Critique de Imperial 2030

Imperial 2030 est une déclinaison de Imperial, jeu souvent plébiscité par les gamers, dans lequel monsieur Mac Gerdts réutilise son système de la roue d'action. Une nouvelle fois, les joueurs sont invités à jouer le rôle d'investisseurs qui vont essayer de s'enrichir en s'appuyant sur des gouvernements. Le thème d'Imperial a été jugé un peu sulfureux par certains et il a suscité quelques polémiques. C'est moins le cas avec Imperial 2030 semble-t-il, et les questions que nous allons nous poser ici sont les suivantes : Est-il au moins aussi bon que son aîné qui a rencontré un grand succès ? Apporte-t-il quelque chose de nouveau ? Est-ce bien le président Obama qu'on aperçoit sur la boîte ?

Matériel

Dans une boîte complète, on retrouve la qualité du matériel d'Imperial : pions en bois (mais les canons sont remplacés par des chars), tuiles épaisses, des billets pour la monnaie, et un grand plateau qui représente cette fois...le monde ! Oui, on ne va plus se contenter de l'Europe avec Imperial 2030, la planète entière (mondialisation oblige) est concernée par nos mouvements de troupes, prises de possessions territoriales et autres manœuvres pas jolies-jolies. On remarque tout de suite qu'il y a plus de territoires à conquérir, mais aussi que le plateau est moins terne que celui d'Imperial. Cette fois, les pays conquérants sont les USA, la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie...plus une entité bien connue, mais qu'on ne peut certes pas encore qualifier de « pays » : l'Europe.

Évidemment, est toujours présente la controversée tuile « Investor », plus un nouvel élément, la « Banque Suisse », symbolisée par trois tuiles spéciales. Question livrets de règles, il y en a deux, c'est bien présenté, c'est net, c'est en anglais et en allemand. Oui, pas très francophile monsieur Mac Gerdts, il pourrait un peu penser à ses (nombreux) fans bretons, parisiens, réunionnais ou languedociens. Mais rassurez-vous, les règles sont traduites et facilement trouvables sur le web. Vous trouverez aussi dans la boîte deux petites pages qui décrivent un début de partie.

Bref, je trouve que la matériel est un poil au-dessus de Imperial en ce qui concerne le plateau, et je préfère les petits tanks aux canons qui me faisaient toujours penser à un sifflet d'arbitre. Par contre, l'illustration de la boîte, heu...c'est vraiment selon les goûts hein…

Règles

Les joueurs d'Imperial n'auront aucune difficulté à jouer rapidement à Imperial 2030...mais ceux qui ne connaissent pas aussi. En effet, la grande réussite avec ces deux jeux tient aussi à la (relative) simplicité des règles...enfin si je m'en tiens à mon expérience d'expliqueur-qui-s'y-colle-souvent. D'ailleurs, je vais vous donner un truc simple : pour présenter les règles, appuyez-vous sur la roue d'action : factory, production, import, déplacement (et donc combat)...gardez investor et taxation pour la fin.

Imperial 2030 apporte quelques modifications par rapport à son aîné : comme signalé plus haut, le champ d'action est bien plus vaste et il y a plus de territoires à prendre. Chaque nation ne peut construire que 4 usines (5 dans Imperial). Autre nouveauté, la banque suisse : elle permet d'investir quand on n'a pas de nation, ni la carte Investor (sans toucher néanmoins les célèbres 2 millions), mais surtout, vous pouvez obliger un joueur à s'arrêter sur la case Investor alors que son intention était d'aller au-delà (action conditionnée néanmoins à la seule condition d'une quantité suffisante d'argent à distribuer). J'ai l'impression que cette banque suisse corrige un défaut d'Imperial à 5 et surtout 6 qui faisait que parfois, un joueur pouvait rester longtemps sans nation. Cela n'avait pas forcément un impact sur le résultat final, mais en terme de plaisir de jeu, passer un moment un peu trop long sans nation, ça peut être un peu barbant.

Autre modification, la taxation. En effet, le joueur peut toucher quand même un retour sur investissement, même si les performances de la nation sont moins bonnes ou aussi bonnes que les résultats précédents. L'auteur propose toutefois une petite variante pour jouer la taxation comme dans Imperial.

Mais on retrouve naturellement les actions de base, les combats de un pour un, la course aux obligations des nations qui semblent promises à un bel avenir, etc...

Donc nous avons là des règles peu complexes quand on y regarde de près, rédigées clairement, qui rendent le jeu assez facile d'accès.

Durée de vie

Imperial 2030 semble plus ouvert, avec des positions moins resserrées. Les possibilités stratégiques sont plus nombreuses d'un océan à un autre, comme chinois et russes qui peuvent rapidement se dire bonjour près des côtes californiennes, ou bien encore les indiens qui auront la surprise de se retrouver nez à nez avec des brésiliens dans la zone australienne.

Le jeu est-il plus proche du wargame (reproche fait à Imperial 2030) pour autant ? Et bien c'est à vous de voir, mais avec moins d'usines (4 au lieu de 5...oui, je me répète), on produit potentiellement moins d'armes. De plus, Imperial se déroule à une période qui s'est achevée par un énorme conflit...c'est donc lui qui est plus orienté « wargame ».

Et puis avec Imperial 2030, on peut en avoir facilement une approche autre que celle d'un jeu de conquête armée : tanks et navires ne sont rien d'autres que des parts de marchés, de l'influence politique, de la mainmise par des grandes multinationales sur des pays en voie de développement : L'Europe en conflit armé avec la Chine ou l‘Inde, pour le moment, ce n'est pas d'actualité (et pourvu que ça dure d‘ailleurs), mais sur le plan commercial en revanche...

Les « champs du possible » étant plus vastes, Imperial 2030 a peut-être une durée de vie encore plus importante qu'Imperial, même si ce sont deux jeux dont les parties peuvent rarement ressembler à une autre (enfin surtout dans le cas d'Imperial 2030).

Le conseil de Jedisjeux

Et bien pour une fois...Débrouillez-vous ! Non mais c'est vrai quoi, vous attendez toujours tout sans rien faire, les pieds sous la table, laissant les autres se taper les règles et attendant d'être gaver de conseils...z'êtes fainéants quand même ! Et le plaisir de la découverte par soi-même alors ? Et puis j'ai le droit de garder mes secrets de stratège non ? (Et le premier qui rigole...).

De toutes manières, si vous avez déjà joué à Imperial, vous saurez rapidement comment agir efficacement, quand aux autres...et ben tant pis pour vous ! Faudra prendre vos propres décisions, et apprendre, comme des grands !

Juste un truc : comme à Imperial, le timing de vos choix d'actions est important…

Voilà, c'est tout.

Avis de la rédaction

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J'aime beaucoup Imperial, et autant vous le dire tout de suite, vous allez sûrement rencontrer des fans du jeu pas contents de voir leur chouchou concurrencé ainsi par ce qu’ils jugeront être un bis repetita en moins bien. Personnellement, je ne suis pas de cet avis et je dois reconnaître que ma préférence va maintenant vers Imperial 2030. Il offre plus d’options, il est plus chatoyant (j'aime bien ce plateau qui rappelle celui du Risk de mon adolescence) et moins austère qu'Imperial. Avec la prise en compte de grandes puissances émergentes, Imperial 2030 est un jeu qui propose une géopolitique-fiction vraiment intéressante...et souvent amusante. Le jeu tourne très bien, quelle que soit la configuration (Attention : comme à Imperial, je n'y ai jamais joué à 2). Bref, même avec le charme « vintage » en moins, Imperial 2030 est pour moi une amélioration d'Imperial. Bravo monsieur Mac Gerdts !
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