Petite histoire d'une addiction ludique

Dans des commentaires rédigés après une ou deux parties, je lis parfois "ce jeu est vraiment addictif !" avec un enthousiasme touchant ; Oh, je jette la pierre à personne car, par facilité ou habitude de lecture, j’ai sans doute dû employer moi-même cette expression à l'occasion. Mais je ne peux m’empêcher de sourire quand je lis cela dans un avis, comme sans doute certains joueurs de Magic, des rôlistes qui ont un perso depuis des années, des pratiquants assidus du Go ou de Poker, tant je crois que les termes "d’addiction à un jeu" sont trop souvent employés à tort et à travers, surtout dans le monde des gamers actuels. Non pas que je soupçonne certains de ne pas savoir ce que signifie l’addiction AU jeu, mais parce je crois que beaucoup de joueurs d’aujourd’hui sont pour la plupart de grands "zappeurs", et ne réalisent pas vraiment ce que veut dire avoir une addiction à UN jeu précis.

Je ne vais pas me hasarder à vous donner une définition de la chose, mais plutôt vous donner un petit exemple de la manière avec laquelle un jeu devient, progressivement, une véritable structure obsessionnelle de votre vie.

La découverte

J'ai pris contact avec les Échecs vers l'âge de 10 ans, après avoir acheté un jeu d'Echecs par simple curiosité : un plateau un peu plus petit qu'un damier, des pièces étranges et différentes du jeu de Dames, cela m'avait intrigué. C'était un petit jeu en plastique, genre jeux de voyage, trouvé dans la boutique du village. Peut-être avais-je aussi envie de me singulariser car je crois que tout le monde savait jouer aux Dames par chez moi.

Au dos du carton d'emballage, on pouvait lire les règles, courtes et incomplètes : pas un mot sur la prise en passant, avec des règles du roque et des conditions de nullité de partie assez obscures.

Je me souviens avoir joué ma première partie contre une fille de ma classe à l'Ecole primaire. Je lui avais expliqué rapidement les règles (enfin, ce que j'en savais), et je la revois pousser inexorablement un pion blanc droit sur mon camp, puis déplacer les autres pièces comme des pions de Dames, ce qui m'a surement énervé au bout d'un moment.

Me voyant régulièrement penché sur ce petit échiquier dont les pièces s'emboitaient dans les cases, ma mère eu la bonne idée de m'acheter "Le guide Marabout des Echecs" ; L'exemplaire offert avait une vingtaine de pages coupées en leur milieu, et, très timide, je n'avais pas osé le dire. La partie du livre consacrée aux ouvertures du pion-Roi était sévèrement amputée, donc incompréhensible et qui sait, c'est peut-être pourquoi je fus plus tard essentiellement un adepte du pion-Dame avec les Blancs.

J'ai découvert dans ce livre que les débuts de partie avaient des appellations parfois exotiques et assez mystérieuses : Défense est-indienne, Partie espagnole, Partie écossaise, Défense sicilienne, Gambit de la dame, Gambit du roi, Défense Caro-Kann, etc... j'ai découvert aussi qu'il y avait eu des tournois et des championnats du monde qui avaient laissé une grande trace dans l'Histoire des Echecs. Pour la première fois, je lisais les noms et les exploits de joueurs qui m'étaient évidemment inconnus jusque là ; J'ai réalisé aussi que les plus forts joueurs depuis la seconde guerre mondiale venaient d'URSS (hormis Fischer évidemment)... et oui, nous étions encore en pleine guerre froide. Les rencontres au plus haut niveau de cette époque avaient donc un parfum particulier, surtout quand un tournois mêlait « occidentaux » et joueurs « de l'Est ».

Le début de l'addiction

Quelques magazines "Europe Echecs", issus d'une collection complète de septembre 1984 à décembre 2000

Quelques magazines "Europe Echecs", issus d'une collection complète de septembre 1984 à décembre 2000

Je me suis mis alors à jouer aux Echecs partout, à (presque) n'importe quelle heure, contre n'importe qui, jeune ou moins jeune. Je jouais même contre un petit jeu d'Echecs électronique que j'ai battu dés la seconde partie, après une première qui s'était terminée par la nullité. Ayant acquis une petite réputation (Heu...dans mon village hein...) j'étais celui qu'il fallait battre, et il n'était pas rare qu'au lieu de jouer contre un joueur, je jouais contre tout une équipe qui prodiguait des conseils à celui qui était sensé m'affronter. J'ai pris plus tard l'habitude de noter les coups, si bien que j'ai encore en ma possession des parties jouées il y a 30 ans. Je passais des journées entières assis seul devant mon échiquier. Ce dernier avait changé d'ailleurs, ayant trouvé dans une boîte de jeux traditionnels un plateau en feutrine aux cases noires et vertes, et des pièces...toujours en plastique.

Je rejouais des parties vues dans des journaux ou dans la revue Jeux&Stratégie découverte par hasard (ironie du sort, un exemplaire du n°8 avec toute la page de couverture coupée en deux là encore) pour essayer de comprendre les coups joués. Puis, j'ai découvert le magazine Europe-Echecs (une claque ! Je ne pensais pas qu'un tel mag pouvait exister), et aussi qu'il y avait des centaines de livres sur les Echecs, techniques, biographiques et autres... je me déplaçais plus quelques part sans avoir au moins un livre d'Echecs avec moi.

La pendule « made in USSR »...elle fonctionne toujours.

La pendule « made in USSR »...elle fonctionne toujours.

Après avoir fait enfin l'acquisition d'un jeu entièrement en bois (qui me prit quasiment toutes mes économies, soit quelque chose comme 130 francs), je me revois encore me promener l'échiquier sous le bras quand d'autres se promenaient avec un ballon où une raquette de tennis. L'un de mes adversaires les plus difficiles à l'époque fut celui qui me fit découvrir plus tard Fief. Il jouait des coups parfois bizarres et pouvait commettre de grosses gaffes, mais de temps à autres, il se montrait solide jusqu'au bout et pouvait m'infliger une cruelle défaite. C'est avec lui que j'ai commencé à jouer en limitant le temps de réflexion à un nombre de coups.

En effet, un copain de l'époque étudiant à Montpellier m'avait ramené une pendule « made in USSR », acquise dans un club d'Echecs. Même aujourd'hui, je la regarde encore avec émotion (toujours dans son emballage d'origine, un simple carton sans image, très soviétique quoi...) car j'avais vu le même modèle sur des photos de grands tournois.

Le point de non-retour ?

Et puis un jour, je suis arrivé en fac... et là, ce fut l'orgie échiquéenne. Si j'avais passé autant de temps le nez dans mes cours que sur un échiquier, je n'aurais sans doute pas été aussi long à réussir mes examens. A la cité U, ou dans des cafés, je rencontrais quasi-quotidiennement des joueurs d'une autre trempe que ceux de mon village d'origine. Certains savaient surtout déplacer les pièces, mais d'autres jouaient en club, et puis il y en avait quelques uns qui étaient tout simplement doués sans le savoir. Je tiens à dire au passage que question « don », ce n'était absolument pas mon cas, mais je savais mettre à profit mes longues heures « d'études » et l'expérience de nombreuses parties pour venir à bout de joueurs ayant à priori plus de facilités que moi. J'ai oublié beaucoup de noms (j'avais la fâcheuse habitude de noter seulement les initiales sur les feuilles de parties), mais pas la plupart des visages des joueurs qui me posaient le plus de problèmes, et surtout de ceux que je n'ai jamais pu vaincre !

Quelques livres d'Echecs, parmi ceux qui reposent  sagement rangés dans ma bibliothèque. Dessous, mon tout premier échiquier...en bois.

Quelques livres d'Echecs, parmi ceux qui reposent sagement rangés dans ma bibliothèque. Dessous, mon tout premier échiquier...en bois.

J'ai joué aux Echecs des journées et des nuits entières, mais aussi les veilles de Noël, de Nouvel an, le jour de certains examens, entre deux cours et même pendant, en rentrant du pub un peu cuité, dans des escaliers, dans un train, sous une toile de tente, dans une salle de garde à l'armée, dans un jardin public, sous la pluie, allongé dans un lit avec 39 de fièvre, etc... passer une journée sans m'installer devant un échiquier pour étudier une partie, une variante d'ouverture ou simplement jouer, me paraissait inconcevable, et lorsque cela m'arrivait forcément, j'en devenais un peu grognon.

Mais ça ne me suffisait pas. A coté d'autres activités ludiques (Fief, Zargos, etc...) j'ai commencé à jouer des tournois d'Echecs par correspondance, un peu tombés en désuétudes aujourd'hui je suppose, à cause d'internet. Un seule partie pouvait durer 3 mois jusqu'à un an, mais j'en jouais plusieurs en même temps, si bien que cela demandait une petite organisation... et une bonne réserve d'enveloppes et de timbres.

J'ai réalisé un jour que je pouvais jouer à l'aveugle (sans regarder l'échiquier quoi... je désignais mon coup par les repères orthonormés pour dire à mon adversaire quels coups je jouais). Je savais que cela impressionnait ceux qui connaissaient peu le jeu, mais je savais aussi que n'importe qui pouvait le faire avec une bonne pratique. Des champions peuvent jouer des dizaines de parties ainsi, et en simultanées !

Durant cette période, que de parties disputées la goutte de sueur sur le front, des combats acharnés menés jusque tard dans la nuit. Que d'histoires silencieuses et intenses vécues dans ce monde en noir et blanc... chaque partie devenait pour moi une lutte sans merci, et une aventure intérieure qui reste secrête au regard des autres.

Curieusement, je n'aimais pas jouer en club. Il y en avait pourtant deux très bien à Montpellier, mais l'atmosphère qui y régnait me convenait pas. A cause de cela, je n'ai jamais eu de classement Elo. C'est aussi à ce moment là que je suis parvenu à construire un peu mon style : du genre opportuniste solide, avec parfois une propension à étouffer la position adverse, attendant tranquillement la faute.

Quelques bulletins du tournois des candidats de 1985, avec des feuilles de partie signées Kortchnoï et Beliavsky.

Quelques bulletins du tournois des candidats de 1985, avec des feuilles de partie signées Kortchnoï et Beliavsky.

Paradoxalement, mes joueurs internationaux préférés étaient principalement les joueurs d'attaque. A l'occasion du tournoi éliminatoire pour le championnat du monde disputé à Montpellier en 1985 (un de mes plus grands souvenirs de joueur), j'ai eu l'immense privilège de me faufiler parmi la presse et les joueurs avec une carte d'accréditation un peu bidon (marquée "Presse") fournie en cachette par un des organisateurs. J'ai alors croisé d'anciens champions du monde, comme monsieur Michaïl Tal, un demi-dieu pour moi (et d'autres), surnommé "Le magicien" en raison de sa capacité de lancer de brillantes attaques même à partir de positions qui semblaient bien mornes. Toujours aussi timide, je n'avais pas osé lui demander un autographe. De petite taille, il avait le faciès et le regard perçant d'un oiseau de proie, une voix profonde, et j'ai mieux compris pourquoi même des grands-maîtres internationaux pouvaient se sentir dans leurs petits souliers face à lui ; Contre Tal, sur un échiquier, le danger pouvait venir de partout.

Un choix à faire

Avec l'arrivée des ordinateurs d'Echecs de plus en plus performants (et à des prix acceptables), je me suis mis à jouer souvent contre des adversaires électroniques possédés par certains joueurs. Mais la saveur n'était évidemment pas la même, surtout que j'aimais bien aussi "jouer le bonhomme" : par exemple inciter un joueur habituellement prudent à attaquer, ou imposer un combat plus positionnel à un joueur d'attaque. Un ordinateur ne fatigue pas, n'exprime rien, n'est sensible à rien. Je me suis vite lassé de ces parties dénuées de psychologie, et auxquelles il manquait un peu d'âme.

Dans les années 90, je jouais un peu moins, mais je suis passé par une phase d'initiateur : j'ai expliqué les règles du jeu à des dizaines de personnes (certaines ont durablement accroché, s'achetant même des livres sur les Echecs), et participé à l'organisation d'un petit tournoi. Ce fut assez amusant car les résultats furent surprenants. J'ai gagné ce petit tournoi, mais j'ai commencé à réaliser que je ne progressais plus beaucoup, et qu'il me faudrait commencer à faire pas mal de sacrifices en termes de temps et d'efforts pour passer à un niveau supérieur. Et là, j'ai fait le choix de privilégier les études et d'autres activités de la vie, plutôt que de me transformer en no-life besogneux des Echecs (ce que j'étais faut bien le dire, un peu devenu), plongé dans un ouvrage traitant des finales de Tours, ou toujours en train de déplacer un Cavalier ou un Fou contre un adversaire de passage.

La fin d'une époque

En même temps, le monde des Echecs au plus haut niveau commençait vraiment à changer, et pas en bien : Les Maîtres et Grands-maître devenaient exigeants en termes financiers ; Kasparov et ceux de sa génération portent là une lourde responsabilité. Certes, les joueurs pros ont toujours voulu gagner de l'argent, et il n'y avait rien d'anormal à ça quand on songe aux Grands-Maîtres morts dans la misère au début du siècle dernier. Les joueurs soviétiques eux-mêmes étaient rémunérés par leur fédération ; Mais tout doucement, des tournois légendaires ont eu de plus en plus de difficultés à réunir les meilleurs comme autrefois. De plus, l'organisation du championnat du monde était devenue un vrai foutoir, avec deux championnats différents, des querelles incessantes, des matchs reportés ou carrément annulés et évidemment, des problèmes d'argent.

Ce qu'il m'en reste

Ce que j'ai toujours aimé dans les Echecs, c'est le coté chevaleresque, les parties épiques, le respect de l'adversaire, la victoire pour l'honneur, l'humilité dans le victoire comme la défaite. Il y avait un coté « art martial » dans les Echecs d'autrefois qui me séduisait, mais qui commençait à disparaître au plus haut niveau : et comme celui-ci fini toujours par influencer les niveaux les plus modestes...

Je crois que dans le fond, j'étais un de ses multiples amateurs romantiques du jeu, très éloignés du mercantilisme désormais ambiant.

Si bien que je me suis progressivement désintéressé de l'actualité, des joueurs... et finalement du jeu lui-même. C'était l'année 2000. Je n'ai plus joué une partie d'Echecs sérieuse depuis.

Mon addiction s'est éteinte tout doucement. Il m'arrive encore de jeter un œil sur un problème d'Echecs dans un journal, mais sans plus. Je suis toujours influencé par les Echecs dans ma façon d'appréhender un jeu : Par exemple, il me faut un minimum de challenge ou bien encore je rechigne toujours un peu à reprendre un coup joué.

Mais quand je marche sur un sol carrelé en noir et blanc, je ne pense plus à des déplacements de Roi, de Pion ou de Cavalier. Je n'ai plus de livres d'Echecs sur ma table de chevet, et je ne rêve plus la nuit d'une partie difficile, jouée pendant la journée. J'ai commencé à oublier certaines dates de Championnat du monde, de tournois fameux, les résultats précis, les premiers coups de certaines ouvertures, etc... j'ai bien plus en mémoire les jeux de Wallace ou de la gamme Ystari maintenant. Revenir aux Echecs ne me tente pas particulièrement... je n'ai plus l'esprit à cela et puis j'aurais trop peur de jouer comme une buse.

Et vous ...?

Voilà...pfiou ! Je crois que j'avais encore jamais raconté cela à personne... mais j'ai pensé que des joueurs comprendraient mieux.

Vous promenez-vous toujours avec, dans un sac, ce qui est pour vous LE jeu qui évince les autres jeux et d'autres "activités normales" d'un être humain équilibré ? Prenez-vous régulièrement des notes pendant vos parties ? Étudiez-vous LE jeu dès que vous avez un peu de temps libre ? Sacrifiez-vous, depuis des années et en dépit du bon sens parfois, des heures, des journées et des nuits sans sommeil toujours pour CE jeu ? Influence-t-il votre caractère, votre façon de jouer à tout le reste ?

Si oui, vous avez une idée de ce qu'est l'addiction à UN jeu. Si non, je me permets alors de vous donner un petit conseil amical : Évitez d'employer facilement le mot addictif dans vos avis, sous peine de continuer à faire gentiment sourire... ;-)

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Il y a 17 commentaires

jedisjeux
By Shanouillette | 10 janv. 2013 à 00:08

respect.

Je suis restée 4 ans avec un joueur classé, obsessionnel lui aussi. Il avait tenté de me convertir et le peu que j'avais appris était selon lui super, mais bon, j'ai toujours eu bcp de mal avec l'affrontement psychologique direct que le jeu sous-tend. je sais pas, y à un truc qui passe pas.

Et les ambiances aux tournois ... o-0

Bref.

Tout ce qu'il me reste aujourd'hui, c'est un dégout des echecs, et l'obsession.. de ne pas jouer à un jeu qui y ressemble. :/

en tout cas, quand est-ce qu'on relie un bel article comme ça signé Zep ?

jedisjeux
By loic_425 | 10 janv. 2013 à 19:23

en tout cas, quand est-ce qu'on relie un bel article comme ça signé Zep ?

- Shanouillette

le zeptien est un fabuleux conteur, mais déjà rien qu'avec les comptes-rendus de partie, c'est monstrueux les écrits que l'on a du monsieur sur jedisjeux 8) (567 CR de parties)

jedisjeux
By Shanouillette | 10 janv. 2013 à 19:56

le zeptien est un fabuleux conteur, mais déjà rien qu'avec les comptes-rendus de partie, c'est monstrueux les écrits que l'on a du monsieur sur jedisjeux 8) (567 CR de parties)

- loic_425

oui j'en ai dejà lu quelques-uns !! mais pas tant !

[ "m'épatant" pourrait t on entendre :D ]

mais les articles c'est encore autre chose..

comme disent les djeuns de fessebouc: j'aime !

jedisjeux
By Le Zeptien | 11 janv. 2013 à 14:25

Laissez-moi deviner : vous faites un concours pour savoir qui va me faire rougir le premier.

Merci pour vous appréciations en tout cas... ;)

jedisjeux
By Bardatir | 11 janv. 2013 à 14:59

Voila une très belle explication de ce qu'est l'addiction.

Encore une fois, le jeu revêt un caractère social, et l'addiction prend un aspect positif.

En tout cas, ça doit jaser pour les joueurs qui jouent contre toi avec un tel passe ! :)

jedisjeux
By Krissou | 11 janv. 2013 à 15:37

C'est une très belle histoire et avec ça on comprend très bien ce qu'est l'addiction :)

Merci pour ce récit :)

jedisjeux
By Le Zeptien | 11 janv. 2013 à 19:04

Voila une très belle explication de ce qu'est l'addiction.

Encore une fois, le jeu revêt un caractère social, et l'addiction prend un aspect positif.

En tout cas, ça doit jaser pour les joueurs qui jouent contre toi avec un tel passe ! :)

- Bardatir

Oh tu sais, peu sont au courant de cela, à part ceux qui auraient éventuellement lu ma petite bafouille.

....et demain, à 14 heures, 4 joueurs vont se retrouver autour d'un jeu particulièrement velu, un jeu qui retrace une lutte impitoyable, un jeu qui me file des frissons rien que d'y penser, un jeu qui est maintenant une légende du card driven à plus de 2 joueurs, un jeu dont ma dernière partie remonte à plus de 4 ans, un jeu dont le thème me donne immédiatement l'envie de prendre un bouclier, une sarisse, un casque et de mettre une jupette, un jeu épique riche en Histoire (avec un H majuscule), un jeu dont j'ai déjà conté une partie, voir là : http://www.jedisjeux.net/successors?mod ... ie_id=1887

Oui...SUCCESSORS, le retour de la vengeance !

Il me tarde, mais il me tarde, vous pouvez pas savoir. Le plateau est déjà installé sur la table, c'est vous dire... xD :D

jedisjeux
By Aralf | 11 avr. 2013 à 00:26

Bonsoir,

j'ai lu cet article avec délectation et énormément de surprise tant votre parcours et votre histoire est proche de mon vécu - vous en certainement beaucoup plus brillant que moi !

J'ai appris les échecs à peu près pareil avec la malette de jeux qui comprenait les petits chevaux, les dames, le nain jaune etc... et l'échiquier avec sa simple page de règle ! J'ai joué avec mon frère qui découvrait comme moi, avec un ou deux copains, puis un petit échiquier électronique. Ensuite comme vous la Fac à Montpellier et plus de temps dans un bar à jouer que sur les bancs de la Fac de Sces éco ! Inscrit au club Alekhine de Montpellier juste une année (aucun accueil, ambiance trop élitiste pour un petit joueur comme moi...); j"ai aussi assisté au tournoi des candidats de Montpellier (c'était donc vous le faux journaliste !)... amusant comme ces parcours se ressemblent. Ensuite à votre différence j'ai décroché complètement ne jouant plus qu'une partie très occasionnellement et je ne me suis remis aux échecs avec assiduité (addiction ?) que depuis 1 an dans un club près de chez moi (très sympa celui ci !)

De l'époque Fac de Montpellier je garde de merveilleux souvenirs; on jouait principalement dans un bar rue de l'Université "Chez Jules", vous avez peut-être connu, et cela m'a inspiré le texte suivant que je vous livre en mémoire de cette époque !

En vous remerciant d'avoir réveillé tout cela !!

Aralf

Chez Jules

Quand on allait Chez Jules

Le temps se suspendait

Noisettes et cafés

S’enchaînaient au comptoir

Ou sur les tables usées

L’échiquier sortait et les pièces glissaient

Fous noirs

Cavaliers blancs

Et le temps ralenti

S’étirait en journées

Jules le patron

Qui se nommait André

Baladait sur le zinc

Sa gueule hallucinante

De vieux clope trop fumé

Les plateaux de p’tis noirs

Poussaient sur les tables

Les cendars débordant

De rêves enfumés

Peu de Dames là-bas

Nous n’étions que des Rois

Pour faire danser le Roque

Aux Tours de bois poli

Nous n’étions que des Fous

Qui conquérions le monde

En oubliant souvent

L’heure des cours de Droit

Les théorèmes matheux

Ou les Sciences-éco

Mais que le monde est vaste

Quand il tient tout entier

Sur un carré de huit

Que des Pions se disputent

La rue de l’Université

Etait en pente abrupte

Mais jamais je n’ai su

Dans quel sens elle montait

Ce vieux bistrot miteux

C’était ma Maison bleue

Mes Havres Gris

Et mon ivresse

Plus loin un bouquiniste

Echope d’un autre âge

Empilait pêle-mêle

Ses vieux livres et mes rêves

Fleuve Noir et S.F.

L’Âge d’or côtoyait

Quelques romans de gare

Le troquet fut vendu

Qu’est-il donc devenu

Un lounge ou un restau

Bien moderne et propret

L’estaminet n’est plus

Adieu donc les copains

Depuis longtemps perdus

Les cafés

L’échiquier

Les années ont glissé

Mais du mauvais côté

Le temps Fou triomphe

De mes blancs Cavaliers

jedisjeux
By Le Zeptien | 17 avr. 2013 à 18:49

Merci Monsieur le poète, merci. Merci d'avoir évoqué avec ces quelques vers une partie de ma jeunesse étudiante, car OUI, j'ai joué aux échecs au café "Chez Jules", rue de l'université, à deux pas de la fac de droit où j'étais inscrit. J'ai souvent fréquenté ce café et je me rendais aussi chez ce bouquiniste dont vous parlez (pour la SF notamment). j'allais également dans une petite rue juste à coté, qui portait le nom de rue du Cerf-blanc, car il y avait là une boutique de jeux (on peut encore en voir la pub dans des vieux numéros de J&S). On pouvait y acheter des jeux, mais aussi en louer. Tout une époque. Je revois encore les jeux International Team dans la vitrine.

La pendule USSR, c'est un copain inscrit au Cercle Alekhine qui me l'avait achetée. Et en effet, quel grand souvenir que ce tournoi des candidats à Montpellier !

Ah évidemment, aujourd'hui, cela fait un peu ancien combattant (ludique) que d'en parler, mais voilà quoi...c'est inoubliable.

Pour info, "Chez Jules" est devenu ensuite "l'Abbaye" (j'y allais souvent aussi). Ensuite, on m'a dit qu'un nouveau proprio était revenu à l'ancien nom. Il y aurait donc toujours un "Chez Jules". Bien qu'habitant Montpel', cela fait longtemps que je ne suis pas repassé par là. La Fac de Science éco et la B.U sont à Richter maintenant, mais la fac de droit n'a pas bougé.

Merci pour tous ses souvenirs...(larmette)

jedisjeux
By Aralf | 17 avr. 2013 à 21:06

En voilà un curieux et sympathique hasard ! Alors nous avons peut être joué ensemble à cette époque quelque part entre 1982 et 1987...

Je me souviens notamment de deux gars super sympa, un barbu étudiant en droit dont honteusement j'ai oublié le nom alors que nous retrouvions souvent autour de l'échiquier et un autre gars, toujours habillé de noir au point que nous le surnommions, de façon il est vrai très originale, "Black Man"... Ce n'était pas vous par hasard !!?

jedisjeux
By Le Zeptien | 18 avr. 2013 à 19:03

Réponse en MP... ;)

jedisjeux
By loic_425 | 19 avr. 2013 à 00:01

Réponse en MP... ;)

- Le Zeptien

Bon Di...... !!!

On veut savoir la suite nous !!! :D

Tu peux pas nous laisser sur la fin comme ça :)

jedisjeux
By slong | 19 avr. 2013 à 08:10

2 options:

-Le zep était barbu

-Le zep s'habille en noir

:D

jedisjeux
By Lapinus Cretinus | 19 avr. 2013 à 14:55

ca va pas vous aidez beaucoup mais les 2 options sont valables :twisted:

jedisjeux
By Shanouillette | 19 avr. 2013 à 21:41

bin oui il suffit de regarder son avatar pfff... (quoi? Le Zep n'est PAS Hugh Laurie? On m'aurait menti?!)

jedisjeux
By Blue | 20 avr. 2013 à 09:05

bin oui il suffit de regarder son avatar pfff... (quoi? Le Zep n'est PAS Hugh Laurie? On m'aurait menti?!)

- Shanouillette

nan, c'est un concombre de l'espace métamorphe .

jedisjeux
By Le Zeptien | 20 avr. 2013 à 12:09

ca va pas vous aidez beaucoup mais les 2 options sont valables :twisted:

- Lapinus Cretinus

Oui, encore un peu parfois, mais à l'époque, une seule option me correspondait vraiment.

Dites, au fait, ça va ? On vous dérange pas trop ? vous avez rien d'autre à faire ?

2 grognards des Echecs de "Chez Jules" peuvent échanger tranquillement quelques souvenirs quand même non ? xD :P