Il y a 10 ans, on parlait beaucoup des "3 K". Il s'agit d'un club très fermé d'auteurs, dont tous les fadas de jeux de société parlent : Reiner Knizia, Wolfgang Kramer et Klaus Teuber.
Peu de temps après, un anglais nommé Martin Wallace est entré dans ce club (dont le nom ne voulait alors plus rien dire) par la grande porte, en sortant des jeux aussi mythiques que ceux des 3 K.
Aujourd'hui, il existe encore quelques auteurs susceptibles d'entrer dans ce club très select, mais il y en a un dont la place semble indiscutable : Uwe Rosenberg.
Le bonhomme sévit depuis un moment avec des titres comme l'exceptionnel Bonhanza ou le plus discret Babel. Mais depuis qu'il a créé Agricola, Rosenberg est devenu un mythe.
Agricola est le premier d'une grande série, qui est composée du Havre, et de Aux portes de Loyang. Et c'est ce dernier né de la trilogie dont on va parler aujourd'hui...
Matériel
Dans sa boîte au format identique à ses deux frères que sont Agricola et Le Havre, le matériel de Loyang est de très grande qualité. On y trouve des pions en forme de légumes de toutes sortes, que l'on posera amoureusement sur un des quatre petits plateaux individuels après les avoir payé avec les pièces de monnaie en carton, trouées en leur centre pour mieux coller à la thématique. De jolis pions en forme de bonhomme serviront à noter les scores.
Et comme le tout se balade à même l'intérieur de la boîte sans thermoformage ou autre rangement quelconque, en plus de donner une impression de semi-vide qui aurait alors été atténué, on bénira la présence des petites pochettes zip pour ne pas perdre trop de temps à trier tout ça en début de partie.
Le jeu contient également des cartes dont la qualité entre dans les standards. Bref, il n'y a pas grand chose à redire sur le matériel. Les dessins ne sont pas fabuleux, mais avec les jeux de Uwe Rosenberg, on est habitué. Et j'imagine qu'Intrafin n'a pas eu le droit de changer le graphisme pour cette version française bienvenue, la plupart des cartes contenant du texte..
Règles
Les règles sont assez compliquées à lire.
Personnellement, je pense que la phase de distribution aurait pu être plus claire. C'est dommage, car toute l'essence du jeu se situe dans cette phase.
Le reste de la mécanique ludique se révèle presque automatique.
Les tours de jeu sont en fait décomposés en trois phases :
Durant la première, on récolte ce qu'on a planté les tours précédents, et on récupère un champ.
La seconde sert à choisir les cartes qui vont déterminer les actions futures.
Enfin, la troisième concerne l'activation de ses actions.
Et là, on remarque le premier problème du jeu :
Lors de la phase de choix des cartes, il faut penser à ce qu'on peut (doit ?) faire pendant la troisième phase. Surtout qu'on n'a le droit qu'à deux cartes, et ces dernières sont nombreuses.
Il y a les clients occasionnels, qui sont d'une patience sans bornes et peuvent attendre des mois dans la boutique pour avoir leurs légumes.
D'autres clients sont des réguliers, qui apportent un gros bonus par rapport aux clients occasionnels, et qui consomment toujours la même chose. Par contre, s'ils ne sont pas servis, il savent le dire et ça coûte cher !
Ensuite, il y a des étals. C'est une sorte de carte bonus qui permet d'échanger des choux contre des carottes ! Si elles sont bien pratiques, elles ne rapportent pas d'argent directement.
Enfin, il y a des assistants, qui apportent un pouvoir à usage unique. Bien utilisés, ils peuvent être redoutables!
Le problème dont je parlais avant ma description, c'est qu'on découvre les cartes une par une. On découvre donc nos possibilités au fur et à mesure que le temps passe. Et plus le temps passe, plus c'est long.
La dernière phase est également très longue avec des débutants, mais on remarque très vite qu'on n'a que très peu de choix. Cette phase s'accélère avec l'expérience des joueurs, mais aux dépends de la phase de distribution.
Durée de vie
Je peux difficilement bien noter cette partie du jeu.
Au bout de 3-4 parties, je n'ai plus vraiment envie d'y jouer. Certes, je sens qu'il y a du potentiel derrière, mais franchement, que c'est long.
Trois heures pour jouer réellement 1/2 heure pendant la phase de distribution, c'est décevant de la part de Monsieur Rosenberg.
Surtout que le hasard de cette distribution est loin d'être négligeable, la chose semblant amplifiée vers la fin, où le tirage d'un client ou d'un étal qui rentre pile dans son jeu peut départager les égalités.
C'est d'autant plus regrettable que cette phase de distribution est très fine et intelligente.
Le conseil de Jedisjeux
Il ne faut pas négliger les clients réguliers, le bonus qu'ils apportent par rapport aux clients occasionnels étant intéressant. Il permettent en plus de maîtriser sa production. Quand on en prend un, on sait ce qui va se passer pendant 4 tours.
Le paquet de 2 cartes est très important également. Rares sont les cartes peu intéressantes, surtout en milieu de partie. Mon tirage préféré est un assistant avec un client régulier. En effet, comme on peut planquer le client régulier sous l'assistant, on peut maîtriser l'arrivée du client régulier.