Critique de La Fureur de Dracula

Dans la Fureur de Dracula, il nous est donné de faire vivre de nouvelles aventures à certains des protagonistes du célèbre roman de Bram Stoker : un joueur tâchera de mener à bien (ou à mal, plutôt) la vengeance du comte Dracula, tandis que les autres endosseront le rôle des chasseurs qui s’échineront à déjouer les plans de ce terrible buveur de sang, le traqueront partout en Europe afin de lui livrer une lutte sans merci.

Matériel

Le matériel est de bonne facture, mais pour une boîte de "Fantasy Flight Games" et de son acolyte francophone "Ubik", on reste presque sur sa fin.

Le plateau est très agréable et les cartes également.

Les figurines sont assez bien réussies tout comme les nombreuses tuiles (bien qu’il ne soit pas forcément aisé de mémoriser leur rôle : la page des règles qui les décrit a été judicieusement placée au dos du livret de règles).

Par contre, le rôle difficile de Dracula aurait pu mériter un matériel plus adapté : il a certes une petite carte de l’Europe qui lui permet de prévoir ses déplacements sans que les autres joueurs puissent suivre son regard, mais dans l’absolu, il lui faudrait de quoi reproduire la situation du plateau : identifier la localisation des joueurs, son chemin, sa localisation actuelle et, bien entendu, disposer d’un paravent pour cacher tout ça aux regards indiscrets de ses détracteurs.

Cela peut se bricoler (une boîte de "Tigre et Euphrate" ou de "Himalaya", par exemple, vous fourniront tout le nécessaire), mais on aurait été en droit de s’attendre à trouver tout ceci dans la boîte.

A noter que la version française est loin d’être superfétatoire, étant donné la grande quantité de cartes au texte assez long et rédigée dans une langue relativement recherchée.

Qui plus est, ces cartes devant souvent rester secrètes, un non anglophone jouant à la version originale passerait un temps non négligeable de sa partie le nez plongé dans des traductions.

Règles

Les règles essentielles ne sont pas à proprement parler complexes et les aides de jeu sont du reste des auxiliaires très efficaces de la personne devant les expliquer à ses comparses.

Mais leur structure – pourtant logique – ne les rend pas forcément aisées à assimiler.

On pourra s’y perdre et surtout avoir du mal à assimiler tous les petits détails qui sont nécessaires au bon déroulement et au piment du jeu.

Comme dans nombre de jeux possédant des cartes, un grand nombre de situations suscitées par ces cartes ne sont pas prévues dans les règles : les cas particuliers sont nombreux et pas tous traités.

Les FAQ sont donc de rigueur, ce qui gênera à n’en pas douter les adeptes des règles épurées : on a, de toute évidence affaire ici à des règles truculentes et mordorées (oui, parfois, j’ai des adjectifs assez peu adéquats qui sortent, mais tant pis), voire même "churrigueresques".

Les effets des cartes peuvent être très puissants.

Des plans échafaudés semble-t-il brillamment pourront s’effondrer par la seule grâce d’un évènement déclenché opportunément par un adversaire, ce qui peut faire grincer des dents les personnes omettant d’établir un plan B, un plan C, un plan D…

Qu’on se le dise, les règles sont faites pour que les joueurs connaissent de nombreux rebondissements, favorables tant aux chasseurs qu’au comte lui même.

Il faut en être conscient avant d’entamer une partie et vous serez alors prêts à vivre une histoire dont vous serez loin de maîtriser les complexes écheveaux. Mais n’est-ce pas le dur destin des chasseurs du serviteur du mal ?

Durée de vie

La grande variété de cartes, leur nombre important, leur arrivée dans un ordre aléatoire, tous ces éléments assurent un grand renouvèlement de parties.

C’est paradoxalement le talon d’Achille de ce jeu : un certain ordre d’arrivée des cartes pourra se traduire par une série d’évènements aboutissant par exemple à une défaite bien trop rapide de Dracula, laissant un goût amer (celui du sang caillé) dans la bouche de tous les joueurs, alors qu’un autre ordre permettra de vivre une partie tendue, aux rebondissements variés, palpitants pour tous les joueurs, voire même, n’ayons pas peur des mots (bouh ! ouh, il fait peur, ce mot), épique.

Bref, une première partie ratée peut être liée à un enchaînement fâcheux d’évènements (euh, que cela n’empêche pas pour autant les joueurs de se remettre en cause, hein ?).

Une autre source de renouvèlement des parties peut venir, et c’est heureux, des actions des joueurs : un Dracula agressif sautant nuitamment sur tous les chasseurs égarés ne donnera pas la même partie qu’un Dracula fuyant au loin et tâchant de semer ses petits vampirounets adorés dans des abris bien protégés.

Des chasseurs se lançant sur les traces du comte la fleur au fusil vivront des émotions différentes de chasseurs plus calculateurs et cherchant à mettre tous les meilleurs éléments de leur côté avant de véritablement lancer la traque.

Bref, faites appel à votre imagination, à votre créativité, et ce jeu vous le rendra bien.

Le conseil de Jedisjeux

Un peu comme à "Descent", il importe que le joueur menant le destin de Dracula maîtrise parfaitement les règles.

Les autres pourront se permettre de découvrir le jeu au fur et à mesure du déroulement de la partie, à condition naturellement d’avoir un adversaire suffisamment fair-play pour attirer leur attention sur les points importants !

Mais Dracula est de haute et ancienne noblesse et nous ne pouvons pas croire qu’il puisse chercher la victoire en dupant ses adversaires contre les règles de l’honneur et du jeu.

Ceci étant dit, et afin de ne pas être trop surpris par les évènements susceptibles de bouleverser le cours du jeu, il est bon de connaître les différentes cartes : cela va donc dépendre de votre approche du jeu.

Une dimension épique, aventuresque (tiens ? ça n’existe pas, ce mot) sera sans doute insufflée par la découverte progressive des évènements, tandis que les joueurs préférant savoir à quoi s’attendre afin de planifier au mieux leurs actions et prévoir un plan B, C, D, E, F… auront intérêt à avoir une connaissance approfondie des cartes. Enfin, ne vous laissez pas rebuter par une première partie gâchée (sauf si ce genre de jeux n’est pas du tout fait pour vous, bien sûr) et laissez au jeu le temps d’exprimer ses possibilités.

Avis de la rédaction

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