'ailleurs, je pense le sortit surtout à 3 joueurs, pour tout dire...

- Serval

Je suis d'accord avec Limp, pas vraiment de rapport avec LC et Jaipur !!!

Mais te fait pas de souci Serval, tu pourras le tester dès ce week end pour te faire une idée ... mais tu vas aimer j'en suis sûre !!! c'est un très bon jeu Sobek !

Moi je pense qu'on ne peut pas vraiment le comparer ...