God's Playground

11 juil. 2012 | par Le Zeptien

Spécifications de la partie


Nombre de joueurs
3
Date
11 juil. 2012

Spécifications du jeu


Nombre de joueurs
à 3 joueurs exclusivement
Âge
à partir de ans
Durée
180 minutes
Date de sortie
1 janv. 2010
Auteur(s)
Martin Wallace
Editeur(s)
Phalanx Games

Scores

# Nom Score
1 palferso 39
2 unkle 41
3 Le Zeptien 28

Photos

Réagir à cette partie de jeu

Il y a 8 commentaires

Le Zeptien
By Le Zeptien | 11 juil. 2012 à 18:45

« Hoouuu ! Vendus ! Pourris ! Escrocs ! Dehors les incapables...et surtout les jésuites !»

Oui, c’est ventre à terre que messieurs Unkle, Palferso et votre serviteurs ont été contraints de quitté la Pologne hier soir, chassés à coups de fourche et de caillasse par ses habitants. Faut dire qu’on a laissé le pays dans un état, je vous raconte pas…

Bon allez, si, je vous raconte...

Des promesses politiques ou militaires, en Pologne comme ailleurs, tu te méfieras...

Alors voilà : Nous étions plein de bonnes intentions hier soir en entamant une nouvelle partie de God’s playground. A non Didiou ! ça allait barder, et nous étions décidés à nous unir confraternellement comme il sied à des nobles polonais afin de défendre notre belle patrie face aux envahisseurs divers comme les Ottomans, les tatars, les russes, les chevaliers teutoniques « aux oreilles de lapin » (dixit monsieur Unkle), les suédois, etc…

Après l’installation des premiers domaines, vint le temps des premiers combats.

Et ils ne vont pas être favorables à monsieur Palferso. Non, c’est vrai, les jets de dés ne font pas parties des compétences palfersiennes, enfin en tout cas durant le premier tour de cette partie. C’est sans aucun doute ce qui va le décider à se tourner vers la religion, et faire appel aux jésuites pour se faire pardonner de ne pas participer plus que ça à la défense du pays. Car je vais être clair, dans cette partie, monsieur Unkle et moi-même allions être les gardiens des frontières, alors que monsieur Palferso fut surtout un jésuite peu soucieux du sort de la Pologne. Nous l’avons entendu dire (je cite) :

« La Pologne à feu et à sang, c’est bon pour moi, et je peux regarder le spectacle des combats sans aucun stress ».

De mon coté, le début fut pas trop mauvais, avec des russes matés par mes soins, des Habsbourgs contenus et des tatars lattés par monsieur Unkle ce qui me rendait bien service. Par contre, la Prusse n’a pas inspiré grand monde et nos premiers gros ennuis vont commencer là. Les chevaliers teutoniques, les suédois puis les prussiens ne vont pas cessés de déborder, rendant la prusse infréquentable, la Grande Pologne invivable, et la Lituanie pas facile à tenir.

Nos « exploits » militaires et la défection au profit du religieux de monsieur Palferso nous ont amenés alors à jouer une partie baroque, avec des ennemis partout sur le territoire, des revenus à la limite du ridicule et peu de points marqués dans les « box ». Seule bonne nouvelle : Des troupes à moitié prix.

Avec tes nobles frères polonais (enfin, ceux qui daignent combattre), des accords tu passeras...

J’en ai marre de cette Grande Pologne, mais à un point, vous pouvez ne pas savoir. A chaque fois, je me dis « Bon, ce coup-ci, il faut que je fasse équipe avec un autre joueur pour la tenir face à ces "%ù*$*" (censuré) de Habsbourgs », mais à chaque fois, tout le monde se carapate. Pourtant, elle vaut le coup : suffit de donner du noble au Habsbourgs, en avoir au moins encore deux sur le terrain hop ! Les revenus grimpent. Hier soir, j’ai encore perdu un domaine là-bas, un tout petit domaine, bien planqué, le tout premier quoi...bon, faut dire qu’avec le raz de marée final ottoman, nul espoir était permis, mais quand même, doit bien y avoir un moyen de la rentabiliser cette région.

Ce manque « d’entente » allait aussi peser sur l’Ukraine. J’allais me livrer avec monsieur Unkle à un duel à distance au dernier tour pour empêcher les Tatars de passer (mais surtout pour marquer les points). Avec un brin de réussite, je suis bien parvenu à renvoyer les tatars dans leur embut…sauf que de l’autre coté, en Petite Pologne, l’investissement en troupes et nobles fut trop faiblard pour stopper les ottomans déjà présents): ces derniers vont alors déborder en Ukraine et détruire 5 domaines (dont deux des miens), laissant toutefois en place le dernier domaine de monsieur Unkle avec une cité. Il aurait peut-être mieux valu laisser passer les tatars, je sais plus…la Pologne d’hier soir me fit penser au Titanic, mais un Titanic qui aurait heurté un iceberg à bâbord, à tribord, à la poupe, à la proue, partout... et les traités de paix me direz-vous ? Les finances catastrophiques des trois joueurs n’incitaient pas beaucoup à les jouer. Bon, le jésuite, fallait pas compter dessus, et monsieur Unkle et moi préférions garder de l’argent pour recruter. Mais peut-être aurions nous du faire quelque chose de ce coté là...

De l’action « Confédération », au Sejm tu te vengeras...mais pas trop.

Ah oui, j’oubliais de vous dire : J’ai joué deux fois l’action Liberum Veto. Je sais, globalement, ce n’est pas bon pour la Pologne, mais la première fois, je n’étais pas au Sejm, et à la seconde, le jésuite Palferso avait 3 représentants. Comme je pensais qu’il garderait les points et qu’il était en tête, j’allais pas lui laisser 6 points de plus. Et puis le faux-frère Unkle, profitant de sa troisième place au classement, avait joué l’action Confédération sur un de mes domaines ! C’est-y pas honteux ça hein ? Alors paf ! Tout l’monde viré du Parlement ! ça c’est de la démocratie directe (et en pleine face). L’inconvénient, c’est que cela n’aidait pas à garder inviolé le territoire de notre chère patrie, et le manque de possibilité de « Poland fight back » se fît sentir.

Le plateau final offre une vision cauchemardesque de la Pologne dans laquelle il ne reste presque plus de domaine polonais, avec des ennemis partout : les ottomans étaient les pires, présents en force en Grande Pologne, Petite Pologne et en Ukraine. Je perds 11 points de domaine au dernier tour, monsieur Unkle un peu moins, monsieur Palferso bien plus mais il ne comptait pas en garder beaucoup... d’ailleurs, il termine avec aucun domaine ! Et c’est ainsi que le marqueur de monsieur Unkle, revenant du diable vauvert, passe in extremis devant delui de monsieur Palferso. Le jésuite-lâcheur-de-la-Pologne échoue finalement, mais de bien peu. Il a joué 4 fois l’action jésuite, mais à la différence de monsieur Tyrion dans une partie précédente, ce ne fut pas à chaque fois « à plein » : une action jésuite fut jouer histoire de marquer juste un point. Cela lui fit donc 22 points au total marqués ainsi.

De cette partie abracadabrantesque, des enseignements tu tireras...

Nous avons longuement discutés après cette partie au scénario dantesque (pour les polonais, parce que prussiens, Ottomans et le jésuite rigolaient bien) mais au combien intéressant et à suspense.

Les deux « militaires » auraient du clairement négocier pour répartir l’effort et éviter de se faire concurrence. Agir contre le « religieux » n’est pas simple par contre, mais en même temps, il ne lui sera peut-être pas facile de l’emporter, vu que question domaine, il ne doit pas s’attendre à des miracles sauf bon placement au début du jeu. Pareil pour les points dans les cases ennemies.

Mais je vais laisser à présent mes deux compères aborder les aspects stratégiques et tactiques, tant j’en ai perdu mon polonais hier soir face au désastre final. Au fait, j’ai bien recompté : Ce n’était que ma 5ième partie.

PS : deux petites anecdotes :

- Au moment de lancer les dés pour « Event », monsieur Palferso me demande « Pas de 1 et pas de 4 »... histoire de taquiner, je fis deux 1 et deux 4...

- Une infanterie seulement et trois touches à réaliser absolument ? Fastoche, les tatars et monsieur Unkle s’en souviennent encore...

Le Zeptien
By palferso | 11 juil. 2012 à 21:48

God's Playground est un jeu hautement moulesque et largement contre-intuitif. On n'y joue pas pour la gagne qui dépendra de circonstances qui nous échappent partiellement mais pour le plaisir de tenter d'être le plus fourbe et/ou le plus audacieux. Parler de stratégie est à la fois intéressant (tant le jeu tout en étant fun est fin et complexe) et vain (tant les choix aussi pertinents soient-ils seront très fortement modulés par les dés et les options heureuses ou malheureuses des uns et des autres). Quand une partie se joue à quelques points (et ce fut le cas de toutes mes parties entre les deux premiers), c'est Dieu qui joue et décide plus que les joueurs. ;)

Pourtant, Wallace réussit son pari: un jeu expérimental au souffle romanesque (God's Playground est l'adaptation du livre homonyme de Norman Davies).

-Expérimental de par le caractère incroyablement retors de la moindre action et de la perfidie de son système de vases communiquants (une merveille qui aurait pu être élevée au rang de chef d'oeuvre ludique si elle n'avait été aussi alambiquée probablement pour des raisons de respect thématico-historique).

-Souffle romanesque car Wallace parvient à trouver un équilibre incroyable et hautement instable entre les intérêts généraux, les intérêts personnels, la fatalité et l'obligation que l'on a, qu'on le veuille ou non, de s'y soumettre à tous peu ou prou donnant à la fois la sensation que l'on participe à une histoire dont les moyens que l'on a à disposition pour l'influer vont inexorablement contribuer à nous broyer en retour, l'histoire avec un grand H nous rappelant sans cesse que nous ne sommes que des pions alors que l'on se croyait roi.

Hier soir, on peut dire que l'on a vu qu'il était largement possible de gagner sans aucun domaine. Mais l'important n'est pas là. L'important est que je me suis vu grand en début de partie tant les circonstances cadraient parfaitement avec ce que j'avais pensé. Les dés ont roulé, Dieu a joué et mon édifice s'est effondré avant d'avoir commencé à s'édifier. Je suis entré dans les ordres et n'ai plus contribué à la défense de la Pologne, soufflant sur les braises de la discorde pour me venger des aléas d'un destin qui avait brisé mes rêves nourris d'orgueil. J'ai réuni les peuples opprimés autour de mon étendard de paix. Porté par leurs cris, j'ai dominé le Sejm et ai été victime de complots politiques de nobles polonais peu scrupuleux et jaloux de l'adhésion que me portait le peuple de Pologne, le vrai, celui des gens qui vivent sur terre et qui finissent sous elle, loin de ceux qui sous prétexte de lever des armées se croient les défenseurs d'une cause qu'ils ignorent et méprisent, ne poursuivant en définitive que leur propre gloire. Et j'ai fini par moi-même croire au discours que mon aigreur avait forgé de toute pièce, etc., etc., etc.

Tout ça pour dire que Wallace est un sacré auteur! ;)

Le Zeptien
By unkle | 12 juil. 2012 à 01:46

God's playground est a la fois un grand jeu et jeu pénible.

Facile: c'est un grand jeu car deux parties sont très différentes, tendues, et procurent (au moins jusqu’à la 4e) des sensations très diverses. Sur celle-la, le sentiment de défaite, d’annihilation, fut prévalent. Jusqu'au bout. Et ca se joue, comme toujours, à que dalle, à un jet de dés, à une misère. Certes, rétrospectivement, il est facile de refaire le monde, de refaire la Pologne, de comprendre nos erreurs (et d'aller a confesse tant le thème catho est présent).

Délicat: c'est un jeu qui est contre-intuitif. J'insiste mais les débordements, hautement prévisibles, sont pour moi inanalisables, et a base de "j'ai pas interet a defendre, ils vont se latter entre eux", légèrement pénibles.

A la fin, c'est le sentiment de plaisir qui domine assez nettement mais c'est dû à la compagnie ludique qui m'accompagne... C'est a la fois chouette et décevant. Après 4 parties, je sais que je ne souhaiterais y jouer qu'avec des joueurs ayant une idée forte des enjeux sous-jacents. En effet, les aspects meta-jeu sont extrêmement importants. On peut jouer a GPG sans, mais alors je crains que les jésuites y aient partie gagnée.... Ce qui pourrait être un dépucelage thématique.

Au final il me parait important que la moule l'emporte, tant sinon le script est fort. Après, au delà de ça, on a affaire a un grand Wallace. Et c'est un anti-fanboy qui parle.

Edit: rien qu'en voyant les photos on voit bien que c'est la merde....

Le Zeptien
By palferso | 12 juil. 2012 à 08:50

Oui. Les jésuites impliquent aussi une nécessaire forte connaissance des enjeux sous-jacents des rouages du jeu. Comme un peu tout à G'sP, ils sont fortement contre intuitifs (par exemple, dans le dernier tour, je construis 6 ou 7 domaines dont je sais qu'ils sont destinés à être rasés juste pour faire disparaître du plateau une douzaine de mes pions pour laisser mes adversaires sans aucun appui même indirect). Autre cas entre beaucoup d'autres, dans la continuité du "j'ai pas interet a defendre, ils vont se latter entre eux" d'Unkle, on peut face à un adversaire qui parie justement sur le fait que les envahisseurs vont s'entretuer, avoir intérêt à aller par exemple "défendre" le territoire de cet adversaire juste pour déséquilibrer les débordements ultérieurs. Tout ceci on le voit bien est hyper retors (je construis pour que ce soit détruit, je ne défends pas chez moi car cela me servira plus que si je le fais, je défends chez l'adversaire car cela lui fera plus mal que si je ne le défends pas, etc.).

Peut-être plus encore que dans d'autres jeux effectivement, la différence entre un joueur expérimenté et des débutants se fera sentir ou bien un débutant face à deux joueurs expérimentés déséquilibrera à son insu bien plus aisément le jeu en faisant forcément pencher irrémédiablement à un moment ou à un autre la balance en faveur de l'un ou l'autre. La beauté de G'sP est la finesse de son système de vases communiquants (et il ne s'agit pas seulement des débordements) et c'est aussi sa fragilité puisque tout a des implications retorses influant en cascade sur différents aspects. Tout le défi pour des joueurs d'expérience consistera à jouer aux équilibristes pour s'en sortir mieux que ceux qu'ils vont à tout moment soit favoriser, soit défavoriser dans des proportions très variables.

D'ailleurs, il faut noter qu'Unkle a remporté toutes ses parties ce qui veut bien dire qu'il ne s'agit pas que de chance même si à G'sP elle a un poids certain et nécessaire, comme il l'a souligné justement, pour que le jeu ne devienne pas vite totalement scripté et insupportablement prise de tête.

Le Zeptien
By fdubois | 12 juil. 2012 à 10:05

Merci d'avoir pris le temps de rédiger et commenter ce CR. Ca fait bien plaisir à lire.

GPG est un jeu baroque qui ne se sort pas avec tout le monde ni n'importe quand. En effet, de part son gameplay pénible (4 tours de 16 phases), sa lecture stratégique peu évidente, l'exigence qu'il nécessite pour bien jouer et les règles qu'il faut relire à chaque fois (si l'on n'enchaine pas les parties) font que c'est un jeu à réserver à un publique averti.

Après, comme l'a si bien dit Palf, c'est un jeu qui nous fait vivre un truc, qui nous raconte une histoire et ca c'est plutôt sympa. Je lui trouve les mêmes reproches qu'Unkle : l'annihilation des envahisseurs aide carrément les défenseurs de la Pologne.

Le Zeptien
By Le Zeptien | 12 juil. 2012 à 10:23

Je lui trouve les mêmes reproches qu'Unkle : l'annihilation des envahisseurs aide carrément les défenseurs de la Pologne.

Houla, je pense au contraire qu'heureusement, cette règle existe, même si elle peut sembler un peu artificielle, sinon beaucoup de parties seraient bien difficiles et verraient un quatriéme tour trop destructeur. C'est je pense nécessaire, comme les 10 sous minimum en revenu ou les troupes moitié prix en cas de présence ennemie.

Le Zeptien
By unkle | 12 juil. 2012 à 10:27

on peut face à un adversaire qui parie justement sur le fait que les envahisseurs vont s'entretuer, avoir intérêt à aller par exemple "défendre" le territoire de cet adversaire juste pour déséquilibrer les débordements ultérieurs.

Oui, clairement. C'est la aussi qu'on sent la nécessité de ramener un peu de moule au niveau des contre-attaques obligatoires (et la qu'on sent que MW c'est pas n'importe qui quand même...) sinon ça serait pénible. En plus en attaquant dans ce genre de cas, on va diminuer le nombre de cubes présents, et donc permettre une destruction plus grande.

J'ai tendance a penser que plus on connaît le jeu, plus la Pologne morfle et plus les scores sont petits. Du coup, l’annihilation des ennemis devient un mécanisme hautement pervers, comme l'a dit Palferso, mais aussi assez indispensable pour éviter la "tabula rasa" a chaque tour. Je ne peux qu'encourager fdubois a persévérer donc xD, car avec des joueurs avertis et pénibles, la défense de la Pologne, c'est du sport !!

EDIT: Grillé par le Zeptien !

Les dix sous, c'est aussi a mon avis pour permettre aux jésuites d'exister...

Le Zeptien
By palferso | 12 juil. 2012 à 12:39

J'ai même tendance a penser qu'il est fondamental que la Pologne soit embrasée pour que le jeu soit à la fois moins scrypté et donc en définitive (un peu) moins moulesque. C'est pour ça évidemment, comme le dit Unkle, que des joueurs experimentés joueront toujours plus ou moins (en fonction des différents contextes) cette option là. C'est d'ailleurs, sur un plan différent, un autre des innombrables effets retors de G'sP: un jeu sur la défense de la Pologne où l'on a intérêt à la voir morfler...