Pax Renaissance

23 nov. 2016 | par polybe

Spécifications de la partie


Nombre de joueurs
4
Date
23 nov. 2016

Spécifications du jeu


Nombre de joueurs
2 à 4 joueurs
Âge
à partir de 12 ans
Durée
60 minutes
Mécanismes
Pioche
Thèmes
Renaissance
Date de sortie
oct. 2016
Auteur(s)
Phil Eklund, Matt Eklund
Editeur(s)
Sierra Madre Games

Scores

# Nom Score
1 Polybe (banque Coeur) 0
2 Benoit (banque Médicis) 0
3 Potiron (banque Fugger) 0
4 Deadplayer (banque Marchionni) 0

Photos

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polybe
By polybe | 23 nov. 2016 à 23:49

Ce mardi, au club Ludi Ergo Sum, Pax renaissance est au menu pour messieurs Potiron, DeadPlayer, Benoit et moi-même. C’est une partie découverte pour tous bien que Potiron et Benoit connaissent déjà les deux autres Pax.

Bon, la boite de jeu n’est pas impressionnante, c’est le moins qu’on puisse dire.

Dixit l’auteur, elle a été maintenue à ce petit format avec un poids d’un demi-kilo pour des raisons d’économies logistiques transatlantiques. Ok mais du coup, dans cette boite, on ne peut y mettre que des petits pions en bois colorés, des petits disques plastique jaunes et rouge en guise de florins et… …surtout aucun plateau de jeu et ça, c’est un peu rude. A la place, il faut assembler 10 cartes de jeu en deux lignes de 5 pour créer une carte de l’Europe. L’auteur a fait mine de transformer cet inconvénient en concept de jeu puisqu’on insert volontairement un espace entre les cartes pour créer des frontières où s’installent des corsaires barbaresques ou encore nos comptoirs commerciaux et puis les cartes peuvent être retournées selon la religion dominante. Mouais.

Heureusement ce jeu s’appuie, et pour cause, principalement sur ses cartes à jouer. Or celles-ci sont fort jolies, très colorées, avec pour chacune une image historique, un texte pédagogique (en anglais et écrit tout petit) et surtout plein d’indications claires pour expliquer ce que la carte peut faire.

Dans Pax renaissance, chaque joueur incarne un grand banquier de la Renaissance (on y trouve Côme de Médicis, notre Jacques Cœur, Jacob Fugger et enfin le beaucoup moins connu Bartolomeo Marchionni) et tout cela se déroule grosso modo entre la seconde moitié du quattrocento et le début du XVIème siècle.

Ces quatre hommes d’affaire sont en concurrence pour acquérir la clientèle des plus hauts personnages ou des plus prestigieuses institutions, de Lisbonne à Constantinople. En choisissant de financer tel ou tel, nos banquiers font l’Histoire en quelque sorte car sans financement, ces figures historiques potentielles retournent au néant. Ce faisant, les banquiers qu’incarnent les joueurs orientent l’Histoire vers une des quatre évolutions sociétales proposées par le jeu qui sont autant de possibilités – concurrentes - de victoire :

• la Sainte victoire voit s’imposer une religion dominante entre la foi catholique, l’Islam ou un étrange combinat de la Réforme et de l’Orthodoxie.

• La victoire renaissance, c’est la réussite du monde des cités bourgeoises, des parlements et des républiques marchandes sur le vieux monde féodal.

• La victoire impériale assoit la domination d’un empire monarchique centralisé, un peu comme celui de CharlesQuint.

• La victoire de la globalisation (sic), c’est l’ouverture au vaste Monde grâce aux Grands Explorateurs et au développement du commerce.

En terme de jeu :

La victoire sacrée implique que sa clientèle a davantage de symboles de la religion dominante que les autres. (encore faut-il qu’il y ait une religion dominante).

La victoire renaissance implique que sa clientèle comporte davantage de républiques et de davantage de personnages prestigieux en « Law » que les autres. (au moins deux de plus)

La victoire impériale ne peut être revendiquée que quand on s’honore de la plus grande clientèle de rois et de leurs vassaux. (au moins deux de plus à 4 joueurs)

La victoire en globalisation nécessite d’avoir à la fois la clientèle la plus prestigieuse en matière de découvertes géographiques et le plus grand réseau de concessions. (au moins deux de plus)

Enfin, si personne n’a réussi à s’imposer quand toutes les cartes sont épuisées, c’est celui qui a le plus de mécènes dans ses riches clients qui l’emporte.

Pour gagner, il y a deux étapes. D’abord il faut apercevoir la comète càd acheter une carte comète (2 de ces cartes sont placées aléatoirement vers la fin de chacune des deux pioches du jeu). La carte comète permet d’ouvrir la possibilité de déclarer un des quatre types de victoire et alors tout le monde peut le faire. La seconde étape consiste donc à dépenser une action pour justement faire cette déclaration de victoire si bien entendu on remplit les conditions.

Comment ça marche ?

Le monde civilisé (donc 10 cartes si vous avez suivi) est divisé entre l’Occident (les 6 cartes de gauche) et l’Orient (les 4 de droite).

Pour chacun de ses deux ensembles, on a une pile de carte de « futurs clients », que des personnages historiques, que l’on va faire défiler sur une ligne, un peu comme dans Through the ages. Selon sa position, chaque carte a un prix. L’argent est déposé sur les cartes les moins chères, baissant ainsi le prix de ces cartes. On réapprovisionne les lignes de carte entre chaque joueur.

Chaque joueur fait deux actions à tour de rôle, en sens horaire et ceci jusqu’à la fin de partie.

Un premier type d’action consiste à gagner un nouveau riche client, en achetant sa carte (en fait on va leur prêter de l’argent que ces Puissants hautains ne rembourseront jamais).

Comme on n’a droit qu’à une main de deux cartes, on doit rapidement poser les cartes achetées devant nous. On constitue alors deux clientèles distinctes qu’on gardera toujours séparées : les Occidentaux à gauche de sa carte de banquier et les Orientaux sur sa droite. Munis de nos pécunes, la plupart d’entre vous peuvent – tjs si vous le permettrez – se lancer immédiatement se lancer dans le projet qui les tient à cœur : Une princesse constitue sa dot pour se marier à un roi célibataire, un théologien envoie des prêcheurs ou imprime pour diffuser la vraie foi, un prétendant paye des condottières pour faire valoir ses Droits Légitimes sur le champ de bataille... Certaines de ces actions permettent d’obtenir la plus prestigieuse des clientèles, celles des Rois, éventuellement en la piquant aux concurrents.

Plutôt que de développer sa clientèle, le banquier peut aussi simplement financer l’activité d’une de ses clientèles existantes, à comprendre soit en Occident, soit en Orient. Chaque carte cliente constituant ladite clientèle peut alors faire une petite action spécifique (sauf si un pion religieux est posé dessus car cet homme d’église (ou de mosquée) va entre autres rendre la carte inactive. (la religion étant l’ennemie du taux d’intérêt, elle nous empêche de bosser) Sans entrer dans le détail, les actions commerciales, religieuses, politiques (comme envoyer un spadassin) ou militaires ont souvent comme conséquence de bouger des pions sur les cartes de clientèle ou bien sur les cartes géographiques. Il y a plusieurs catégories de pions (religieux, noble, cavalerie lourde, serfs/marchands) et chacun confesse, par la couleur du pion, une des trois religions du jeu, sauf les marchands (dont le Dieu est le Florin) qui sont aux couleurs de leur banque.

Bref, patiemment, on fait progresser nos affaires vers les objectifs de victoire ou au moins on essaie de limiter l’avance des autres.

Enfin, le banquier peut se lancer dans de lointaines expéditions commerciales par la grande route du commerce occidental ou celle du commerce oriental, ce qui va faire gagner de l’argent aux concessions sollicitées (les siennes et celles des autres) et permettre aux Etats traversés de regarnir les rangs de leurs soldats grâce aux péages et douanes.

Voilà, ça a l’air rapide à exposer mais l’explication des règles m’a pris plus d’une heure ! Il y a une foultitude de petits détails. Cela étant fait, Deadplayer prend la tête des établissements Marchionni. Benoit se fera appeler De Médicis. Je serai le Jacques Cœur national. Potiron incarnera Jakob Fugger qui sera, comme le veut la règle, le premier joueur muni du pécule minimum de 3 florins.

La banque d’Augsbourg s’accoquine rapidement avec Charles le Téméraire et appuie les troupes bourguignonnes contre le Royaume de Louis XI. Comme en début de partie, les royaumes sont à moitié dépourvus de défense composée de nobles et de chevaliers, l’opération est un succès et la France entre dans la clientèle de Fugger. Sans trop attendre, les Français s’en prennent rapidement à leurs voisins Anglois, la fine fleur de la chevalerie française dépend de la banque Fugger pour les frais de campagne. Mais voilà ce démarrage rapide a un hic. La banque Fugger n’a déjà plus un sou en caisse. Il faut dire que la règle n’est pas tendre : commencer la partie n’est pas forcément un bon plan et ne semble pas justifier de donner moins d’argent à Fugger, surtout qu’avec sa banque située aux confins du Saint Empire, il ne bénéficie que difficilement des routes de commerce en Méditerranée. Du coup, Potiron va être durablement paralysé par cette absence de fonds, vendant ses cartes, se lançant dans le commerce avec un faible profit. Sans clientèle nouvelle, impossible de créer de nouveaux comptoirs ou de profiter des clients qui rapportent (par exemple les puissants oppresseurs ou les marchands).

Tout cela n’est pas perdu pour tout le monde, à commencer par le Florentin qui va appuyer Cromwell dans sa réforme religieuse et extirper l’influence française du sol anglais. De mon côté, je finance une des ultimes croisades contre les Mamelouks et crée de nouveaux Etats latins tardifs en Egypte. L’idée d’oeuvrer pour la sainte Eglise et aussi un peu pour ma victoire me traverse l’esprit. Je veux par ailleurs pousser Isabelle de Castille dans le lit du roi d’Aragon mais le Florentin lui susurre juste avant l’idée d’épouser plutôt Henri le Navigateur, roi du Portugal qui devient immédiatement son client. Pas grave, je présente à Jean d’Aragon la princesse Marguerite d’Anjou et c’est le coup de foudre. Pendant que le Florentin développe ses comptoirs dans l’ouest de la Mare Nostrum, je m’occupe de l’Orient où je prouve ma faible fermeté religieuse en finançant cette fois les Qizilbash chiites qui vont porter la parole du Prophète jusque dans le plaines hongroises. Ceci avec succès, car j’y avais auparavant financé les conspirations de Vlad l’empaleur qui avaient dépeuplé la noblesse chrétienne de sinistre manière. Il faut dire aussi que, dans le coin, avec les Ottomans prêts à donner un coup de main, le djihad n’est pas trop difficile. Pendant ce temps, la banque Marchionni a réussi à faire entrer à la fois l’Empereur et le Pape dans son carnet d’adresse. L’utilisation sans relâche du commerce par notre communauté banquière a plutôt enrichi les comptoirs orientaux, les miens donc ou méditerranéens, plutôt ceux des Florentins, ainsi que les coffres des Etats qui ont désormais regarni les rangs des armées. A ce stade, nous n’avons pas trop compté nos différents niveaux d’influence. Nous nous sommes contentés de lorgner sur les derniers Etats, l’Ottoman et le petit empire byzantin de Trébizonde, toujours sans banquier. Potiron et dans une moindre mesure Deadplayer pâtissent alors de leur manque de liquidité.

Maintenant que les rois ont presque tous leur banquier officiel, il est temps d’y faire jouer la concurrence. Or à chaque changement de régime le nouveau souverain permet à son nouveau banquier de bâtir un nouveau comptoir ou une concession. De mon côté, je m’essaie même à l’agitation interne en passant ma Hongrie en république (en fait, la carte politique représente désormais la diète de Pologne Lituanie). Ce n’est pas vraiment un coup de génie. En faisant ça, je commence certes à me placer pour une future victoire Renaissance mais je contre moins bien le Médicis qui ne fait affaire lui qu’avec des têtes couronnées. A ce stade, je réalise que je cours trop de lièvres et donc en fait aucun. Ma clientèle est très hétéroclite et son prestige va de pair.

J’ai beaucoup de comptoirs mais moins que certains et je n’ai choisi ni la bible ni le coran.

J’en étais à cette réflexion quand nous apercevons la comète dans le ciel ! Déjà ! Riche comme je suis, je saute dessus et annonce – par la voix de Nostradamus – une victoire sainte. De quelle religion on ne sait pas trop encore mais en tout cas ce ne sera pas une victoire impériale qui risquerait de prendre une désagréable saveur florentine. Juste après cette annonce, je me dis qu’une victoire Renaissance aurait peut être été une meilleure idée : L’Islam ne sera pas forcément la religion dominante. Il y a bien un seul imam en jeu et aucun évêque ou théologien chrétien mais l’Angleterre protestante et l’Italie papiste sont pleines de chevaliers de leur foi alors qu’il n’y a pas tant que ça de nobles musulmans. Par ailleurs, si je suis le seul à avoir un prestige islamique, merci Qizilbash mais d’autres pourraient bien me dépasser en la matière.

Le passage de la comète a complètement excité l’assemblée. C’est la panique chez mes adversaires et on me prend pour cible. Je perds des concessions, opprimées ou victimes des corsaires et même la clientèle de l’Egypte sous occupation croisée. Et je gaspille une partie de mon trésor à éviter que la route commerciale orientale ne s’éteigne au profit de la très nordique Novgorod. A ce stade de la partie, chaque banquier a une clientèle assez déséquilibrée entre l’occident et l’orient. Marchionni et moi sommes plutôt présents en Orient et Médicis et Fugger sont massivement en occident. Il y a d’ailleurs un moment d’inquiétude quand Benoit déclenche son large « tableau » de 7 ou 8 clients occidentaux. En une action, il empoche du profit commercial à plusieurs reprises, soutient une oppression par ci, une imposition par là et accompagne un roi lors d’une campagne militaire.

Ça commence à ne pas sentir très bon. Je liquide le reste de ma fortune pour être en mesure de déclarer une victoire de l’Islam et ceci bientôt grâce à l’appui ottoman. C’est presque fait quand on aperçoit la comète pour la seconde fois. Là, Potiron et Deadplayer sont dans une situation inconfortable : La seconde comète sera, après leurs actions, à portée financière de Benoit qui va ouvrir la victoire impériale puis la déclarer, me chipant la victoire in extremis. S’ils ne trouvent pas le moyen de me bloquer, laissant ce soin à Benoit, en revanche ils se débrouillent pour réduire l’avance de ce dernier en monarchies clientes. Or Côme de Médicis ne trouve pas la parade et une dernière levée en terre d’Islam me permet de déclarer une sainte victoire.

Nous avons joué plus de trois heures dont une grosse heure d’explication de règles. On fait mieux comme ratio. Il est évident que la prochaine fois, nous serons plus rapidement dans l’action et surtout plus efficaces.

On a bien vu, avec la mésaventure de Potiron, le risque d’être bloqué financièrement au départ et de prendre du retard sans pouvoir facilement y remédier. Est-ce une erreur de débutant ou une insuffisance des règles ? Il y a aussi pas mal de points de règle qui exigent une certaine vigilance. Voilà pour les critiques.

La balance penche pourtant largement du côté des louanges. Si certaines actions auraient pu être mieux intégrées au thème (opération « vote » ?), l’ambiance historique, même brouillonne et turbulente, est bien là. Tactiquement, à chaque action, le joueur se retrouve devant un beau choix de possibilités et il faudra plusieurs parties sûrement pour avoir l’intuition de ce qui est le plus prometteur. Dès le départ, les interactions entre les joueurs sont permanentes. Tiens que je te taxe ta concession. Bing j’envoie à la hache du bourreau ton pénible prétendant. Mais c’est à l’apparition des comètes que la tension redouble en suscitant une urgence très stimulante.

D’ailleurs on envisage de faire une nouvelle partie rapidement, en utilisant peut être l’extension.

polybe
By Le Zeptien | 24 nov. 2016 à 18:05

Monsieur Polybe, à nouveau un solide compte-rendu qui donne une bonne idée de ce nouvel Eklund. J'en connais par chez moi qui vont sans aucun doute lire ceci avec intérêt (je vais placer un lien sur le site du club), vu qu'en plus une partie est programmée ce soir (jeudi 24/11/2016). Je vois que vous et vos compagnons de jeu habituels ont bien apprécié ce Pax là. Les cartes me rappellent celle de Virgin Queen (belle qualité d'illustration donc). Le Porfiriana m'avait laissé perplexe. Donc j'ai pas d'avis à donner, sauf si bien sur la bonne fortune me conduit à jouer à ce Pax Renaissance. A noter que ce soir, je vais récupérer ma boite de Princes of the Renaissance réédité... je reste dans le thème. 8)