Just played : Longhorn

Cet article n'est pas un essai complet du jeu ou un avis éclairé après moult parties, il représente juste une description des sensations ressenties après une partie découverte d'un jeu.

C'est un complément à la présentation du jeu, en attendant un test plus complet.

Première impression :

Le matériel est de qualité (je regrette juste les pions effets double face qui ne facilitent pas le tirage aléatoire de ceux-ci, mais ce n'est qu'un détail insignifiant), les graphismes de toute beauté (merci Monsieur Vincent Dutrait) et le jeu s'explique en 2 minutes : nous sommes des hors-la-loi et notre but est d'être le plus riche en fin de partie grâce au vol du bétail.

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Première subtilité : une vache rapporte autant de centaine de dollars que de vaches encore présentes sur le plateau de jeu à la fin de la partie. Donc une variété de vache (couleur) qui aurait été entièrement volée ne rapportera rien. En revanche 2 vaches seulement volées et c'est 700$ chaque vache (il y en a 9 de chaque sorte).

Meuh meuh font les vaches

Meuh meuh font les vaches

Autre point positif participant à la rejouabilité : le plateau est constitué de 9 tuiles qui sont disposées aléatoirement en début de partie.

La configuration change donc à chaque partie.

Rajoutons à cela 18 pions effets dont 9 sont disposés aléatoirement sur les tuiles (1 par tuile) et vous obtenez un plateau différent, aux effets différents.

Un arrière arrière petit fils de l'awelé

Pour le reste : on choisit une des races présentes sur la tuile, on vole toutes les vaches de cette couleur et on déplace le pion d'autant de tuiles (sans aller-retour et orthogonalement) que de vaches volées. C'est alors à l'autre joueur de jouer. Oui, vous avez compris, vous allez choisir sur quelle tuile jouera votre adversaire.

Si ce n'est pas un mécanisme totalement nouveau (il existe d'une certaine façon depuis l'awelé, c'est pour dire !), il est peu exploité. Il permet des coups à double détente car, le jeu avançant, le nombre de possibilités de déplacement diminue et on peut alors prévoir où pourra ensuite nous envoyer notre adversaire si on le déplace sur telle ou telle tuile.

 "Chaque soir, le soleil s'en va et chaque soir quelqu'un s'en va avec lui. Ce soir, c'est moi. "

"Chaque soir, le soleil s'en va et chaque soir quelqu'un s'en va avec lui. Ce soir, c'est moi. "

Et cet aspect a un impact immédiat sur les conditions de fin de partie. En effet, la partie se termine si un joueur a volé toutes les vaches d'une même couleur, il faudra veiller à ne pas lui en laisser l'opportunité ou s'assurer d'avoir une vache de chaque couleur.

Elle se termine aussi si un joueur ne peut plus déplacer le pion. En effet, il est interdit d'envoyer son adversaire sur une tuile vide. Et si le shérif est présent (un des jetons effets placés aléatoirement en début de partie), récupérer le shérif fait perdre la partie immédiatement : on s'est fait attrapé et emprisonné.

Mais comment récupère-t-on justement ces jetons effets ? Simplement lorsque l'on vole la dernière vache de la région (tuile). Autre paramètre à donc prendre en compte lorsqu'on réfléchit où envoyer son adversaire...

On comprend donc rapidement qu'on est en face d'un jeu à deux de type abstrait mais où le thème est quand même présent de par les meeples et surtout les effets, allant du shérif en passant par le célèbre élixir shake oil, le non moins célèbre serpent à sonnette ou l'embuscade.

Il y en a d'autres bien sûr : les pépites qui rapportent de l'argent, l'embuscade qui permet de voler son adversaire, l'épidémie qui décime une race entière ou le marquage au fer rouge qui permet de s'approprier des vaches de régions voisines. Et on reconnait alors bien la patte de l'auteur Bruno Cathala, avec un jeu à deux rapide mais permettant quelques coups d'enfoirés bien malins et méchants.

Impression après quelques tours de jeu :

Le jeu est fluide mais peut s'avérer finalement très calculatoire. Le shérif en est la principale cause : dès que la tuile ne comporte plus que deux couleurs, il devient dangereux d'y envoyer son adversaire qui pourrait vous forcer par un déplacement judicieusement choisi à vous y renvoyer et vous faire donc capturer.

Plus la partie avance, plus on se sent obligé de vérifier cette possibilité 2, puis 3 coups en avance. Il faudra que j'essaye sans le shérif. Car cet aspect calculatoire a largement augmenté notre temps de jeu et nous avons dépassé le 1/4h.

Sinon le jeu est très bon. On découvre aussi quelques subtilités intéressantes : le serpent à sonnette qui disperse le troupeau et oblige à replacer une vache de chaque couleur n'est pas si négatif que cela. Il peut même être positif car en replaçant des vaches, on peut voir leur valeur augmenter en fin de partie puisqu'il pourrait en rester plus (rappel : en fin de partie une vache a pour valeur en dollar 100 fois le nombre de vaches restantes).

Et surtout, on recompose le plateau de jeu en changeant la dynamique de déplacement permettant éventuellement de transformer une position désavantageuse en position avantageuse.

Le marquage des bêtes est aussi un effet intéressant car en prélevant des vaches sur les tuiles adjacentes, on peut également modifier les déplacements. Et petit à petit, on découvre que ce jeu est bien plus malin et méchant qu'il n'y paraissait de prime abord. On se fait piéger, on piège, il y a des rebondissements. Un bon jeu à deux dont Bruno a le secret.

Et finalement ?

Un excellent jeu dans le style. D'ailleurs nous avons enchainé trois parties avec une revanche et une belle. Mais attention, il est plus calculatoire qu'il ne semble paraître et si vous jouez avec des pros des échecs qui aiment explorer l'éventail de toutes les possibilités, vous risquez de voir le temps de jeu s'allonger. Mais vous garderez quelques chances car le chaos introduit par certains effets, notamment ceux changeant la configuration des vaches présentes, empêchera à ces joueurs de tout calculer, voire pourra les plonger dans des affres de perplexité si vous arrivez à transformer le plateau de jeu à votre avantage, déstabilisant leur plan si bien établi.

Je suis content de ce cadeau et il ressortira certainement régulièrement pour des parties à deux. J'éviterai juste les joueurs d'échec ou alors je les ferai jouer ensemble ;)

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Il y a 5 commentaires

jedisjeux
By bgarz | 9 janv. 2014 à 17:59

Un jeu à 2 excellent et rapide comme sait les faire Bruno CATHALA.

Pour les rois des échecs, il suffira de sortir le cube chrono :)

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By limp | 9 janv. 2014 à 19:57

Du même auteur et sur la même mécanique, il y a Kamon qui est mon jeu préféré de l'éditeur (mais je n'ai pas essayé Longhorn). Cathala a aussi fait Okiya. A l'instar de Knizia, il recycle à fond ses mécanismes ces derniers temps...

Mana fonctionne un peu avec ce même mécanisme ainsi que Kamisado, de Gigamic.

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By kevetoile | 10 janv. 2014 à 09:51

Merci Limp, je savais que j'avais déjà pratiqué la mécanique, mais c'est toi qui m'a permis d'identifier dans quel jeu.

Mana (très bon jeu abstrait également).

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By eolean | 10 janv. 2014 à 13:27

Merci Cormyr, Je me demandais justement de quoi il retournait de ce jeu.

Ce n'est pas trop ma tasse de thé mais si j'ai l'occasion, j'essayerai quand même ;)

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By Arthelius | 10 janv. 2014 à 17:07

Je l'ai commandé dès sa sortie et je dois dire que je n'ai pas été déçu, un excellent jeu à 2, très calculatoire, mais pas dénué de rejouabilité et d'inattendu avec ses plateaux interchangeables et ses tuiles.

M. Cathala m'a vraiment épaté, et j'ai été séduit.