Les géants de l'île de Pâques.

Oh hisse ! Oh hisse ! Oh Hisse ! BRAAAAAOUM !….Oh zut…

Les géants de l’Île de Pâques, c’est une histoire de cailloux. Mais de gros cailloux hein, genre mégalithes, que l’on sculpte et érige pour appeler au secours les ancêtres quand les choses ne tournent plus très rond. Vous avez jamais fait ça ? En tout cas, C’était semble-t-il l’intention de ces malheureux Rapa nuis (parfois appelés Pasquans, mais rien à voir avec des fans de Charles Pasqua) qui auront lutté de toutes leurs forces, mais en vain. Oui, il leur aura fallu une énergie folle pour dresser ainsi dos à la mer plus de 600 statues dont certaines atteignent les 80 tonnes, sans compter celles abandonnées dans les carrières.

La 3ième « grosse boîte Matagot, après Kronos et Utopia, nous proposait de revivre cette épopée désespérée vécue par un peuple dont l’Europe a découvert l’existence bien plus tard. Six ans après la sortie de « Giants » , je vous propose de revisiter avec moi un jeu qui séduit encore bien des joueurs aujourd’hui.

« whaou ! beau matériel ! » 

J'ai entendu bien des commentaires sur Les géants, mais si il y en a bien un qui revenait sans arrêt, c'est celui du titre. Cela dit, j'ai eu droit aussi à :

- « Qu'est-ce qu'il est chou mon sorcier ! »

- « Et le mien alors ?! on dirait qu'il va nous faire une danse du feu et de la pluie »

- « M'oui, on dirait surtout qu'il est sous acides ou qu'il a marché sur un clou ».

- Ah ouaip ? ! Et mon chef ? T'as vu les muscles du gars ?

- Il a l'air de se la péter un peu quand même le tien hein… »

- « Ben le mien, on dirait avec ses bras tendus qu'il va te faire un calin….ou alors, c'est pour transporter du bois » ….

- « Ben moi, mes villageois, avec leurs grosses masses, on sent qu'il vaut mieux pas leur chercher des poux dans la tête hein, z'êtes prévenus »…

Enfin bref, vous l'aurez compris, vous trouverez dans la boîte des figurines aux postures variées. Mais ce n'est pas la seule richesse du matériel : nous avons notamment des caches aux illustrations agréables et toutes différentes, plein de petites statuettes de moaïs disponibles en 3 tailles. De même vous disposez de trois modèles de coiffes (des sculpteurs stylistes ? ), un plateau très élégant aux couleurs agréables, des marqueurs tribaux en forme de masque, et même des petits rondins de bois (en plastique)…non, vraiment, nous sommes gâtés.

Un petit bémol quand même : certes, le problème fut corrigé ensuite par l‘éditeur, mais pour clipser les coiffes, on a comme un petit soucis. En ce qui me concerne, j'ai un truc simple : j'utilise de la patafix, et hop ! On remarque rien.

Le clan bleu : ils ont l'air décidé non ?

Le clan bleu : ils ont l'air décidé non ?

Le clan jaune est prêt pour sculpter, charrier, ériger...bref pour transpirer.

Le clan jaune est prêt pour sculpter, charrier, ériger...bref pour transpirer.

Enchères, pose et transport…

Bon, je ne vais pas vous raconter toutes les règles, elles sont sur le web et puis il y a la fiche pour cela, mais je vais mettre l'accent sur les moments critiques du jeu et essayer de faire ressortir les principaux problèmes qui vous attendent.

Le but du jeu est de marquer plein de points en amenant des Moaïs sur des Ahus et si possible les coiffer.

Un tour se décompose d'une phase d'enchères, une phase de pose, une phase de transport, une phase de retrait… Et on recommence. Plus thématiquement, on va dire que l‘on sculpte, on transporte du Moaïs ou des coiffes, on dresse éventuellement les Moaïs (toujours dos à la mer), on nettoie le terrain et puis on renvoie tout notre petit monde à la maison pour se reposer.

Une équipe aux compétences diverses

Et voilà nos p'tits gars en action. Notez qu'ils s'aident de rondins de bois, et qu'un villageois jaune est venu donner un coup de main...

Et voilà nos p'tits gars en action. Notez qu'ils s'aident de rondins de bois, et qu'un villageois jaune est venu donner un coup de main...

Pour ce travail harassant, chaque joueur dispose d'une tribu (ou d'en clan, comme vous voulez) avec un chef, quelques villageois (et il faudra en recruter d‘autres durant la partie), et un sorcier. Le sorcier est polyvalent. Bien le jouer à l'endroit qu'il faut au bon moment est une des clefs de la victoire. En effet, alors qu'il peut être utilisé comme un simple porteur-villageois, il a aussi des dons pour recruter des porteurs supplémentaires au village, pour sculpter une coiffe (il est le seul à savoir le faire), ramener un marqueur tribal , ou réserver un Ahu, et même… tailler des arbres (oui, le déboisement de l‘île, c‘est la faute des sorciers !).

Vu que chaque joueur ne possédera en tout et pour tout qu'un sorcier, ce dernier ne pourra pas faire tout ça en même temps (la sorcellerie a ses limites). Vous devinez donc qu'il y aura un choix de placement du sorcier difficile à chaque tour.

Mais heureusement, il y a le chef. Aaah, le chef ! Un gros costaud tout en muscles, mais il a un cerveau aussi le type. Ainsi, s'il s'avère bien utile pour faire avancer toute taille de Moaï, il peut se faire sorcier…en brisant une tablette Rongo. Et là, lui aussi peut recruter, couper du bois, etc…

« Les tablettes quoi ? »

Rongo. On les obtient en jouant devant le paravent un marqueur tribal, et ce pendant la phase de pose. Les tablettes Rongo peuvent donc transformer votre chef en sorcier, mais aussi vous donner l'avantage en cas d'égalité sur les enchères. Et puis…une demie-tablette Rongo peut aider votre mémoire défaillante.

« Ah bon ? Comment ça ? »

Et bien, une fois un Moaï amené sur un Ahu, le joueur marque sa propriété avec une tuile à sa couleur…mais tournée coté verso, c'est-à-dire couleur cachée. Si maintenant il veut placer une coiffe sur son moaï, il doit se souvenir de l'endroit exact, sinon il peut très bien coiffer un moaï adverse. Alors, dépenser une tablette permet de contrôler secrètement une tuile emplacement. Le jeu propose une variante qui évite ce genre de problème, mais finalement, c'est plutôt rigolo comme ça, en ménageant le suspense du score et en obligeant les joueurs à se montrer vigilants.

Le clan rouge vient d'ériger un moaï de taille 3...ça va faire la fête au village ce soir...

Le clan rouge vient d'ériger un moaï de taille 3...ça va faire la fête au village ce soir...

« Like à rolling stone! »

Une fois le Moaï sculpté, il faut à présent l'acheminer vers un Ahu. En créant un réseau de porteurs, vous allez déplacer un colosse de pierre vers un Ahu ce qui vous rapportera des points (variables selon la taille du Moaï et du multiplicateur), avec un bonus si vous parvenez également à le coiffer). Evidemment, même avec votre équipe au complet, cela pourrait prendre beaucoup de temps. Mais en plaçant des rondins de bois, vous pouvez accélérer le mouvement (et la déforestation). Mais surtout, il est parfaitement autoriser d'utiliser les porteurs des autres joueurs, sans leur demander l‘autorisation. Toutefois, cela leur fera gagner des points de victoire Dans une partie, il n'est pas rare de voir un joueur marquer 25 à 30 points grâce aux Moaïs acheminés par ses adversaires lorsqu'ils utilisent ses villageois.

« It's à long way, to the Ahu… »

L'auteur ne nous a pas facilité la tâche car il n'existe qu'une seule carrière d'où sort chaque Moaï (c'était vrai aussi dans la réalité) et les emplacement les plus rémunérateur en point sont les plus éloignés. De même, il n'y a qu'une carrière de coiffes et les bonus les plus forts sont naturellement à l'autre bout de la carte.

Si vous ne parvenez pas à amener un Moaï en un tour vers en un Ahu, il faut alors le laisser sur place. Il est vivement conseiller de le marquer avec un marqueur tribal (« Pas touche les gars, c'est à moi »)…à condition d'avoir encore un de ses marqueurs derrière votre paravent. Soyez donc prudent au moment des enchères. Sinon, et bien un Moaï sans maître, comme une coiffe d'ailleurs, est à la merci de gens indélicats qui pourraient bien s'en emparer.

Le groupe "Rap de Nuit", autrefois appelé NTM (Nique ton Moaï) mais c'était déjà pris, en concert . Bon c'est histoire de vous montrer d'autres figurines...

Le groupe "Rap de Nuit", autrefois appelé NTM (Nique ton Moaï) mais c'était déjà pris, en concert . Bon c'est histoire de vous montrer d'autres figurines...

Finalement, Les géants de l'île de Pâques est un jeu de réseau, mais un réseau qu'il faut reconstituer à chaque fois, car en fin de tour, on retire tous nos habitants, les bois utilisés et zou, on recommence ! La pose progressive des porteurs n'est donc pas exempte de tactique, car il ne s'agit aussi de ne pas trop faciliter le travail de vos adversaires.

Subtilité finale.

Ah oui, parce que je vous ai pas dit : La partie s'arrête quand un joueur n'a plus de socle marqueur de propriété pour poser un Moaï.

Alors, évidemment, cela autorise bien des stratégies.

-Viser les Ahu à fort bonus de Coiffe, c'est bien, Ils ont pas loin de la carrière des Moaïs, mais ils rapportent souvent peu de points, car dans ce cas là, on amène le plus souvent des Moais de taille 1…et ils sont placés loin de la carrière des coiffes.

- Viser les Ahu à gros multiplicateurs….cest bien, mais si c'est pour y amener un moaï de taille 1, c'est moins intéressant. Par contre un Moaï de taille 3 sur un multiplicateur 9 ou 10, évidemment, vous allez y passer du temps, mais ça incite ensuite à effectuer une petite danse de la joie une fois la statue en place. Toutefois, cela ne veut pas dire que la victoire est toute proche. J'ai vu un joueur gagner une parties sans amener de gros Moaïs, mais en posant rapidement toutes ses tuiles propriété, avec Moaï de taille 1, un Moaï de taille 2 et quelques coiffes bien lucratives en points.

Oui, le timing par rapport aux réalisations de vos adversaires joue un rôle important.

Les Géants de l'île de Pâques est dans cette catégorie de jeux pas si anciens que cela, aux mécanismes stimulants et qui mériteraient d'être un peu plus présents sur nos tables encombrées de nouveautés dont on se lasse parfois bien vite.

Les Géants de l'île de Pâques ? Une valeur ludique refuge.

Une île...entre le ciel et l'eau.

Une île...entre le ciel et l'eau.

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