The Boss est un jeu signé Alain Ollier (Huuue!, Garçon, Leader 1) ayant pour thème la Mafia, à l'époque de la prohibition.

En jouant au jeu, on se rend compte que la mécanique, emplie de prise de risque, de gestion, de bluff, de majorité et d'informations délivrées petit à petit, colle parfaitement à la thématique.

Mais si on vous disait qu'à la base, plutôt que de risquer de recueillir une balle perdue on partait à la cueillette de champignons ?

Et en plus, ça fonctionnait bien aussi, cette thématique.

Explication des pourquoi (oui il y en a plusieurs) et des comment...

La cueillette des champignons

Au départ, Alain travaillait sur un jeu de champignons (parce qu'il adore aller aux champignons et en trouve plein!!!).

Le point de départ pour "Amanites" était le fait de déclencher la recherche chez les joueurs => une carte face cachée à découvrir qui était ce qu'il y avait dans un bois.

Alain nous raconte qu'il se dit toujours que pour créer un jeu il faut déterminer ce qu'est la substance du thème: pour Garçon, par exemple, il s'agissait de la mémorisation des commandes pour un garçon de café, pour Huuue, il partait du principe que tout parieur avait des infos (tuyaux) mais ne maîtriserait jamais une course. Pour Leader1, comme un cycliste, avoir l'obsession de gérer constamment son énergie, et donc, pour la cueillette des champignons, chercher le bon coin...

Il y a toujours une idée "centrale", qu'il faut mettre en haut de sa page et ne pas en dévier; toutes les règles doivent être en cohérence avec cette idée...

Trop "gamer" pour son public

Après, des mécaniques arrivent (présence des ramasseurs de champignons, tour de jeu, Le connaisseur qui peut m'indiquer des bons coins...)

Lorsque le jeu "Amanites" a été avancé, les mécaniques mises en place apportaient un jeu un peu "gamer" et le thème gentillet des champignons se trouvait décalé.

Le jeu ayant évolué pendant un an, cette impression s'est confirmée, affirmée avec le temps et le jeu est devenu petit à petit un jeu pour "gamer".

Le thème semblait alors trop "gentil" par rapport aux mécanismes mis en place.

Au festival de Toulouse Bruno Cathala avait d'ailleurs signalé à Alain que le jeu pouvait faire des bons nœuds dans la tête et qu'un tel jeu pour joueur ne pouvait conserver le thème des champignons.

Il fallait donc ranger les champignons dans leur boîte...

L'évolution de la thématique

Il fallait donc chercher un nouveau thème, plus adapté et après beaucoup d'essais et de réflexions celui des gangsters a fini par s'imposer : les mécanismes correspondaient, la thématique était plus "gros joueurs". Et puis, peut-être allions-nous enterrer des trucs dans les bois ! ;)

Non, restons sérieux. Le thème des gangsters a d'ailleurs apporté sa touche personnelle, entrainant la modification de certains points de règles (interdit de séjour par exemple). Mais comme vous pouvez le voir (les règles de la version finale se trouvent ici) avec cette illustration, la plupart des idées étaient déjà là.

Il aura tout de même fallu une année supplémentaire pour finir le jeu "The Boss", car un thème amène son lot de réajustements voire de modifications (apparition du boss, passage du jeu de plateau au jeu de cartes, apparition de "sanctions" différentes -comme évoqué tout à l'heure-, modification de la fin de partie)...

Mais finalement l'idée première est toujours là: il faut trouver les bons endroits, les villes ayant remplacé les bois.

Les illustrations

Pour les illustrations, tant que le jeu est à l'état de prototype, Alain prend des dessins sur internet. Dans Amanites, il avait besoin d'un garde champêtre et il trouvait que cette photo était adaptée et marrante. certains d'entre vous y auront reconnu Galabru dans un de ses rôles phares.

L'illustrateur de la version finale n'aura pas "croqué" de visage connu pour sa part, même si son "Tony" fair tout de même penser à Marlon Brando...

Une petite anecdote concernant les illustrations des cartes finales: Ludofact, fabricant allemand très rigoureux, a demandé à 48 heures de la date butoir de refaire sur les faces des cartes les bordures, qui n'étaient pas de la même couleur...

Et qui dit date butoir, dit surcoût si celle-ci est dépassée !

Il a fallu qu'auteur et graphiste (Tony Rochon) refaissent en toute urgence la totalité des cartes, en recentrant les bordures de couleur, ce qui explique le design des faces des cartes.

Voilà comment 2 journées de travail et une nuit blanche permettent d'économiser une somme non négligeable !

Après un an et demi de réflexions et de tests pour finir de régler le jeu (qui a remporté le prix du public à Parthenay et a fini finaliste à Granollers en Espagne sous le nom de "Amanites"), la parution devenait enfin envisageable et le jeu pouvait paraître pour le salon d'Essen.

De là à penser que le thème des champignons est totalement enterré, ce ne serait que mal connaître l'auteur: Alain compte toujours nous cuisiner un bon jeu familial sur ce thème sortant si bien de l'ordinaire: affaire à suivre...