Critique de 7

Le Mal, chacun le sait, peut prendre plusieurs aspects.

Sous les traits d'un Dom Juan ou d'un Diablo, il sait confondre séduction et emprise, sensualité et souffrance.

Mais loin de mes allitérations de bas étages, le Mal a réapparu sur terre sous la forme d'une boîte de jeu.

7 ( Prononcez ‘Seven') ne vous octroie que peu de temps pour reconstituer l'armure des vertus, et ses sept pièces éparpillées on-ne-sait où vous engageront parfois à suivre le chemin obscur…

Matériel

Le jeu de Marcin Podsialdo, publié chez Wolf Fang, se présente sous la forme d'une boîte carrée arborant un sceau mystérieux, sorte de blason ou de serrure aux aspects peu engageants.

En carton solide et glacé, la boîte promet un jeu épique. Son thermoformage permet de ranger un matériel pléthorique: nombreux sets de cartes, plateaux divers et variés, jetons, cubes, tuiles personnages…

Le monstre, pour être dompté, devra d'abord révéler les secrets d'utilisation de tout ce beau matos..

Mais surtout, prenons le temps d'admirer les personnages qui constitueront nos équipes de mercenaires... Magnifiquement illustrées dans un design Hero(t)ic Fantasy, les demoiselles aux postures langoureuses invitent à prendre la route à leur côté en dépit de tout danger... On se dit qu'accompagné de telles créatures court-vêtues, on aura, à défaut de victoire, quelque compensation en nature…

Règles

La règle, en Anglais, n'est pas des plus claires. La traduction française reste approximative, à la syntaxe parfois bancale. Il faudra y revenir plusieurs fois, malgré les illustrations et exemples à profusion, pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Mais qu'importe, on se languit de savoir comment vont être utilisées toutes ces jolies femm…euh, cartes, et comment on va pouvoir s'abreuver de cervoise à la taverne et, tout de même, comment renvoyer le Démon à ses chères Succubes…

Et c'est là que peu à peu les brumes se dissipent… 7 pièces d'armure, 7 portails à clore, de l'aventure en vue? Pas tant que ça… La mise en place s'avèrera fort laborieuse.

Le tour de jeu s'achevant lorsque tout le monde passe, et sachant qu'on peut disposer de 12 actions différentes, l'ennui guette le joueur qui aura passé précocement.

Le jeu est d'autre part desservi par une iconographie peu intuitive, ainsi qu'une terminologie diffuse: Renommée, Richesse, Puissance, Dons, Elixirs, Cataclysmes, Quêtes, Pêchés… Tout cela se mélange et s'interpénètre pour révéler au final un jeu d'optimisation à la mode très Allemande…

Deux phases: quêtes, puis revenus.

Pas d'esbroufe ni de combat, juste une dose homéopathique d'interaction et de perversité (cartes Pêché donnant lieu à des cataclysmes qui font progresser l'Ombre -système repris avec plus de finesse dans le récent Quête des Terres du Milieu de Koenickza-)

Quel dommage quand on s'attend à un jeu d'aventure, issu d'une production Tchèque que l'on peut imaginer indépendante et novatrice..

Durée de vie

La durée de vie des jeux prétendus coopératifs est une variable souvent aléatoire.

Ici, on ne sombre pas dans la directivité lassante et frustrante qu'un joueur expérimenté imprime parfois à des parties de Pandémie ou Ghosts stories.

Dans 7, le système coopératif est plus pervers, plus proche d'un Castle Panic : annihiler le Mal ensemble, certes, mais il n'y aura qu'un seul vainqueur ...

Les variantes (joueurs corrompus ou Incarner le Mal) ne rajouteront rien au jeu de base, à part peut-être une heure de plus pour achever une partie déjà bien longue...

Le conseil de Jedisjeux

Sous un thème fédérateur se cache en réalité un jeu très calculatoire, d'optimisation et de gestion.

Tout ceci fait plus penser à Dungeon Lords (autre créature de l'Est) qu'à Descent.

Mon conseil sera donc de ne pas s'évertuer à faire de 7 ce qu'il n'est pas: jouez-y en pensant aux termes Transmutation, Gestion, Opportunisme...

Avis de la rédaction

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L’avis d’Oscar Un jeu esthétique, mais très trompeur sur la marchandise. Peu de fun, beaucoup de calculs… Reste à trouver comment employer différemment toutes ces jolies femm…euh, cartes! (Décidément, j’ai du Mal!)
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