Critique de Porta Nigra

Quand Wolfgang Kramer et Michael Kiesling nous invitent, avec Michael Menzel, à découvrir la Porta Nigra, on peut s'attendre à découvrir un jeu de gestion classique et espérer y déceler une étincelle de leur génie. Qu'en est-il ? Allons-nous magnifier les 4 quartiers de la ville de Trèves de nos constructions ?

Matériel

L'ensemble du matériel a été décrit dans cet article. Mais penchons-nous dessus plus avant.

Le plateau central carré est assez imposant. Simplement illustré, il est très lisible. On a la place d'y entreposer les briques au marché, d'y déplacer nos Maîtres d'œuvre et d'y construire nos tours de briques. Le reste du matériel est à l'avenant, tout est clair. Toutes les informations nécessaires sont indiquées sur le plateau central, le plateau individuel et les cartes. Et on trouve facilement dans le livret de règles les réponses à quelques détails précis.

La particularité du matériel tient dans le tas de 90 briques grises à empiler pour former les éléments de construction.. Au fur et à mesure de la partie le résultat est plutôt agréable. Le rangement par couleur est astucieux, on ne fait pas d'erreur. En parlant des couleurs, celles des joueurs et des briques sont les mêmes (noir, bleu, rouge, jaune). Cela ne nuit pas au jeu mais peut paraître un peu confus.

2 autres petits bémols sont à noter :

- le système de réapprovisionnement du marché est fastidieux

- la profusion de cartes Honneur disponibles (14 !) en début de partie peut faire peur.

Règles

Les règles sont clairement expliquées, illustrées d'images et d'exemples. Le but du jeu est d'obtenir des points de victoire en plaçant des éléments de construction au cours de la partie et en étant majoritaire dans les différents quartiers en fin de partie.

Porta Nigra se joue de 2 à 4 joueurs. Il y aura 3 manches de 8 tours à 2 joueurs, 2 manches de 8 tours à 3 joueurs et 2 manches de 7 tours à 3 joueurs. A son tour un joueur choisit une carte action parmi 2 en main, réalise tout ou partie des actions de la carte et en pioche une nouvelle.

Chaque carte indique donc les actions possibles et le nombre d'actions à réaliser (on peut augmenter ce nombre en cramant des jetons Torche). Les 5 actions possibles sont :

- acheter 1 brique

- placer un élément de construction

- prendre 1 jeton Influence

- prendre 1 jeton Torche

- gagner de l'argent (autant qu'indiqué sur la carte)

Loin d'être inutiles, les 3 dernières actions sont très simples. Attardons nous sur les 2 premières. Chaque joueur démarre avec 20 pièces qui vont lui servir à se déplacer sur le plateau et à acheter des briques au marché. Pour acheter une brique d'une couleur, le Maître d'œuvre doit se situer dans la quartier du marché correspondant. Les briques blanches sont toujours accessibles. Elles servent de joker (remplacent n'importe quelle autre couleur) et sont les seules à pouvoir être placées sur les zones de constructions blanches. Chaque déplacement d'un quartier à celui adjacent dans le sens des aiguilles d'une montre coûte une pièce. Le coût des briques est le suivant :

- noire : une pièce

- bleue : 2 pièces

- rouge : 3 pièces

- jaune : 4 pièces

- blanche : 5 pièces

Les points obtenus en plaçant les briques sont calculés en conséquence (et indiqués sur le plateau central).

De la même manière, pour placer un élément de construction (une tour d'une ou plusieurs briques) le Maître d'œuvre doit se situer dans le quartier du bâtiment correspondant. Pour la basilique, l'amphithéâtre et le mur d'enceinte, il suffit de poser le nombre de briques de la couleur indiquée et de placer un de ses pions Romain au sommet. Si une carte Construction disponible correspond à cette association bâtiment / couleur le joueur l'obtient. Faire des ensembles de cartes Construction des différents bâtiments rapporte d'importants points bonus en fin de partie.

Sur la Porta Nigra, le joueur choisit de poser entre 3 et 8 briques. Il sera possible via un type de carte Honneur d'ajouter des étages à nos constructions de la Porta Nigra. C'est d'une grande importante car c'est le quartier qui rapportera le plus de points en fonction des majorités en fin de partie.

A chaque fois que le nombre de briques posé par un joueur sur un quartier atteint un nouveau multiple de 3, le joueur obtient un bonus. C'est notamment un moyen d'avoir de nouveaux Romains à poser sur le plateau (on démarre avec 5 parmi les 15 possibles).

A tout moment de son tour le joueur peut dépenser des jetons Influence, principalement pour obtenir une carte Honneur parmi celles disponibles et réaliser l'action indiquée, mais aussi pour prendre un nouveau Romain ou faire une action de construction supplémentaire.

Durée de vie

Porta Nigra est un bon gros jeu de gestion à l'allemande. Le jeu s'adapte bien au nombre de joueurs. La mise en application des nombreuses règles n'est pas très difficile mais permet de développer quelques stratégies avec une courbe d'apprentissage non négligeable.

Les différentes parties (en trop faible nombre pour être représentatives) ont montré qu'on arrive à des scores serrés en prenant des directions différentes. L'ordre dans lequel on pioche les cartes Action et les cartes disponibles en début de partie ne font pas énormément varier le jeu.

Le conseil de Jedisjeux

Certains éléments doivent être pris en compte pour espérer remporter la partie. Il faut :

- optimiser ses déplacements pour économiser l'argent

- avoir des jetons Influence pour se jeter sur les cartes Honneur les plus intéressantes

- viser les cartes Construction disponibles

Les briques se récupérant une par une, l'action d'achat est primordiale.

Avis de la rédaction

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A nouveau, Porta Nigra est un bon gros jeu à l'allemande. Ce n'est pas un jeu méchant. Il y a peu d’interaction mais du blocage possible et s'accaparant les briques, les emplacements, les cartes Honneur ou Construction avant les autres. Le jeu est parfaitement équilibré mais son thème est plaqué. Un bon prétexte pour empiler des briques et chercher des majorités. Pour un énième jeu du duo Kramer/Kiesling il manque de saveur à mon goût. D'un ingrédient spécial donnant envie d'y retourner une fois la partie terminée. La première manche est un peu longue avant d'avoir l'impression d'être contraint sur les choix possibles. Le matos remplit son office mais sa manipulation est fastidieuse tout comme le comptage des points en fin de partie.
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Il y a 2 commentaires

jedisjeux
By Ryleh | 31 déc. 2015 à 08:32

Merci pour cette analyse qui me conforte dans mes premiers ressentis, et me pousse à faire l'impasse sur ce jeu.

Ayant déjà de nombreux titres de ce duo (Asara, Gueules noires, Einauge, Artus), je ne vois pas l'intérêt de rajouter une énième boîte de jeu de majorité qu'ils ont déjà fait par le passé.

Mais le jeu peut être intéressant pour ceux qui n'en ont pas encore. La mécanique doit être belle à jouer, je n'en doute pas....

jedisjeux
By cyril83 | 31 déc. 2015 à 11:37

Oui le jeu est très sympa a jouer, mais comme le dit très bien adrien, il manque "D'un ingrédient spécial" pour le rendre vraiment original/différent et indispensable pour les fans du duo.

Après cela reste un bon jeu avec un super matos :)