Maria

26 mars 2012 | par Le Zeptien

Spécifications de la partie


Nombre de joueurs
0
Date
26 mars 2012

Spécifications du jeu


Nombre de joueurs
2 à 3 joueurs
Âge
à partir de 14 ans
Durée
210 minutes
Date de sortie
1 janv. 2009
Auteur(s)
Richard Sivél
Illustrateur(s)
Richard Stubenvoll, Hans Baltzer, Andreas Töpfer
Editeur(s)
Histogame

Photos

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Le Zeptien
By Le Zeptien | 26 mars 2012 à 19:49

« Mariiiiaaa...Mariiiia, Mariiiaaaaa ! »

Non, rien à voir avec West side story, mais plutôt avec la guerre de succession d’Autriche au XVIIIème siècle, un conflit qui a inspiré ce jeu primé par nos amis gamers portugais, surprenant ainsi pas mal de monde. Pensez-donc : un jeu orienté wargame, avec un système point-to-point, ayant pour thème un conflit inconnu pour 95% des français, et uniquement pour 3 joueurs (2 à la limite)... quelle drôle d’idée de récompenser d'un "Jeu de l’année" un truc pareil ! Ici, personne n’oserait. Et pourtant...

Les 3 joueurs de cette partie connaissaient déjà Maria de l’éditeur Histogame, qui nous avait d’ailleurs gratifiés auparavant d’un Friedrich original par son système de combats et des problèmes tactiques qu’il imposait.

Je n’avais qu’une crainte : Prendre le camp de l’Autriche. En effet, je trouve que mener le camp de Marie-Thérèse n’est pas une tâche aisée : Lutter sur 3 fronts à partir de l’ Autriche (en Silésie contre la Prusse, au Nord contre la Saxe, à l’ouest contre les forces franco-bavaroises) et conduire efficacement l’armée d’Arenberg pour lutter contre la France à partir des futurs Pays-Bas présentent bien des difficultés selon ce que j’avais vu dans des parties précédentes.

Et ben paf ! Je vais avoir l’Autriche... Pour monsieur Tyrion, ce sera la France (et l’armée bavaroise) et monsieur Zhor, une fois de plus, mènera la Prusse (ainsi que la Saxe et l’armée Pragmatique).

Dés le début de l’année 1741, l’Autriche fut l’objet d’attaques à ses frontières. Normal me direz-vous. La Silésie se fit envahir par le prussien, pendant que les forces franco-bavaroises se jetaient sur Lidz. Le premier combat de cette partie s’est d’ailleurs déroulé à cet endroit, et l’Autriche va le perdre. La Saxe, très sure d’elle-même, ne fut pas en reste. Sur le front occidental, La France est rapidement montée au nord pour affronter l’armée pragmatique. Avec l’armée autrichienne d’Arenberg, je vais me montrer un peu plus attentiste, laissant mes deux adversaires régler leurs comptes. Et quels comptes ! Une série de combats et leurs conséquences vont faire perdre à la France 1/3 de ses effectifs ! Ce mauvais début va profondément démoraliser monsieur Tyrion. La France allait passer sur la défensive pour le reste de la partie, reculant peu à peu et perdant places fortes après place fortes. Il fallu même à monsieur Tyrion ramener en France l’armée commandée par Belle-Isle présente en Bavière.

En Silésie, la musique fut différente pour monsieur Zhor. Après une progression normale des prussiens, Neipperg parvint à s’infiltrer entre les troupes Prussiennes pour détruire leur ravitaillement. Certes, l’armée de Neipperg, coupés de son propre ravitaillement, se retrouvait pratiquement condamnée, mais la conquête de la Silésie connu alors un coup d’arrêt, si bien que la Prusse ne pu jamais complètement s’en emparer. De plus, j’allais infliger à Friedrich en personne une défaite qui le fit bien réfléchir.

Pour la Saxe en revanche, c’était la fête. Monsieur Zhor fit tomber de son escarcelle de nombreuses places fortes Autrichiennes. Une armée menée par Kheven-Huller accompagné de Bathyany ne parvint jamais à les affronter en terrain favorable. Je vais néanmoins menés quelques combats victorieux sur les troupes prussiennes en Silésie, si bien que monsieur Zhor fut assez inquiet (au regard des cartes qu’il avait en main) à l’idée que je pouvais insister. Je ne le fis pas, car la « couleur » nécessaire (cœur), m’était utile ailleurs.

Au dernier tour (la partie s’est achevée en 1743), je me suis retrouvé dans une situation assez paradoxale : J’avais les moyens de prendre des forteresses françaises (il me restait 3 ou 4 jetons à poser), mais pour cela, il fallait combattre, et affaiblir monsieur Tyrion. Or, l’Armée pragmatique n’avait plus que 2 jetons de victoire à placer, puis un seul. J’étais donc un peu coincé, ne sachant pas très bien comment agir : Vider la main de cartes tactiques du français, c’était donner la victoire aux prussiens. Mais ce dilemme ne va pas durer longtemps : Monsieur Zhor, en s’emparant d’une dernière cité française, va sceller une victoire obtenue grâce à l’armée Pragmatique.

Politiquement, la partie fut aussi favorable à monsieur Zhor. Nous ne sommes pas parvenus à provoquer la neutralité de la Saxe par exemple. Ma seule vraie victoire diplomatique fut l’élection Impériale.

Quelques remarques d’ordre technique. Dans cette partie, je vais cruellement manquer de certaines couleurs pendant les 2 premiers tours. Mes quelques carreaux vont disparaître dans un combat perdu, et pas moyen d’avoir du Pique. Par contre, du Trefle, en veux-tu en voilà. Seul problème, si vous examinez le coté Autrichien, vous verrez que le Trefle est secondaire, et mes adversaires semblaient éviter les provinces à Trèfle ou leurs abords comme la peste... je crois avoir pu faire un seul engagement, victorieux certes, mais en territoire autrichien et vite arrêté avec une réserve. Je vais toucher de nombreux Cœurs, d’où 2 belles victoires, dont une en France, une autre en Silésie. Le soucis, c’est que ce fut au même tour, et il me restait alors plus que deux petits Cœurs en main.

Tout cela pour dire que l’impact des cartes piochées (aléatoirement) joue un rôle non négligeable dans votre manière de diriger les opérations. Pour monsieur Zhor, c’est l’un des charmes du jeu. Il faut s’adapter à la main de cartes. Pour monsieur Tyrion, c’est un peu trop contraignant. Il commence aussi à se demander quel est l’intérêt d’avoir des armées puissantes. En effet, donner 4 points de carte pour recruter une armée lui semble bien excessif. Une armée de force 2 peut l’emporter contre une armée de force 8 à partir du moment où vous avez les cartes qu’il faut. Je crois d’ailleurs avoir gagné avec du 3 contre 7.

Evidemment, cela donne à réfléchir.

Pour monsieur Zhor, c’est un problème mineur, moins gênant peut-être que pourraient l’être des jets de dés, car une main de cartes au moins, cela se gère. De plus, les cartes réserves peuvent limiter la casse. Enfin, il est possible de ruser en acceptant de perdre 2 ou 3 troupes pour faire croire que l’on a plus la couleur nécessaire, attendre de recevoir de nouvelles cartes et contre-attaquer...

Bref, le jeu propose bien des souplesses. Maintenant, un joueur n’est pas à l’abris de souffrir d’un manque sur une couleur, puis d’en recevoir...quand il n’en a plus besoin. Là, elles peuvent alors servir pour le recrutement ou le jeu sur le tableau politique.

Si le suspense fut finalement de courte durée, cette partie fut néanmoins intéressante. Monsieur Tyrion a reconnu ensuite avoir commis une grosse erreur de placement, signe que le jeu sanctionne assez facilement les imprécisions. Il est donc exigeant, mais cela, nous le savions déjà depuis nos premières parties.

Malgrès ce, Maria reste selon moi une valeur sure, un jeu exigeant et thématique... bref, un incontournable (pour gamers) du jeu à trois.