Critique de Water Lily

Ça vous dirait de vous marier avec une princesse dont tout l'Hexagone trouve les cuisses savoureuses ?

Dont on ne dit qu'elle ne pense nuit et jour qu'à sauter ?

C'est ce que vous propose le jeu "Water Lily", conseillé à partir de l'âge de 7 ans.

Comment ça, il faut changer l'intro ? Bon... Ça vous dirait un jeu dans lequel on n'arrête pas de sauter les uns sur les autres et à la fin on glisse les uns collés aux autres, cachés sous l'étang ?

C'est qu'à présenter ainsi, on ne sait plus si le jeu s'adresse à des enfants ou des adultes...

Matériel

Gameworks nous sort ici une grande boîte au format carré bien sympa visuellement et répondant aux standards habituels. Pas de faute de goût, elle annonce tout ce qu'il faut sans noyer le joueur dans la surabondance de détails inutiles... pour une entrée en matière.

A l'intérieur, le matériel ne grouille pas. Mais pourquoi donc une si grande boîte alors ?

Tout simplement parce que la boîte et le couvercle sont des éléments du décor et permettent de nous offrir un beau plateau aux dimensions appréciables et tout en 3D (peu de jeux utilisent ce stratagème. Parmi eux : Cléopâtre et la société des architectes, Victor et le château aux 1000 miroirs et Niagara).

Énumérons donc le reste des composants, la règle ne s'en chargeant pas, elle (dommage). On a donc deux caches servant à recouvrir les deux moitiés de boîtes, 20 pions "grenouilles", un sac en tissu vert illustré d'un batracien, dans lequel seront glissées les 5 tuiles correspondantes aux 5 couleurs des pions grenouilles. L'intérieur de la boîte propose un compartiment dans lequel glisseront en fin de parcours, durant la partie, ces pions grenouilles finalement bien sollicités. Nommé "étang", ce compartiment est composé de 5 colonnes, qui ne seront pas visibles durant le jeu.

Du beau matériel, bien mis en avant. En faible quantité, il permettra aux enfants de s'en sortir entre eux, même si un adulte devra aider lors des quelques premières parties pour ce qui est de la mise en place initiale du jeu. Ensuite, c'est du solide, du beau, sans être tape-à-l'œil: les grands apprécieront tout autant que les plus jeunes.

Règles

Quatre pages. Pas une de plus. Et encore, deux d'entre elles font office de couverture et de quatrième de couverture. C'est donc sur les deux pages intérieures que se posent les règles du jeu. Ces dernières sont très aérées et mettent en avant des photos illustrant leurs explications.

On aura donc aucune difficulté à les assimiler.

Et pourtant, paradoxe... les règles, c'est pas pour les fillettes !

Pour commencer, elles ne présentent pas le matériel, et généralement, on commence par là. Même si ce dernier est vite vérifié, cela aurait permis de donner un nom à chaque partie le constituant et faciliter la prise en main du livret pour un enfant. Papa ou maman devront être là pour aider à donner naissance correctement à nos petites grenouilles. Le placement initial et la visibilité de la fin de la partie obligeront peut être bien à rester prêt de nos néo-joueurs. Quoi que (non, ceci n'est pas un coassement), à les voir jouer, on se rendra compte de l'intérêt que le jeu peut avoir même pour les plus grands... et là c'est parti !

C'est parti, car c'est d'une course qu'il s'agit. Mais une course bien tactique car si les grenouilles doivent passer la ligne d'arrivée, elles doivent le faire au bon moment.

Et la chose n'est pas si facile, car comme expliqué plus tôt, les grenouilles glissent sous le plateau dans une des 5 rangées du plateau. Et il faudra se souvenir combien sont déjà passées par telle ou telle rangée, car pour chaque rangée, la première grenouille rapporte 1 point, la suivante 2 et ainsi de suite. Simple ? Mais si je vous ajoute que les grenouilles arrivées au delà de la quatrième place ne rapportent pas un point (ça leur apprendra d'arriver têtard ndlr: nous n'avons pas eu le temps de censurer ce jeu de mot déplorable... ni les autres ?)

Et ce n'est pas fini: chaque joueur possède une couleur secrète, à l'instar de "La course des tortues" (dont l'age conseillé était bien plus surréaliste qu'ici). Autre point commun: un jeu de course, dans lequel les animaux ont tendance à s'empiler les uns sur les autres. Mais ici, les grenouilles sont plus malignes que nos tortues, qui en se déplaçant, prenaient avec elles toutes celles s'étant posées dessus.

Dans Water Lily, c'est même plutôt le contraire: seule la grenouille en haut d'une pile peut se déplacer et ce d'autant de cases maximum que le nombre de grenouilles comprises dans la pile (limitée à 4 grenouilles). Du coup, ça crapahute sur les nénuphars.

C'est rapide et vite assimilé, ça demande chance, tactique, mémoire et bluff. Ces grenouilles-là auraient presque la palme pour ce qui est de ce chapitre de leur vivisection si l'on n'avait pas relevé, ça et là, de petits parasites qui ne nuisent pas au jeu, mais le rendent plus ardu aux plus jeunes.

Durée de vie

Pas de lancé de dés, pas de carte: ce jeu familial ne croule pas sous le poids d'un hasard frétillant. Rassurez-vous quand même: on est loin d'un jeu d'échecs également. Sous cet aspect froid se cache d'ailleurs un jeu fun. Le côté memory mixé à celui du bluff n'y est pas innocent.

Pas de changement de début de partie non plus, mais du guess qui fait du bien et surtout, l'envie d'y revenir, la durée des parties y permettant.

On essaiera plusieurs tactiques, ce qui démontrera que sous l'étang se cache un océan de possibilités (ou pas mal de finesse, tout du moins).

Le nombre de joueurs participants et l'âge de ces derniers sont autant de critères souriant à la rejouabilité car chacun assurera la diversité des parties, des ressentis lors de celles-ci.

Sur une règle si simple, des parties si rapides et sur un jeu tout de même si facile d'accès (on espère ne pas avoir découragé ceux qui souhaitaient l'offrir à des enfants), on a un bilan bien positif. Peut être parce que ce jeu, même s'il ne permet pas un contrôle absolu, flirte avec les frontières de la famille des jeux abstraits...

Le conseil de Jedisjeux

Quelle tactique emploierez-vous ? Mettre rapidement toutes vos tortues dans l'étang pour clore vite la partie et essayer de voler cette dernière ?

Essayer de mettre une couleur rapidement dans l'étang et de placer vos grenouilles sur de gros points ?

Tenterez-vous de devinez ce que joue l'adversaire pour contrecarrer ses plans ?

Déplacer lors de son premier coup la grenouille de la pile où votre grenouille se trouve en dernière place est toujours une bonne idée. Mais le faire peut être considéré comme un aveu, et se dévoiler très tôt peut avoir des effets désastreux.

Un autre point peut consister à n'essayer de mémoriser que les 3 colonnes centrales et d'y amener ses grenouilles. En faisant ainsi, on peut essayer de mettre celles des adversaires sur les côtés, car généralement, ils finissent avec moins d'arrivants.

Mais le meilleur conseil sera de bien évidemment s'adapter à la physionomie de la partie.

Ah si, petite précision: la boîte annonce le jeu jusqu'à 4 joueurs mais on peut y jouer jusqu'à 5. Chaque joueur aura alors sa couleur de grenouille. A vous de voir si vous aimez cette configuration. Et puis, à plus de deux joueurs, jouer en plusieurs manches peut amener encore plus d'intérêt à la partie "guess" du jeu...

Avis de la rédaction

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Si j'ai cité précédemment "La course des tortues", c'est bien pour flatter Water Lily, qui est tout autant réussi. Et pourtant, les jeux de parcours sont si nombreux qu'il est parfois difficile de sortir la tête de l'eau: sortir du lot. Au passage je précise que les deux jeux ne se chassent pas l'un l'autre et que chacun aura sa place dans votre jardin ludique. Water Lily est beau, simple, rapide, intéressant et différent selon l'age et le nombre de joueurs (même s'il semble juste de laisser les plus jeunes y jouer entre eux sans maitre-nageur): pourquoi s'en priver ?
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