Critique de Libertalia

Nous voici à jeter l'encre sur Libertalia, jugeant que celle-ci n'avait pas assez couler à flots lors de sa sortie. Vous vous demandez si ce jeu a du coffre, s'il cache un trésor ?

Levons le voile sur la valeur que nous accordons sur ce jeu pas que beau, et apprenons ensemble s'il vous fera embarquer, chavirer, ramer ou que sais-je !

Et s'il ne prend pas l'eau, prenez-le, lui...

Matériel

Voilà une belle grosse boite avec une somptueuse illustration de couverture toute toilée qui nous plonge dans une ambiance "pirates des caraïbes". Une boite Marabunta carrée, signée Carré, qu'on a envie d'ouvrir de suite, et ce d'autant plus que son verso, s'il nous raconte une histoire bien agréable pour nous mettre dans l'ambiance, ne révèle rien du jeu en lui même, si ce n'est le contenu de la boite qui y est listé.

Mais avant de soulever le couvercle pour vous en parler plus précisément, précisons deux choses :

- La première, positive, est que vous pourrez ranger votre boite de jeu à l'horizontale ou à la verticale, comme vous le préférez, et aurez quoi qu'il arrive le titre du jeu présenté dans le bon sens. Anecdotique, pas nouveau mais assez rare, il est sympa de le signaler, d'autant plus que...

- La durée du jeu, son niveau de complexité ainsi que le nombre de joueurs pouvant pratiquer ne sont pas indiqués sur la surface extérieure de la boite, et ça, c'est tout de même dommage pour faciliter l'achat du joueur en boutique. A la limite, le matériel énuméré permet de comprendre que l'on peut jouer jusqu'à six, mais c'est bien tout...

Ça, vous l'apprendrez donc dans le livret de règles, sur lequel nous reviendrons plus tard.

Outre celui-ci, on découvre un plateau de jeu, plié en deux, qui représente le bateau pirate vue depuis la vigie, un autre servant de piste de score (les points de victoire étant représentés par des pièces). Chaque joueur aura un plateau individuel (c'est votre "repaire" de pirate), en carton souple, à la découpe travaillée.

Les jetons représentant les diverses ressources sont réussis, mais on regrettera tout de même que leurs symboles ne sont inscrits que sur une seule une face, l'autre étant de couleur "bois", pour rester dans la thématique. Fort heureusement, les jetons "pièces" sont pour leur part illustrés sur leurs deux faces.

Un sac en tissu et de belles cartes toilées complètent l'arsenal et le tout peut se ranger dans un thermoformage adapté (sauf si vous rangez votre boite à la verticale : rien ne restera en place) permettant de vite ressortir le matériel et de donner une impression de boite bien remplie. Si ce n'est pas vraiment le cas, on en a néanmoins pour son argent et on a envie de partir à l'abordage une fois tout ces composants découverts.

Règles

Le livret de règle est présenté sous une magnifique couverture, intitulée "livre de bord" : bien bien tout ça... livrons nous à une inspection alors...

En page 2, les noms des auteurs et illustrateurs sont bien mis en avant, ainsi que les personnes que l'auteur remercie. Habituellement, ceci se retrouve en fin de livret de règle, écrit en petit et reste noyés derrière les annexes et autres "FAQ" : chapeau bas, car là, on ne peut pas les manquer !

Tout est très bien expliqué, très aéré et énormément appuyé par des illustrations : qu'il est agréable de lire pareil livre de bord, mes enfants. Vous assimilerez tout facilement, et tant mieux si on vous l'a proposé en dix pages alors que d'autres l'auraient condensé en deux ou trois : on nous accompagne tout du long et on prend le temps de bien nous raconter l'histoire.

Chaque joueur va donc démarrer la partie avec un même deck de 30 cartes d'équipage, chaque carte représentant un personnage aux pouvoirs différents (Stanley Rackum, Dirk Chivers...). Les cartes sont numérotées de 1 à 30 : la 1ere est le plus petit personnage du bateau (le perroquet) tandis que la 30e est le plus important (le capitaine).

Les joueurs commencent la partie avec dix pièces ainsi qu'une main commune de 9 cartes, tirées au sort.

Six lots de "trésors" sont révélés (ils représentent le butin à se partager : ressources, objets de valeur, butin maudits, sabre ou officier espagnol). Ils sont placés de sorte à ce que les joueurs sachent pour quel lot ils jouent à chaque tour mais certains joueurs préfèreront les laisser face cachée pour ajouter du suspens et de l'aléa.

Lors des six tours que dure une manche, chaque joueur choisit une de ses carte personnage. Puis on révèle son choix en simultané, on classe les personnages selon leurs rangs (ordre croissant) et on applique les effets du jour. Enfin, on partage le butin du jour selon l'ordre inverse (ordre décroissant), c'est à dire que chacun récupère une des ressources mise en jeu ce tour-ci, et comme il y en a autant que de joueurs présents, le dernier à se servir aura certainement un gain négatif !

Vient ensuite la phase de nuit où d'autres cartes pourront avoir un effet, c'est selon. Enfin, certains personnages agissent qu'en fin de campagne, à condition de posséder la-dit carte dans votre repaire à ce moment là.

A la fin d'une manche, chaque joueur possède encore (au moins) trois cartes en main. Chaque joueur va compléter cette main, probablement différente des autres joueurs (selon les cartes jouées par chacun) de 6 nouvelles cartes personnages identiques pour chacun et de nouveau tirées au hasard.

On joue ensuite une nouvelle manche...

La partie se déroule en trois manches durant lesquelles les joueurs devront jouer au mieux leurs cartes personnages... et pourront même profiter de celles de leurs concurrents !

Si ça ce n'est pas de la filouterie, je ne m'y connais pas...

Durée de vie

Sur les 30 cartes personnages, 21 seront jouées lors de chaque parties, et ce ne seront jamais les mêmes tirages de cartes, les mêmes combinaisons de personnages et/ou de ressources à remporter qui tomberont. Le jeu propose pas mal de bluff ou de guessing, comme diraient d'autres, tout ça permettant aux parties de se renouveler.

Contrôle et hasard se marient bien, tout comme les déveines et moments de jouissance quand tout se passe bien... tout comme dans la vie d'un pirate.

L'ambiance est assurée et le jeu facile à sortir, pouvant se jouer à beaucoup sans pour autant augmenter la durée de ses parties : il devrait facilement s'imposer et rejoindre les bons jeux familiaux ou dits "poids moyen".

Et puis, si on vient à s'imaginer, un peu comme à Citadelles, des personnages de remplacement, le jeu pourrait facilement proposer des extensions... même si ça ne semble pas du tout au programme.

Il est déjà très bien comme ça, certes, mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas...

Le conseil de Jedisjeux

Le jeu souffre d'un défaut tout de même : quand les joueurs jouent une même carte, un chiffre inscrit sur ces dernières résout les égalités. Mais au lieu de faire en sorte que chaque "couleur" remporte autant d'égalités qu'elle n'en perd avec chaque autre, il se trouve que chaque couleur a un décalage de "1" avec la précédente.

Je m'explique : pour gérer les égalités, les cartes ont une seconde valeur, comprise entre 1 et 6.

Si sur les six premières cartes d'une couleur vous trouvez par exemple les valeurs 1,2,3,4,5 et 6, celles de la couleur suivante aura les valeurs 2,3,4,5,6 et 1 et remportera sur la première 5/6 des égalités !

De fait, pour éviter les injustices il vous faut jouer les couleurs suivantes :

- A deux joueurs : jaune/vert OU rouge/noir OU gris/bleu

- A trois joueurs : jaune/bleu/noir ou vert/gris/rouge

A quatre ou cinq joueurs ajoutez la ou les couleurs de votre choix (les chances ne seront pas exactement les mêmes)à un des "lots" prévus pour trois joueurs.

Et s'il fallait être encore plus pointilleux, il faudrait même se placer précisément à une chaise de la table selon la couleur choisie, car être à la droite ou la gauche d'un joueur peut avoir des incidences. Mais bon, là, ce serait rentrer dans le détail...

Avis de la rédaction

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Libertalia est un très beau jeu, très plaisant à jouer. On pourrait s'amuser à dire qu'il est une sorte de "Citadelles" en jeu de plateau. Il y avait déjà certes "Mission planète rouge" dans le genre, mais il n'était pas tout autant réussi. Dommage cependant que certains points d'équilibrages n'aient pas été approfondis tout de même. Malgré tout, il serait bien dommage de passer à côté de ce bijou ludique d'un auteur (celui de "Augustus", mais aussi de "Vasco De Gama") qui semble savoir faire de bons jeux familiaux, semble-t-il...
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Pour moi, libertalia est un Citadelle avec du beau matériel et de gros défauts. Il y a trop de personnages rendant impossible toute anticipation quant au choix des personnages des autres joueurs. De plus, la gestion des égalités déjà énoncée plus haut ne dépend que de la chance de jouer telle couleur face à telle couleur. En conclusion, je trouve le jeu sympa avec du matériel de qualité mais difficile, voir impossible à maîtriser et donc un jeu à subir. Décidément pas pour moi.
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J'ai eu l'occasion de jouer plusieurs fois à Libertalia et dans plusieurs configurations et je suis toujours épatée de voir comment ça fonctionne ! Beaucoup de joueurs parviennent à bien deviner (guessing) le coup que les autres vont faire et donc, posent une carte que j'aurais jamais imaginé poser... et qui fonctionne à merveille (forcément puisqu'elle prend les autres à revers!). Tout le suspens du jeu est là, un peu comme dans la Havane... On mesure les risques...dois-je tenter ma chance maintenant ?... On tente de lire le jeu adverse... mais vont-ils deviner ce que je veux faire..? (le fameux puisqu'il croit que je vais faire ça, ou puisqu'il croit que je pense qu'il va poser ça...)... On contre, on agresse, on coupe l'herbe sous le pied... "comment puis-je snooker untel pour qu'il se mange le butin maudit ?"... on anticipe plusieurs coups "si je prenais le sabre là, je pourrais virer sa carte du repaire et le coup d'après je pourrais poser "MamiWatta" tranquillement..." et même on anticipe sur la manche d'après : "je vais conserver mon chirurgien pour faire revenir mon capitaine en seconde manche, quand tout le monde l'aura déjà joué, je serais sûr de gagner le meilleur butin !.." c'est vraiment sur trois manches que le jeu se joue et qu'il faut le penser. Il y a des tonnes de coups à faire vraiment jouissifs, pas de doute, l'interaction est au rendez-vous ! Enfin, question rejouabilité, c'est énorme, les combos entre les cartes et les butins présents ne seront jamais identiques, vous ne ferez jamais les mêmes coups ! Sûr, son potentiel ne se révèle pas en une seule partie. Merci à Limp de rappeler le conseil au niveau des couleurs (info à conserver quelque part dans la boite) cela garantira des parties serrées et équilibrées. Pour moi, s'il doit vraiment être comparé au fameux Citadelles, c'est sa version XL.
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