On ne peut pas dire que le monde du jeu de société manque de représentants dans le domaine de la mythologie ou de l'antiquité, pourtant dans cette masse grouillante il est parfois compliqué de trouver un titre qui attirera notre attention. Un jeu qui ne soit pas qu'un simple jeu de cartes, mais qui ne soit pas non plus une usine à gaz (enfin plutôt une mine à cette époque).
Étant un fan inconditionnel des mythologies du monde, Panthéon me faisait de l'œil depuis longtemps, mais j'avais peur d'être déçu, le paradoxe d'une chose que l'on apprécie plus que de raison. Pourtant, grand bien m'a fait le jour où j'ai enfin cédé aux trompettes de l'Olympe (car oui je suis sur qu'ils jouent de la trompette là bas).
Mais il est temps, grands aventuriers ludiques et explorateurs du jeu de vous en dire plus sur Panthéon.
Matériel
Lorsque l'on ouvre la boite, on est assez interloqué par la masse importante de pièces qui s'offrent à nous, dans une farandole de couleurs et de formes. On retrouve donc différentes sortes de pions (des pieds et des colonnes), proposés dans différentes couleurs pour chaque joueur. Ces derniers nous serviront à nous déplacer sur le plateau et à construire des temples. On trouve également des jetons et des cartes pour représenter les différentes civilisations qui seront présentes dans le jeu.
Vient alors le tour des tuiles rectangulaires sur lesquelles sont représentées les différentes divinités et les tuiles rondes pour les demi-dieux (sans pouvoir, ils n'avaient qu'à pas être à moitié dieu). Passons aux tuiles offrandes qui sont de quatre sortes : nourriture, prière, temple et danseuse (les coquins de dieux), séparées en quatre « niveaux », valant chacune plus ou moins de points et coûtant bien entendu plus ou moins cher. Et enfin, on retrouve un bon paquet de cartes qui serviront à acheter les bonnes grâces des dieux, à se déplacer et à faire quelques emplettes au marché.
Tout ce joli matériel est de très bonne qualité, aussi bien dans sa fabrication que dans ses visuels. C'est sobre, clair, lisible et à aucun moment je n'ai été gêné par le manque d'informations, chaque tuile disposant des pictogrammes nécessaires pour bien comprendre le jeu. Le plateau quant à lui représente notre bonne vieille Europe découpée en hexagones sur lesquels sont disposés les différents symboles des civilisations. Sur la partie haute se trouve l'indicateur de civilisation, et tout autour du plateau le sempiternel (et inévitable) compteur de points.
La boite, bien que haute, comporte quatre compartiments ainsi que divers sachets pour ranger le tout. Celle-ci est donc très bien pensée et fonctionnelle, dommage que le visuel de la boite peut sembler un peu « kitsch » et en rebutera surement plus d'un. Fait amusant et quelque peu déstabilisant de prime abord, les dieux n'ont pas été nommés avec des noms existants, bien que leur apparence ne laisse que peu de doute sur leur identité. Cela déroute au début, mais au final ce choix est assez judicieux, évitant les soucis de traduction et surtout d'interprétation douteuse.
Il y a du matériel, et du beau matériel, qui en plus n'a pas oublié d'être bien pensé, ça donne envie de plonger ses doigts dans la boite, et surtout ça donne envie de jouer ! Dommage que si la qualité graphique des pièces est bonne, celle de la boite l'est à mon goût, un peu moins. Après ça évite l'écueil de la boite macho avec des types bodybuildés en slip rouge. Alors pourquoi pas.
Règles
Dans Panthéon comme dans beaucoup d'autres jeux, le but final est d'obtenir le maximum de points de victoire. Pour cela vous allez devoir chouchouter (et surtout acheter) les Dieux, tout en construisant le maximum de temples sur le plateau.
A son tour de jeu, le joueur aura le choix entre trois actions.
La première est de se déplacer sur le plateau à l'aide de ses pions « pas », et construire des temples. Mais pour cela il devra posséder le nombre de pas nécessaires à ses déplacements, soit dans ses cartes soit avec ses dieux ou tuiles bonus.
Ce qui est intéressant lors de cette phase c'est que les autres joueurs peuvent également avancer, même si ce ne sont pas eux qui ont instauré le déplacement.
À la fin de la partie, les temples que vous aurez construits vaudront plus ou moins de points selon leurs nombres, cela étant croissant. Le plus intéressant étant de réussir à tous les construire.
La seconde action possible est d'acheter un dieu, pour cela il suffit de posséder les offrandes demandées par le dieu, il s'agit toujours d'un nombre de cartes identiques, les ressources ne sont pas spécifiées sur les tuiles Dieux.
Une fois en main l'action peut être jouée immédiatement, c'est même obligatoire si la tuile possède un fond jaune.
L'obtention de ce dieu vous octroie des points, au prorata de l'avancée du jeu dans les civilisations (au premier tour un dieu rapporte 1 point, alors qu'à la fin ça sera 6). Bien sûr les pouvoirs des dieux sont très différents d'une divinité à l'autre.
Autre action possible : acheter des tuiles offrandes au marché, ainsi vous pourrez bénéficier d'une ressource perpétuelle.
Leur valeur va de 1 à 4, avec le coût croissant que cela implique. Une tuile achetée peut très bien être « upgradée » ensuite, pour le prix de la différence entre les deux niveaux.
Vous pouvez également acheter des pions déplacement et des colonnes. Car il faut savoir que vous débutez votre partie avec un nombre limité de ces catégories de pions et que vous serez vite distancé sans une bonne réserve de ces derniers. Lors de cette phase, il est possible de se déplacer sur le plateau contre de l'or, sans que les autres puissent intervenir.
Vous n'êtes pas limité dans vos achats, et ça, c'est plutôt bien. Par contre, les cartes « Or » sont plutôt rares, il est donc bon d'avoir les grâces du dieu Stonkus, qui octroie un bonus de pièces lors des phases d'achat.
La dernière action possible est de piocher 3 cartes (plus si vous avez les faveurs du dieu Gadicea), soit parmi les quatre cartes posées face visible, soit à l'aveugle.
La manche s'arrête lorsque toutes les tuiles bonus posées au début du tour sur le plateau ont été prises, ou bien si tous les Dieux ont été achetés (au début de chaque manche on dispose autant de dieux + 1 que le nombre de joueurs).
Ces tuiles posées sur le plateau sont différents bonus piochés au hasard, on retrouve donc des bonus de déplacement, de pions, de cartes, d'or et des demi-dieux, qui vous donnent des pions supplémentaires lors des deux comptages de points.
Ceux-ci ont lieu au milieu de la partie et en fin. On compte alors le nombre de temples érigés et les demi-dieux que l'on possède (ces derniers ne sont pas défaussés). Vous l'aurez donc compris il est essentiel de récupérer ses demi-dieux et d'ériger des temples, les dieux n'étant pas les seules sources de points.
Même si cela ne fait pas partie d'un point de règle en particulier, il me semblait important d'indiquer que les parties sont toutes différentes grâce à un hasard omniprésent mais non punitif sur différents éléments du jeu, que ce soit au niveau des cartes du marché, des demi-dieux, des tuiles sur le plateau ou encore des dieux proposés au début de chaque tour. Il faudra s'adapter le plus rapidement possible face aux possibilités qui s'offrent à vous.
Durée de vie
Comme je l'ai indiqué au-dessus les parties se renouvellent parfaitement grâce à un hasard parfaitement contrôlé. J'ai fais de nombreuses parties et aucune ne se ressemblait, j'ai toujours pris le même plaisir à jouer... et je jubile toujours à l'idée de sortir la boite.
Le jeu est assez tendu à 4 tant les places convoitées sont complexes à atteindre et la ruse des autres joueurs, fourbes perturbatrice, mais cela ne gâchent en rien le plaisir de jeu. Chose assez intéressante pour être soulignée, le jeu est également très prenant à 2, il faut alors calculer chaque coup à l'avance et la victoire n'est jamais acquise, les parties se terminant souvent sur des scores très serrés.
Même si le thème ne plaira pas à tous et que les règles peuvent sembler touffues, il serait dommage de passer à côté, tant une fois maitrisé le jeu devient plaisant et fluide.
Panthéon ne s'adresse clairement pas aux joueurs débutants, pourtant il constituera un excellent pont entre les jeux rapides et simples et les jeux plus complexes. Le thème est bien rendu et surtout celui-ci s'intègre très bien dans le jeu.