Jedisjeux

Moi aussi j'attendais AFAoS avec impatience et la première partie fut une bonne baffe. Bham ! Tiens t'as vu à quoi ça peut servir le deckbuilding ? Bham ! T'as vu comment je te raconte une histoire là ? bham bham! T'as vu, c'est prenant les wargames hein ? On plonge complétement, au début je trouvais le jeu moche, à la fin, magnifique. Comme quoi "on ne voit pas les choses comme elles sont, mais comme on est" oui j'étais tellement admirative du résultat que même le style graphique -un peu froid et old school- semblait convenir comme un gant. Quoi de mieux pour des arpents de neige du 18e siècle... Le jeu nécessite quand même d'y mettre du sien au départ, hein c'est pas la bataille navale, et faudrait idéalement rejouer dans la foulée de la partie "découverte" pour confirmer ses acquis et commencer à jouer pour de vrai, avec une stratégie en tête. Bref, oui c'est du lourd, c'est du Wallace, ne l'oublions pas. La tension monte dès le début, on ne sait pas où ça va tomber, on reste sur ses gardes, on aimera prévoir une poire pour la soif, mais des fois c'est juste la pénurie et faut bien avancer quand même. Ici pas la peine d'être comptable... faut parfois y aller un peu à l'instinct, à l'audace, toujours observer le terrain et rester opportuniste tout en ayant quand même construit un plan d'attaque (les grands stratèges vont pouvoir se faire plaisir).

[i:25fnjctb]"Ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut."[/i:25fnjctb] (Voltaire : Candide) Sans expérience concernant les jeux de construction de main, j'abordais aFAoS avec un certain enthousiasme mêlé d'appréhension, sentiments naturellement renforcés par l'identité de l'auteur : ayant pris un gifle avec [i:25fnjctb](Age of) Steam, Brass[/i:25fnjctb] et [i:25fnjctb]Liberté[/i:25fnjctb], je m'attendais à un jeu littéralement hors du commun. Eh bien, je n'ai pas été déçu. Quel que soit le sens qu'on donne au mot, [i:25fnjctb]A few acres[/i:25fnjctb] est[b:25fnjctb] un jeu extraordinaire[/b:25fnjctb], qui rentre d'un coup d'un seul dans mon panthéon personnel. Tout d'abord, ce n'est pas un mince exploit de me réconcilier avec les jeux à deux, et pas anodin non plus de me faire apprécier un wargame. [i:25fnjctb]A few acres of snow [/i:25fnjctb]est tout cela, et bien plus encore. C'est un jeu vif, malin et intelligent, aux règles plutôt simples et plutôt beau (pour un Wallace). Ce qui lui donne, à mes yeux, ce caractère si prodigieux, c'est cette capacité incroyable à nous plonger dans le thème (la mécanique de [i:25fnjctb]deckbuilding [/i:25fnjctb]y est ici sublimée) : combien de fois me suis-je senti dans la peau d'un général anglais, à peser mes chances de victoire en misant sur des renforts trop lents du côté français... combien de fois me suis-je senti démoralisé par la longueur d'un siège, me retirant la mort dans l'âme, combien de fois ai-je pesté contre les encombrantes ressources de ces villes de l'ouest... J'ignore si l'on peut considérer ce jeu comme le chef d'oeuvre de Wallace, je sais qu'il n'est pas exempt de défauts ([i:25fnjctb]Halifax Hammer[/i:25fnjctb] ?), mais cela n'enlève rien aux plaisirs que j'ai à chaque partie ; plaisir avant de jouer (défi de mon adversaire et longue réflexion sur ma stratégie), en y jouant (presque le vivant), et en en discutant longuement après la partie. Du pur bonheur. Un 9/10 signé des deux mains.