Le festival des jeux de Montpellier, 3ième du nom, vient de se terminer. Il s'est déroulé cette année dans la nouvelle mairie ouverte depuis peu, et pour la première fois, il a duré 2 jours. Durant le festival, des auteurs sont venus nous faire essayer leurs créations encore en gestation certes, mais non loin de la version finale. Et c'est ainsi que j'ai eu le plaisir de jouer sur un prototype qui devrait bientôt être édité chez Ystari, "Anterpryse", nom qui n'est peut-être pas définitif.

(EDIT juillet 2012 : En effet, le jeu s'appelera finalement "Myrmes"...cherchez pas, demandez plutôt à Achille).

Et je vous vois déjà frétiller...

Des fourmis à la conquête du monde...

...Mais pas la peine d'inonder de mails la boîte de Karis : il faudra quand même attendre le prochain Essen pour voir ce jeu arriver sur nos étals. Son auteur, monsieur Yoann Levet (pacific23 pour les intimes) est donc venu nous voir pour le festival avec son prototype sous le bras.

C'est durant le "Off" à la Baraka-jeux, haut lieu ludique montpelliérain, que je me suis retrouvé assis à la table de Myrmes, en compagnie de monsieur Unkle et monsieur Bart.

Le 4ième joueur de cette partie était un autre auteur, monsieur Loïc Lamy, qui nous fera essayer plus tard un proto d'extension pour Deadwood. Parmi les spectateurs, monsieur Bloodyraoul, particulièrement attentif, et monsieur Brougnouf qui avait essayé le prototype pendant la journée.

Des fourmis, un terrain à explorer en laissant des phéromones derrière soi, des récoltes à effectuer (pierre, terre, nourriture), des insectes à combattre et à transformer en casse-croutes, des saisons qui défilent, des actions à programmer, un combat pour s'aménager un espace vital et gêner les autres, un hiver qui demande beaucoup de nourritures, des livraisons pour remplir des "contrats", plus thématiquement des exigences de la Reine, etc, etc... et des points à marquer, but ultime de tout cela. Oui, vaste programme comme disait l'autre, mais c'est bien connu, la vie de fourmi n'est pas une sinécure.

Après les explications des règles, je me suis donc retrouvé devant mon plateau individuel en me demandant "Wahou ! Et maintenant, par où commencer ?"

En fait, sur le plateau principal, vous avez une sortie de galerie, symbolisée par un pion à votre couleur : à vous d'envoyer vos fourmis à l'aventure dans ce vaste monde. Bon, les fourmis de Myrmes ont pour l'instant une vague ressemblance avec les gobelins de Dungeon lords, mais c'est un prototype, ne l'oubliez pas. Sur votre plateau individuel, vous disposez de différentes cases qui servent à programmer des actions... et croyez moi, les choix ne sont pas simples.

Une guerre pour les territoires

Quand vous explorez une portion de territoire, vous posez derrière vous des petites tuiles de tailles variables : vous marquez votre territoire avec des phéromones, tout en bloquant le terrain pour les autres fourmilières. On peut même créer des élevages de pucerons (et la bière de puceron, c‘est un régal, toutes les fourmis savent cela). Régulièrement, il faudra faire naître de nouvelles fourmis... ben oui, en partant en exploration, elles ont tendance à ne pas revenir. Plus vous avez de fourmis, et plus vous pouvez agir, vous vous en doutez. Mais votre force de programmation peut être assez variable, et dépendra du nombre de "nourrices" qui servent à programmer les actions. A noter qu'elles servent aussi à marquer des points sur les contrats : quand vous installez un cube-nourrice, vous perdez une action de programmation... il faut donc "produire" aussi des nourrices.

Il faudra également faire apparaître des soldats, utiles pour attaquer les insectes présents un peu partout (et font réaliser des économies de nourriture pour l'hiver), ou encore des larves. Ces dernières ont notamment une utilité très spéciale...

Sa Majesté la Reine récompense les plus travailleurs...

Une des idées brillantes du jeu est de proposer, d'une manière aléatoire, une caractéristique pour les 3 premières saisons (la 4ième l'hiver, on nourrit). Par exemple un bonus de récolte, de naissances, de points victoire, etc... Or, vous pouvez modifier cette caractéristique (mais uniquement pour vous, sur votre plateau individuel) grâce aux larves.

Si on ne s'attaque pas directement, on peut en revanche poser de gros problèmes d'espace aux autres fourmilières. Il y a là une dimension qui rappelle un peu Antiquity finalement, jeu que l'ami Palferso résume souvent de la manière suivante :

"Antiquity ? C'est simple ! Tu plantes, et tu récoltes..." ; Oui, Palf possède l'art de la synthèse. Néanmoins, la ressemblance entre les deux jeux s'arrête là. Myrmes présente de nombreuses facettes qui en font un jeu original au thème très sympa et plutôt bien rendu... oui, car le thème n'est pas enterré par les aspects "techniques", et c'est à souligner.

Parmi les différents éléments du jeu, il y en a un qui m'a particulièrement séduit : Les exigences de Sa Majesté la Reine des fourmis. Six "contrats" sont proposés, qui demandent différents éléments pour être remplis. Or, le premier à réaliser un contrat pourra bénéficier de nouveaux points, offerts par les autres, quand ils viendront à leur tour réaliser ce même contrat. Il est donc préférable de "dégainer" le premier, en sachant évidemment que les joueurs vont peut-être un peu rechigner à venir faire le même contrat désormais, mais ce sont les risques du métier.

Cela dit, si vous vous posez en second, vous donnerez des points au premier arrivé, certes, mais vous recevrez aussi des points si un troisième joueur vient à se poser sur le contrat en question. Il y a un petit effet cascade quoi.

Tout cela induit un certain investissement et aussi le choix d'un bon timing. Vous pouvez aussi faire évoluer votre fourmilière, ce qui augmente la taille des tuiles phéromones que vous poserez (et certaines tuiles donnent des points), mais aussi la taille de votre dépôt... celui là, c'est un soucis, car il vous arrivera de devoir jeter un peu de votre récolte si votre dépôt n'est pas assez grand.

Le passage délicat de l'hiver...

Concernant notre partie proprement dite, je vais effectuer un début honnête, en me constituant un bon territoire et en capturant quelques insectes redoutables. Et puis Patatrac ! Le second hiver me fut fatal, je ne suis pas parvenu à fournir suffisamment de nourriture pour ma colonie. 9 points de perdus ! Et ben ça va me faire mal hein... non pas que j'aurais pu prétendre à la victoire finale, messieurs Unkle et Loïc ayant pris une bonne avance, mais au moins, j'aurais pu finir devant monsieur Bart.

Mais peu importe, cette partie fut vraiment intéressante, et le jeu promet beaucoup. Je ne vais pas vous révéler tous ses aspects, tant tout cela est assez riche, et puis le jeu est encore en réglages (la ligne Yoan, la ligne... :-P et peut-être aussi la répartition de certains points sur les demandes royales ou encore une sanction plus sévère pour les affameurs...sur ce point précis, j'y suis plutôt hostile pour des raisons de souplesse tactique).

Parlons édition...

J'ai l'impression quand même qu'à 90%, le jeu est abouti. Une critique sur un point du jeu ? Ben, je voudrais bien, mais en dehors du fait que j'ai le mauvais souvenir d'une dizaine de piqures de fourmis rouges quand j'étais petit, je vois pas trop... j'ai vraiment apprécié ce jeu, je ne peux pas vous dire mieux. Son nom me fait d'abord penser à Star Trek, mais bon, c'est pas un défaut non plus, et puis il n'y a que les anciens comme moi pour penser à ça (Edit : évidemment, avec Myrmes, ma blague tombe à l'eau maintenant...)

Reste plus maintenant qu'au gentil éditeur d'habiller agréablement Myrmes. Question design et graphique, si vous trouvez tout cela un peu spartiate, je vous rassure tout de suite : cette version sert uniquement pour les tests... c'est un proto quoi, rien à voir évidemment avec la future version définitive. Mais si la misérable larve (de fourmi) que je suis pouvait formuler un souhait, je verrais bien des jolies tuiles cartonnées, des petites figurines de fourmis (pourquoi pas ?), des petites buttes en forme de fourmilière, des insectes, des petites araignées (heu... pas des vraies hein), des crickets, tout ça... ce serait pas mal hein ?... voilà quoi... (dit-il, l'air de rien, en espérant inspirer QUI vous imaginez)...

En conclusion

Myrmes a convaincu pas mal de gens durant le festival, et des joueurs plutôt exigeants en plus. J'espère que nous aurons comme prévu le plaisir en fin d'année de pouvoir y jouer dans sa version définitive.