Critique de Potion Making

Savez-vous comment créer l'élixir de grand pouvoir ?

Vous devez combiner l'Elixir de force avec celui du Regard discret pour y parvenir.

Mais pour créer ceux-ci, vous aurez besoin d'ingrédients rares: des yeux de serpent, une pierre de sang et une quantité non négligeable d'énergie astrale...

Et comme dans tout bon jeu où la rivalité sera de mise, on embauche pas beaucoup de CDI dans le coin et au final, seul le meilleur étudiant sera enrôlé dans la Guilde des Alchimistes.

Les autres devront passer au filtre du chômage...

Mais bon, voyons si l'alchimie fonctionne et si les auteurs de ce Potion Making feront recette avec ce jeu du côté de chez nous...

Matériel

On vous avait déjà présenté le Jedistest de Kingdom of Crusaders du même éditeur.

Potion Making reprend le même fonctionnement de boîtage avec les mêmes composants.

C'est donc dans un coffret en carton type "étui à biscuits", certes un peu plus épais que ce dernier et auquel on a ajouté un séparateur, qui permettra de renforcer un peu la solidité du jeu et d'empêcher les cartes de voliger à l'intérieur, que se trouve le matériel du jeu.

La couverture, à l'illustration simple, et les différentes tranches du jeu sont un leurre donnant l'impression que nous avons ici affaire à un grimoire de magie. C'est réussi et enjolive l'emballage.

Le quatrième de couverture (il serait dommage de ne pas utiliser ce terme, pour une fois on ne peut plus approprié) nous rappelle comme sa face opposée le nom de l'auteur de l'ouvrage mais aussi l'âge minimal conseillé ainsi que la durée, qui, apparemment, oscillerait de 40 à 90 minutes, cette large fourchette annoncée étant probablement due au fait que le jeu peut se pratiquer de deux à six joueurs. Un petit texte d'ambiance pour renforcer la thématique et le listing entier du matériel sont énumérés et mis en avant aux côtés des nombreux prix que le jeu a obtenu au niveau national, c'est à dire en Russie.

Et puisque il n'y a pas de couvercle à soulever, on se contentera de laisser glisser ce livre d'apparat pour y découvrir la véritable identité. On passera rapidement sur les 12 petits pions aux formes rappelant ceux que nous avons connus dans nos premiers Monopoly. Vous savez, ceux qu'on prenait, pour je ne sais quelle raison pour des coton-tiges. Les pauvres, ce qu'ils ont dû visiter comme drôles d'endroits... Ici, ils serviront juste à se balader sur les deux plaquettes de score, permettant de visualiser les points obtenus par chacun.

Bref, ne restent que les 76 cartes qui composeront le gros du matériel. Leurs illustrations sont plaisantes et en accord avec ce à quoi la boîte nous laissait présager. De qualité moyenne, on sent que si elles ne sont pas en carton, leur souplesse n'égale pas totalement celles des cartes de la plupart des productions de grandes maisons d'éditions (quoi que parfois, on a de mauvaises surprises, même chez nos grands éditeurs réputés). Sur leur face, on ne reprochera pas leur contour blanc, qui va très bien avec le reste du design. Mais le dos aurait pu pour sa part avoir un contour brun qui aurait encore ajouté du charme à tout ça.

Attention cependant aux réfractaires à l'anglais, car six cartes possèdent du texte (trois différents effets, sur lesquels les règles reviennent).

Le livret de règles lui-même n'est d'ailleurs présenté qu'en anglais, et nous allons le détailler ci-dessous...

Règles

La règle du jeu se présente comme une simple feuille au format A4, pliée en 4, parvenant à expliquer les règles du jeu sur ses deux pages. Figure également une seconde feuille, au format A5 cette fois-ci et montrant un exemple de trois premiers tours éventuels d'un joueur, afin d'appuyer la première feuille (théorie et pratique sont ainsi plus ou moins réunies).

Tout ça est rédigé dans un bon anglais et servi avec des illustrations commentées : l'assimilation se fait en douceur.

Grosso modo, les joueurs débutent avec quatre cartes en main. Quatre autres sont posées au centre de la table et composent le bureau d'étude commun à tous les apprentis alchimistes.

A son tour, on pioche une carte et on en joue une. c'est tout.

J'ai peut-être un peu trop résumé, non ?

Bon, expliquons un peu plus en détails.

Les cartes sont à la fois des recettes et des ingrédients.

En effet, en bas de la carte est inscrit l'ingrédient que donne la carte. La partie centrale montre le nouvel ingrédient, ou le talisman que l'on peut obtenir en parvenant à réunir les ingrédients listés sur la partie gauche de la carte. Enfin, quand on réussit à composer ce mélange, on obtient autant de points de victoire que ce qu'inscrit en haut à droite de la carte.

Si à votre tour ne figurent pas sur le bureau d'études les bons ingrédients pour pouvoir jouer une de vos recettes, vous devez y déposer une de vos cartes. si l'ingrédient était déjà présent, il recouvre son double, dans le cas contraire, vous obtenez un point de victoire.

Si le bureau d'études contient les ingrédients nécessaires à une de vos recettes, vous la jouez et y placez dessus face cachée, de sorte à cacher la partie "ingrédient" de la carte (puisque vous venez de la transformer en "nouvel ingrédient". Vous me suivez toujours ?) les ingrédients ainsi utilisés. Vous venez de remporter des points de victoire et probablement un ingrédient permettant de créer de nouvelles alchimies plus puissantes et rapportant davantage de points de victoire.

Et le jeu va s'accélérer car vous allez pouvoir utiliser les cartes ainsi posées des autres joueurs (oui, leurs ingrédients améliorés) pour jouer vos plus puissantes cartes. Cela dit, si vous vous servez chez eux, même si vous gagnez la totalité de vos points de victoire, ces derniers en remporteront la moitié.

La partie s'arrête à épuisement de la pioche, et ne reste plus qu'à décerner les médailles...

Durée de vie

Que dire de ce jeu ?

Les règles sont simples à assimiler mais la lecture du jeu durant la partie peut tout de même être pénible et ce, quel que soit le nombre de joueurs présents.

En effet, il y a trop de symboles différents, trop de potions également et repérer correctement ce qu'il nous faut n'est pas toujours aisé, même après plusieurs parties.

De plus, l'emplacement du symbole "ingrédient" oblige à regarder régulièrement ses cartes une à une. A chaque tour en fait, la danse des ingrédients sur le bureau d'études y invitant.

Cette précision aurait pu être apportée dans la partie matériel, mais c'est bien lors des parties, et après celles-ci que la chose se manifeste vraiment, précise et cruelle.

Ça a pour effet de couper le rythme du jeu, qui du reste est bien trop long pour ce qu'il propose, donnant une impression de longueur, de répétitions inutiles.

Ajoutez à ça que la pioche des cartes n'est pas si anodine et peut cruellement vous léser ou au contraire vous offrir bien des points faciles. Bref, le hasard est plus présent que ne laissaient supposer les règles du jeu, et les quelques petites combos ne parviendront pas à sauver le jeu sur la longueur : vous devriez apprécier le jeu, mais l'alchimie pourrait bien vite retomber.

Pour autant, je ne peux être trop dur concernant la durée de vie du jeu, n'ayant pas pratiqué les extensions, qui parait-il, ajoutent un peu plus de profondeur. Je reviendrai ici écrire ce que leur lecture me laisse supposer. Mais à l'heure actuelle, c'est tout de même une petit déception concernant l'intérêt du jeu sur le long terme.

Avis de la rédaction

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Plus hasardeux qu'il essaie de nous le faire croire et trop long pour ce qui nous est proposé, Making Potion est un jeu qui sans être mauvais, aurait gagné à être épuré tout autant pour baisser la durée de ses parties que pour gagner en lisibilité, le nombre d'ingrédients différents étant trop important. C'est d'autant plus dommage que ça aurait donné davantage de punch au jeu, des combos plus régulières et un rythme moins saccadé. J'ai même trouvé que les cartes à capacité spéciale n'étaient pas assez nombreuses... Tout ça changé, on pourrait avoir un jeu familial, voir "poids moyen" proche de l'excellence. Pas un raté mais un joyaux pas assez travaillé, qui du coup ne brille pas autant qu'il aurait dû et qui aurait pourtant pu être un excellent, un très grand jeu...
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