Critique de Pergamon

Les fouilles archéologiques, en voilà un grand thème!

Et pourtant, mis à part la série des Tikal qui l'évoque légèrement, seuls Mykérinos en 2006 et Thèbes l'année suivante, proposaient vraiment de découvrir des trésors enfouis et de les porter aux musées.

Les deux jeux ayant pris l'Egypte pour décor, Pergamon se démarque d'eux en utilisant cette même idée d'antiquités à découvrir et à présenter dans des musées mais en axant plus sa thématique du côté ... de l'antiquité, justement.

Peu de jeux présents sur une thématique permettant pourtant de belles escapades ludiques : un atout pour Pergamon. A t-il su profiter au mieux de ce premier avantage ?

Creusons la question ensemble...

Matériel

Pergamon se présente sous la forme d'une boîte rectangulaire de taille moyenne et à l'illustration de couverture sobre. Le dos de la boîte est lui plus coloré. Probablement est-ce du à la photo mettant en avant le matériel du jeu, qui y est également énuméré. On y trouve aussi la mise en avant du thème du jeu et toutes les informations nécessaires aux joueurs pour bien cibler le produit. Celles "de base" se retrouvent également sur la tranche de la boîte.

Le nom de l'illustrateur n'est précisé que sur ce quatrième de couverture, bien réalisé. Il est dommage qu'il n'apparaisse pas sur le couvercle du jeu : ça n'arrive encore que bien rarement sur les jeux de société (en littérature aussi, me direz-vous...).

A l'ouverture, on découvre enfin le matériel du jeu, qui nous avait été préalablement présenté.

Et que dire ?

Quand on voit le prix du jeu, on est étonné d'un contenu si riche et si qualitatif. On a donc un plateau de jeu qui se déplie en trois pans, chacun représentant une partie du jeu et pouvant être considéré comme un plateau indépendant. Sous le livret de règle, et une fois la partie "dépunchage" (très agréable, du fait de la qualité du carton) terminée, on remarque qu'un carton souple solide et joliment décoré permet de séparer le matériel en deux compartiments.

Si vous n'utilisez pas de sachets zip, il vous faudra prendre un peu plus de temps pour la mise ne place, car diviser ces mêmes compartiments en deux aurait été un bel avantage.

Mais entre les nombreuses pièces, les tickets d'entrée au musée, les tuiles de découvertes et les pions et marqueurs attribués à chaque joueur, on peut dire qu'on ne manque de rien!

Et encore, ce n'est pas tout, puisque des cartes viennent compléter l'arsenal, avec, parmi elles, des aides de jeu.

Un quasi sans faute point de vue matériel. On regrettera juste que la partie "calendrier" du plateau de jeu manque de visibilité une fois les tuiles posées et que le rendu, sur la table, soit joli sans pour autant emporter l'adhésion : on est quand même sensé voir de belles oeuvres datant de plusieurs siècles et entreposées dans un prestigieux musée.

Règles

Les règles du jeu sont présentées en un livret de huit pages, bien expliqué et illustré. Très aéré, il est facile d'accès. L'assimilation se fait donc aisément, et ce d'autant plus que les phases de jeu de succèdent les unes aux autres, sans renvoi vers un point de règle antérieur ou à venir.

La première page énumère le matériel mis à disposition et nous fait un petit descriptif thématisé de ce qui nous attend. Vient ensuite la mise en place et la préparation du jeu, le tout prenant une nouvelle page et étant numéroté étape par étape, chaque type de matériel nommé étant également représenté : aucune difficulté pour cette partie là.

Ne restent donc au final que quatre pages de règles, les deux dernières n'étant qu'une petite adaptation à pratiquer pour pouvoir jouer à deux joueurs et quelques micro-variantes et conseils juste avant les crédits, qui pour une fois sont réduits à leur minimum.

Pas de récapitulatif des mécanismes dans cette règle, mais comme précisé, cette dernière étant claire, on retrouve facilement la précision qu'il nous faudrait (en ce qui nous concerne, nous n'avons pas eu besoin de retourner aux règles durant nos premières parties).

Tant mieux d'ailleurs, car les fameuses cartes d'aides de jeu ne donnent que quelques rappels, préférant ne pas comporter de texte, ne sont pas si explicites que ça. Comme on en a pas vraiment besoin, ce n'est pas bien grave au final, surtout que le plateau de jeu, les tuiles et les cartes rappellent à eux seuls la quasi totalité des règles : un vrai plus!

Pour ce qui est du jeu lui-même, c'est assez simple : d'abord, le premier joueur change à chaque tour, de façon la plus traditionnelle qu'il soit (sauf avec la mini-variante qui change ça). Après avoir révélé deux cartes, les joueurs savent à peu près combien d'argent ils vont se répartir (deux cartes sont tirées et sont chacune soit de petite soit de faible valeur), mais pas exactement. Puis à tour de rôle, ils vont positionner leur pion sur une case de leur choix qui va leur permettre de récupérer des antiquités visibles sur le plateau, moyennant finances.

Plus ils posent leur pion loin, plus ils sont susceptibles de récupérer de l'argent, mais en jouant après les autres. De plus, selon l'emplacement choisi, ils pourront creuser plus ou moins profondément.

Car il y a cinq niveau de profondeur. Au début de la partie, chaque niveau possède une antiquité enfouie et une est ajoutée à chaque niveau chaque tour (avec un maximum). Les antiquités de plus forte valeur, soit les plus anciennes, sont forcément celles des niveaux les plus bas.

Une fois que chaque joueur a posé son pion, on retourne les deux cartes montrant combien d'argent est distribué. Les cartes faibles donnent entre 1 et 4 pièces et les fortes entre 4 et 8. Le joueur en ayant réclamé le moins commence le premier et prend ce qu'il voulait puis peut acheter toutes les antiquités d'un niveau au prix fixe du niveau (toutes les antiquités du niveau 1 coutent 1 pièce, qu'il y en ai 1 ou 4 !). Et ainsi de suite, jusqu'au dernier, qui ramasse les pièces restantes, parfois bien moins que ce qu'il désirait et parfois plus.

Puis les joueurs peuvent envoyer leurs antiquités au musée. Des règles limites les associations d'antiquités et des lots de meilleures valeurs font toujours baisser la valeur des lots inférieurs. Chaque entrée au musée rapporte un ticket et lors de chaque décompte, chaque valeur actuelle de chaque lot rapportera autant de tickets.

Et c'est le joueur avec le plus de tickets à l'issue des 10 tours qui l'emporte.

Pour pimenter la partie, lors de chaque décompte, le joueur ayant au musée l'antiquité la plus ancienne d'un type précis remporte des tickets bonus. De plus, au moment de mettre un lot au musée, vous pouvez dépenser des pièces, chacune ajoutant 1 à la valeur du lot.

Sachant que les pièces se font souvent rares et qu'elles peuvent permettre de conserver plus que la limite autorisée de tuiles, moyennant leur sacrifice, vous vous doutez qu'elles seront le véritable enjeu de la partie.

Si on pourra se satisfaire de la complémentarité des mécanismes et du thème, finalement assez bien rendu, on aura une impression de sécheresse, de manque d'originalité au niveau des mécanismes sans pour autant pouvoir argumenter cette sensation...

Durée de vie

Au delà de cette impression de "déjà-vu" ou de "rien de nouveau", on regrettera de ne pas ressentir de réel choix douloureux, de stratégie ou de tactique poussées. Car au final, ce jeu familial, s'il oblige une bonne lecture pour jouer au mieux, n'est pas aussi profond qu'il le laisse penser dans un premier temps.

De plus, il peut sembler très linéaire durant la partie et tout aussi peu changeant au fur et à mesure qu'on le ressort.

C'est au final son côté "facile à jouer" ou format intermédiaire, tant dans la durée de ses parties que dans son degré de complexité, qui peut plaire au plus grand nombre et lui permettre des sorties régulières sur les tables de jeux. Les mini variantes, plus que légères, pourront apporter un peu et le fait que le jeu reste intéressant dans toutes ses configurations (à peine moins à deux joueurs. A peine, nous disons) également.

La durée de vie reste donc acceptable sans pour autant être le point fort du jeu.

Avis de la rédaction

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Pergamon est bon jeu, de format intermédiaire et donc susceptible de plaire au plus grand nombre. Son thème, bien retranscrit, est un bon atout, mais ses mécanismes pourront laisser de marbre les joueurs s'étant déjà essayé à un certain nombre de jeux, et qui ne verront là rien de bien nouveau, même si ça tourne. Une saveur très légère donc, qui oblige à la prudence : oui, Pergamon est bon, mais autant s'y essayer avant de fouiller dans son porte-monnaie...
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