Monsieur Lilajax avait annoncé qu’il viendrait avec Mombassa pour cette soirée du jeudi et je me suis inscrit immédiatement à sa table, en compagnie de monsieur Bloodyraoul et d’un nouveau venu à Terraludis mais déjà adepte de jeux d'une certaine densité.

J’avais entendu parlé plutôt en bien de Mombasa, mais j’étais passé un peu à coté, l’occasion d’y jouer ne s’étant pas présentée. Avec l’arrivée d’un VF signée Gigamic, je l’avais inscrit sur ma liste des jeux à surveiller, mais je tenais à en faire une partie découverte, car d’autre commentaires avaient un peu émoussés le bon feeling que j’en avais. :|

Tout d’abord, la préparation de la partie : Il y a un peu de travail quand même, entre l’installation des comptoirs commerciaux dans les espaces de chaque compagnie, la mise en place des tuiles Livre de comptes, des cartes actions/marchandises dans les espaces adéquats, les pistes compagnie autour du plateau et la distribution de certains composants du jeu... oui il faut un peu s'organiser. On passe ensuite à l’explication des mécanismes, et là je vous préviens, il y a pas mal de règles, mais cela cache toutefois une bonne fluidité dans les tours de jeu. En fait les cartes action, les livres et quelques tuiles bonus offrent de nombreuses possibilités qu’il faut bien comprendre avant d’entamer la partie. Mais rien d’insurmontable pour des joueurs un brin aguerris. Il y a des choses à faire sur le plateau principal (contrôle de territoires, progression sur des pistes compagnies, achat de cartes, etc…) comme sur les plateaux individuels (Piste des diamants, piste des comptes). Inutile de vous dire que vous ne pourrez pas tout faire au cours des 7 manches divisées en 3 phases que compte une partie. Le matériel de jeu est classique mais tout a fait satisfaisant, tout comme les illustrations.

Le but du jeu ? Et bien la thématique repose sur l’exploitation des territoires africains par 4 grandes compagnies occidentales (sans autres précision de nationalité), basées à Mombasa, Cape Town, Saint-Louis et Le Caire, compagnies dans lesquelles vous allez investir, sachant qu'elles n'appartiendront pas à un joueur précis ; Donc vous devinez que le développement économique pour le plus grand bonheur des autochtones n’est pas l’objectif essentiel… ici, il faut faire le plus d’argent possible et c’est le plus riche qui l’emporte en fin de partie, comme au Monop… heu :oops: …comme à Imperial. xD

J'ai vraiment pensé au jeu de Mac Gerdts hier soir. Votre participation au développement des compagnies est en effet un peu dans le même esprit que celui des nations d‘Imperial : vous allez investir dans celle(s) qui vous semble(nt) pleine(s) d’avenir à un moment donné sachant que cela peu évoluer vers le haut… comme vers le bas. Donc faut pas trop s’attacher non plus à une compagnie en particulier. Une interaction directe est assez présente sur la plateau car les joueurs, en installant les comptoirs des compagnies (avec une phase d‘exploitation immédiate), se font une concurrence féroce et peuvent chasser les comptoirs des compagnies dans lesquels ils n‘ont pas ou peu d‘intérêt. Il y a une sorte de baston commercial qui n’est pas de pur forme, car il influence beaucoup les valeurs des actions. Une compagnies bien développées, c’est une compagnies avec des comptoirs un peu partout, grâce aux actions exploration.

Le moteur principal du jeu repose sur un mécanisme de programmation d’actions avec des cartes que vous avez en main. J’ai trouvé cette phase plutôt astucieuse, car elle demande aux joueurs une gestion des cartes relativement originale : Chaque joueur jouent face cachées de 3 à 5 cartes au bas de son plateau individuel, et une fois la phase d’action terminée, ils faudra alors placer les cartes jouées dans leur colonne respective, en haut du plateau dans une sorte de réserve inactive. Au préalable, chaque joueur aura pu récupérer la ou les cartes qui s’étaient accumulées dans une colonne après avoir été jouées. Ainsi, quand vous jouez des cartes, sachez que vous ne les aurez pas pour le tour suivant… et peut-être même pas avant un moment. Vous commencez avec une main de départ, mais vous pourrez faire l’acquisition d’autres cartes durant la partie.

Sur les pistes des compagnies, des livres de comptes et des diamants, l’objectif est d’avancer vos pions, afin d’acquérir notamment des actions (comprenez des parts) ou des points/sous en fin de partie… ainsi que d’autres avantages. Hier soir, j’ai essayer comme souvent pour une partie découverte de faire un peu de tout pour bien saisir les différents petits mécanismes… toutefois, si vous voulez être performant, je vous le déconseille vivement, surtout à Mombasa ! Ce fut une grosse déconvenue pour moi au décompte final mais malgré cela, j’ai été vraiment séduit par le jeu. Mombasa est riche de possibilités, et l’envie d’y revenir est assez présente après cette première partie. 8)

A la fin, vous marquez des points grâce à l'argent qui vous reste, vos parts dans les 4 compagnies (multipliées par leur valeur), les livres de comptes que vous avez parcouru avec un petit encrier (je rentre pas dans les détails hein...) et la piste des diamants.

Les avis divergent sur la question, mais je ne trouve pas, suite à cette première expérience, que le jeu soit alambiqué ou un peu trop lourd. C’est un jeu costaud certes, mais je ne vois pas pour le moment des aspects qui alourdiraient inutilement l’ensemble. Et puis de toute façon, pour me faire louper un jour comme celui de la Saint-Patrick, un jeu à intérêt à être bon, vous pouvez me croire... ;)

Cependant, si je devais chercher un point négatif, ce serait le manque de présence du thème. J’ai noté que les auteurs, en guise d’introduction, avaient pris la précaution de souligner que (je cite) « L’exploitation du continent africain et de ses peuples n’est pas explicitement présente au sein du jeu », et un peu plus haut, ils rappellent les méfaits du colonialisme européen, « chapitre particulièrement sombre de l’Histoire de l’humanité »… Bon, ça sent un peu le propos obligé pour couper court à d’éventuelles critiques déjà entendues au sujet de Puerto Rico et ses fameux « colons » , ou encore à propos de jeux moins connus comme le « Africa 1880 » de Francis Pacherie (une sorte de Diplomacy sur le continent africain) ou encore le « Heart of Africa » de Andreas Steding (qui comme Mombasa, traite uniquement l'aspect colonisation économique de l'Afrique). Curieusement, Age of Empire III et surtout Endeavor n’ont pas suscité de commentaire particulier il me semble… enfin peu importe, le thème est en retrait, il faut bien le dire. Il manque "la petite touche" façon Wallace de la grande époque qui aurait pu faire ressortir un peu plus la thématique, mais pour des raisons qu’on imagine, cela reste un peu délicat d'aborder certains aspects historiques. En tout cas les qualités ludiques de Mombasa sont bien présentes et c'est bien d'abord ce que beaucoup demandent à un jeu.

Pour finir, une petite info : je vous en dirai un peu plus bientôt mais sachez que les 16 et 17 avril 2016, ma bonne cité de Montpellier connaîtra son 7ième Festival du jeu . Mes espions placés auprès des organisateurs m’ont dit qu’il y aura une table de Mombasa à disposition des joueurs… Vous voyez ce qui vous reste à faire…? :idea:

PS : Ah oui, j'oubliais : Monsieur Lilajax remporte largement cette partie, oubliant la tradition de toujours laisser gagner un nouveau pour sa première soirée... Pfff ! :P

Une fois de plus merci pour ce très bon compte-rendu M. le Zeptien.