Critique de Rattus

Une carte découpée en régions, des cubes de différentes couleurs, une population malade...

Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Et pourtant, Rattus n'a rien à voir avec Pandémie, le jeu coopératif de Matt Leacock. Non, c'est un jeu foncièrement plus méchant car vous ne devez pas combattre la maladie mais tenter d'y survivre. Et pour cela, vous ne luttez pas ensemble, mais les uns contre les autres.

Pour trouver la meilleure solution, il va falloir vous grouiller !

Matériel

Dans une boîte au format appréciable et de fort bonne qualité, tant par sa solidité que par les informations qu'elle apporte, se trouvent un plateau de jeu représentant l'Europe au Moyen Age (qui s'adapte au nombre de joueurs participants), 80 cubes en quatre couleurs différentes (rouge, jaune, vert, bleu) et qui représentent le peuple qui va tout au long de la partie pester contre la décimation à laquelle il aura droit de par la prolifération des 49 jetons rats (dont 12 sont prévus pour le placement initial). Six tuiles de rôles (roi, chevalier, marchand, moine, paysan, sorcière), au format impressionnant mais bien pratique pour mieux visualiser les possibilités offertes à chaque joueur, serviront pour tenter de mieux dompter la peste, représentée par un pion noir qui va se balader de région en région.

L'ensemble du matériel est de bonne facture : pion et cubes en bois et tuiles cartonnées, le tout joliment illustré par la patte de Alexandre Roche. On regrettera cependant que le symbole de majorité (M) se trouvant sur les jetons rats, dont la capacité doit se résoudre toujours en premier lieu, ne se trouve pas en première position. L'autre lettre pouvant apparaître sur ces mêmes jetons ("A") signifie que tous les joueurs ayant au moins un cube dans la région concernée en perdent un. Utilisée pour le terme anglais "all", on aurait préféré également l'emploi d'une icône plus internationale.

Mais tout ça reste lisible et n'enraie pas le tempo du jeu. Le matériel, jusqu'à la règle bien illustrée, ne pèche pas tant que ça, au contraire. Ne reste plus qu'à voir le contenu de cette fameuse règle...

Règles

Après une présentation du contexte général, le contenu de la boîte est détaillé. Sur la double page suivante, la mise en place est présentée avec moult illustrations. Vient ensuite l'explication du tour de jeu d'un joueur : prendre une nouvelle carte rôle (optionnel), qu'elle soit libre où qu'elle soit devant un autre joueur, placer de nouveaux cubes de population sur le plateau et déplacer l'épidémie de peste (ces deux dernières actions bénéficiant des bonus de certains personnages éventuellement en possession du joueur). Un exemple suit pour illustrer les différents points de règle. Sur les deux pages suivantes sont décrits les capacités des différents rôles, les conditions de fin de jeu, les particularités du dernier tour et comment désigner le vainqueur (qui sera celui qui aura conservé le plus de cubes à sa couleur sur le plateau).

Outre le petit problème du symbole "majorité" mal placé sur les tuiles "rats" (mentionné dans la présentation du matériel de jeu), on notera une erreur dans le rappel qui sert d'introduction à la présentation des rôles. En effet, ce n'est pas le roi qui constitue une exception au déroulement d'un tour de jeu mais bien le chevalier. Cette coquille mise à part, facilement détectable qui plus est, le reste de la règle ne pose pas de problème de compréhension et les joueurs pourront débuter leur première partie rapidement après lecture du livret sans avoir à y retourner durant celle-ci ni risquer de jouer de façon erronée.

Simple, efficace et sortant assez de l'ordinaire mécaniquement parlant, le jeu peut se targuer d'avoir une règle qui tient la route, et qui n'est donc pas ratée.

Durée de vie

Rattus est un jeu relativement simple et rapide. Quelques éléments apportent un peu de variété dans le jeu (mais c'est bien peu) : la position initiale du pion "peste" et le placement aléatoire des jetons rats.

De plus, et sûrement "heureusement", comme dans bon nombre d'autres jeux, une extension est d'ores et déjà prévue (et d'autres devraient venir encore se propager) pour apporter de nouveaux rôles (et les jetons qui iront avec) et de nouvelles règles. On peut cependant regretter que certains de ces nouveaux rôles n'aient pas été imprimés au dos des tuiles du jeu de base, ce qui aurait donné lieu à encore plus de variété dès le départ. Il faudra donc compter sur ces extensions pour avoir une durée de vie plus conséquente et plus proche de la notation que nous lui attribuons.

Car si la durée d'une partie et la complexité du jeu, assez faibles au final, permettront de sortir le jeu facilement, elles grignoteront aussi plus vite sa durée de vie. Et ceci a tendance à accentuer le fait que sa plus importante capacité de renouvèlement passe par les extensions : sans, le tour du jeu peut être vite fait puisque la boite se sort tout aussi facilement que ses parties peuvent s'enchainer.

Le conseil de Jedisjeux

Les conseils que nous pouvons donner peuvent se résumer à placer un maximum de cubes sur le plateau de jeu (parce que c'est ça qui fait gagner) mais tout en n'étant pas majoritaire dans chacune des régions et en ayant le moins de rôles possibles devant soi lors des ravages de la peste (parce que c'est ça qui fait perdre... des cubes !).

Ceci dit, cela revient un peu à trouver la solution à une équation impossible. Dès lors, il faudra composer entre ces différentes options en fonction de la situation et essayer de mettre des cubes à l'abri lorsque c'est possible (au château ou loin des régions infestées).

Si vous tentez de regrouper vos cubes sur une région ou d'en mettre sur des régions totalement infestées, votre objectif sera alors d'éloigner la peste pour que cette dernière ne s'enclenche que lors du décompte final. Un mélange de ces deux faits, ajouté à celui de tenter de gêner vos adversaires, vous mènera probablement jusqu'à la victoire...

Avis de la rédaction

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Sans révolutionner le genre, Rattus est un jeu plutôt simple et rapide qui se laisse jouer voire avec lequel on pourra enchaîner quelques parties pendant une soirée. Un brin de stratégie et un brin de hasard, le tout dans une boîte de taille modeste, un bon point pour les joueurs collectionneurs en manque de place sur leurs étagères.
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Rattus est un bon jeu, vite expliqué et ne s'éternisant pas. C'est un bon point. On pourra pester contre le fait qu'on ne contrôle évidemment pas tout, mais la partie se jouera toujours sur les petits plus que vous parviendrez à créer vous-même. Pour que le jeu ne finisse pas par lasser, les extensions semblent obligatoires. A chacun de voir si le jeu en vaut alors la chandelle, car s'il est bon, il n'est pas indispensable. Et quitte à opposer deux jeux qui ne se ressemblent pas du tout, Pandémie n'a rien à envier à Rattus, bien au contraire. Un bon jeu, mais peut être pas un chef-d'oeuvre.
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