Critique de Desperados

Un joueur endosse le rôle du shérif, et lutte contre les autres, qui prennent le rôle de desperados...

Tandis que le Shérif court de ville en ville pour stopper la série de vols et holding up dans la région, ceux-ci planifient leurs attaques pour faire grandir leur butin. Pour cela ils ont le choix entre le vol de diligence, le Holdup de banque ou encore tricher au poker.

Le jeu reprend certains mécanismes de Roborally avec une gestion des actions programmées face cachées. Attention de ne pas vous trouvez dans le même lieu que le shérif ou c'est l'arrestation pour ce tour.

Matériel

Il est midi pile, la ville est calme, un peu trop calme. Le vent chasse un buisson sec qui roule au travers de la route. La rue principale est déserte. Je me cache derrière la vitre de mon bureau. Je suis sûr que c'est ici que la bande de hors-la-loi va attaquer la banque et je compte bien les arrêter.

Tout à coup, un groupe de trois hommes sort d'une ruelle et avance vers moi habillé d'un grand pancho et armé jusqu'aux dents. Et c'est maintenant que je choisis de lancer mes forces dans l'affrontement qui verra cette bande de Desperados jetés en prison. C'est un sale boulot mais c'est le mien.

J'ôte mon chapeau, pose mon poncho beige poussiéreux, pousse les portes à double battant grinçantes et me place à l'entrée du saloon. Tout le monde s'arrête de respirer tout comme le pianiste arrête de jouer pour regarder la cause de ce soudain silence. J'avance vers le bar et demande une bouteille de whisky avant de m'assoir à la table du fond de la salle.

Je pose ma boîte devant moi et soulève le couvercle découvrant un plateau magnifiquement illustré avec, une fois n'est pas coutume, une magnifique illustration sur le dos de celui-ci (inutile mais belle attention). Je sors le livret de règles ainsi que les tuiles de banque, celles de diligence et les tuiles rondes de poker. Le tout est de très bonne facture. Maintenant je sors les paquets de carte des joueurs constitués tous des mêmes cartes représentant chaque ville du plateau plus la carte saloon permettant de ne pas se déplacer. Elles sont de bonne qualité même si elles ne sont pas épaisses.

Puis mon regard se pose sur les 5 pions représentant les joueurs ainsi que leurs disques de bois permettant de marquer les attaques des desperados (ne cherchez pas le blanc, le shérif ne fait pas d'attaque).

Tout cela est plutôt bon sauf peut-être le socle en carton des deux diligences qui aurait pu être de meilleur qualité mais je chipote.

Règles

Je pose mes bottes de cuire poussiéreuses sur la table, me verse un verre de whisky, me bascule en arrière et commence à lire les règles du jeu observé par tous mes voisins de table intrigués.

Les règles en anglais et allemand seulement ne me découragent pas (l'éditeur a ajouté sur son site la version française des règles) et j'invite quelques curieux à se joindre à moi. Je les ai reconnu en certains des plus grands bandits recherchés de ce côté de mon club de jeu et les convie à jouer leur liberté au cours de cette partie que je mets en place. Je serais donc le shérif et eux les Desperados.

La règle est vite lue, claire et précise. Nous avons compris le principe mais il va quand même falloir faire un tour pour en comprendre réellement la mécanique.

Voici en quelques mots le fonctionnement. Je place mon shérif et ses adjoints sur le plateau où je veux, suivi des desperados qui placent leur pion dans leur ville de départ. À chaque tour d'une manche, je déplace les diligences selon leur itinéraire défini sur des tuiles puis déplace les adjoints si je le désire à raison d'un trajet vers une des villes voisines. Maintenant, je choisis la carte ville où mon shérif se déplace (face cachée pour ne pas indiquer aux desperados où sera mon pion lors de ce tour. Ensuite, les desperados peuvent parler, se montrer leurs cartes et décider de ce qu'ils vont faire avant de choisir une de leurs cartes placées face cachée définissant leur déplacement du premier tour. Puis ces étapes sont reproduites cinq fois.

"Et après", me demande mon voisin de table, un bandit vicieux du nom de Bobby la main dans le froc due à son habitude de tirer toujours heuu enfin vous avez compris.

Après, réponds-je, nous faisons une résolution des cinq étapes une par une. Si je suis dans la même ville que l'un d'eux, je confisque leur carte ville associée et ils ne participent plus pour le reste du tour. S'ils ont tenté un vol de diligence ou de tricher au poker à ce tour, ils y parviennent s'ils ont la majorité. En fin de tour s'ils obtiennent la majorité sur les villes avec une banque, ils parviennent à remporter la tuile associée.

Faite cela les cinq tours du jeu et je gagne si les desperados ne sont pas parvenus à faire leur quota de dollars (4000 par desperados). Sinon, mes adversaires gagnent et je n'ai plus qu'à me pendre de déshonneur.

Heuu mais c'est super dur de deviner où vont les joueurs puisqu'ils jouent face cachée. Et bien non. Le truc c'est d'écouter ce qui se dit (sans en avoir l'air), déduire leurs cibles, exclure les destinations des joueurs impossibles suite à la perte de leurs cartes villes lorsqu'ils sont arrêtés. De plus, chaque joueur peut annoncer un forfais (et un seul) et le marquer de son disque mais faisant cela, il indique pour cette manche son emplacement au shérif.

Sachant cela, il est bon de se dévoiler au début du tour ? Oui MAIS ce faisant, je peux déplacer mes adjoints pour gêner la majorité de ce joueur lors de la résolution.

Ha, ok alors il faut mieux attendre en fin de tour ?

Et bien non car ce faisant, je sais où vous êtes et donc je peux essayer de déterminer quelle banque vous cherchez à dérober en fin de round.

Oui donc il faudra jongler entre les deux ?

- exactement Billy Sterik (oui je sais, le jeu de mot est pourri mais bon c'est vendredi à l'heure où j'écris ces lignes alors on peut être indulgent).

C'est un jeu malin et qui permet de jouer jusqu'à six avec en équilibrage le besoin de faire plus d'argent qu'à trois ou quatre joueurs. En contrepartie, le shérif n'aura pas plus d'adjoints et devra donc laisser certains braquages se faire.

Durée de vie

D'une partie sur l'autre, le plateau sera toujours le même, les tuiles bien que placées aléatoirement ne changent pas la stratégie car les joueurs n'en connaissent pas la valeur.

Alors les parties doivent se ressembler non ?

Et bien non Trinita Rètepas (oui je sais celui-ci aussi est moyen). Chaque partie sera différente grâce à une gestion du shérif et à une façon de communiquer de Desperados différentes.

Alors ? Toujours prêt à risquer vos libertés ?

Attention toutefois à bien choisir votre shérif car j'ai eu vent d'une partie fadasse liée à un joueur ayant joué n'importe comment ce rôle crucial dans le jeu. L'idéal serait aussi que celui-ci mette un peu les formes en jouant son personnage pour ne pas tomber dans la le jeu purement mécanique ("tu vas sur quelle ville que je mette mes pions et contrer ta majorité" plutôt que "je penses me rendre à Red Cloud pour poursuivre mes investigations et tenter d'arrêter Billy et sa bande de hors la loi")

Le conseil de Jedisjeux

Shérif :

Analysez les dialogues des autres joueurs qui parfois, en disent trop sans s'en rendre compte.

Regardez quelles cartes chaque joueur a perdu les empêchant d'y retourner.

Desperados :

Attention à vos discutions. Il est facile de donner des indications au shérif sans vous en rendre compte.

Montrez vos cartes et essayez de cibler une diligence ou une table de poker pour avoir la majorité car le shérif ne manquera pas de déplacer au moins l'un de ses adjoints sur cette ville avant la fin de ce tour et donc de la résolution des attaques.

Dialoguez, dialoguez, dialoguez.

Avis de la rédaction

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Desperados est une bonne surprise. À la lecture des règles on devine un jeu simple, difficile à maîtriser mais dès le premier tour fini, les stratégies deviennent évidentes et le shérif se prend au jeu avec jubilation lorsqu'il arrête l'un voir plusieurs des bandits à leur grand désespoir. IL faudra quand même faire attention à faire jouer des personnes se mettant dans la peau du personnage et surtout ne jouant pas en solo au risque de voir les desperados incapables de gagner. c'est un jeu semi-coopératif, ne l'oublions pas. De même, il est important que le Shérif ait bien compris le système pour offrir aux despérados un défi digne de ce nom.
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