Evoluer ou Périr et devenir la Dominant Species

L’ère glaciaire approche à grands pas et vous, digne représentant d’une espèce, vous avez peur et c’est normal, car la mort est à vos portes. Le seul moyen de survivre est de s’adapter, d’être meilleur que les autres, de se surpasser... Bref d’évoluer ! Mais le monde est cruel, les autres ne vous laisseront pas faire et la terre non plus, car petit à petit la toundra recouvre tout, emportant avec elle les rares denrées. Arriverez-vous à évoluer, mais surtout à survivre ?

Le pré aux bulles, euh non... le préambule

Autant être honnête avec vous dès le départ, si je ne propose pas un test de Dominant Species, c'est que pour moi, il faut avoir joué plusieurs parties avec différentes configurations avant d'écrire une chronique argumentée. Or, Dominant Species propose des parties allant de 2h à 4h de jeu et je dois dire que je n'ai pas toujours autant d'heures devant moi, du moins... pas à la suite. C'est ce qui me conduit à vous proposer ce "C'est dans la boite" de découverte plutôt qu'un test, en espérant que vous ne m'en voudrez pas, car ça ne m'empêchera pas de vous donner un aperçu du jeu et mon avis sur certains points.

Dominant Species vous propose donc de revivre les premiers millénaires (voire plus) de la vie sur terre. Vous incarnerez alors l'une des espèces présentes à cette période et tenterez de suivre et surtout d'évoluer afin de résister au mieux à l'ère glaciaire qui approche. Rien que ça !

AAAhhh mes yeux !

Avant toute chose, parlons de la boîte et de l'aspect graphique du jeu. Je m'en débarrasse dès le début, ainsi on n'en parle plus, vous laissant seul avec vos yeux qui brûlent. Oui ! Si l'illustration de la boite est plutôt raccord et même sympa, le titre et sa police - digne descendante de l'horrible Comics sans MS - arrache un peu les yeux et donne l'impression que le graphiste n'avait aucune idée de ce qu'il faisait. Donc oui, le titre n'est pas jojo, le travail est plus que sommaire et c'est sobre, ah ça oui, mais pas joli, ça c'est sûr aussi. Malheureusement à l'intérieur ça ne s'arrange pas vraiment. Le plateau gris avec son chiné rocailleux n'est pas des plus avenants, les tuiles simplistes à l'extrême ne sont pas non plus des prix de beauté. Quant aux choix de couleur, de police ou de mise en page ce n'est pas mieux, c'est, disons-le sans détour : moche. Et ce n'est pas forcément plus lisible pour autant. Je sais que le thème n'était pas facile à mettre en image et que le jeu est assez complexe. Certes, je comprends qu'on ai envie de l'épurer mais pas comme ça... Là, c'est juste moche, sans bon goût ! Voilà j'ai déchargé ma bile et maintenant je prie très fort pour que si réédition il y a, le graphisme change du tout au tout. Mais attention ! Que tout ceci ne vous arrête pas (je sais c'est dur), car à l'intérieur, le jeu en vaut vraiment la peine.

Petit, petit, petit …

Le jeu vous propose donc d'incarner 6 animaux différents :

• Les mammifères

• Les reptiles

• Les oiseaux

• Les amphibiens

• Les arachnides

• Et les insectes

Chacun possédant des particularités qui seront actives durant certaines phases de jeu. Chaque joueur reçoit alors un carton, pas très épais, où sont résumées les différentes phases d'un tour, ainsi que les pouvoirs de chacun. En haut de ce carton on retrouve les éléments (déjà pré-imprimés) que possède chaque animal.

Un monde à conquérir

Le plateau, de grande taille, est divisé en plusieurs parties. La partie centrale va accueillir les différentes tuiles hexagonales qui vont s'ajouter au fur et à mesure. Tandis que sur le pourtour on retrouve la classique piste des scores. Sur l'un des bords on va disposer les 5 premières cartes dominance, sur l'autre on retrouve la chaîne alimentaire et les points de victoire bonus que l'on peut observer. J'ai gardé le plus important pour la fin et le plus consistant : la piste d'initiative, sur laquelle toutes les actions vont être choisies.

Et bien c’est vraiment la tuile.

Les tuiles sont les appendices indissociables du plateau, et surtout les éléments indispensables du jeu. Il en existe de plusieurs natures :

• Les déserts

• Les mers

• Les terres humides

• Les montagnes

• La savane

• La forêt

• Et la toundra

Au départ une tuile de chaque sorte sera disposée autour du centre du plateau. On disposera ici les ressources alimentaires des créatures. Les autres tuiles, empilées sur 3 piles, seront placées sur le plateau lors de la phase d'exploration où le joueur pourra choisir quelle tuile il prend parmi les 3 disponibles. La pose de cette nouvelle tuile apportera des points de victoire bonus selon celles qui lui sont adjacentes. On retrouve ces tuiles sur la phase de spéciation où il sera possible de faire apparaître de nouvelles espèces (un cube) sur le plateau selon le terrain choisi. La mer riche en eau (oh sérieux) sera plus prompte à accueillir la vie, plutôt que la toundra et son climat rude. Autre phase où les tuiles ont de l'importance : la compétition, où les joueurs détruiront une espèce se trouvant sur l'un des types de territoire choisi. Enfin, les tuiles servent également lors de la phase de domination où chaque animal possédant la majorité sur un type de tuile gagne les PV bonus lié au biome selon le tableau présent sur le plateau. Ceci a aussi pour effet de faire gagner une carte dominance, choisie parmi les 5 sur le plateau.

Des cubes, des cylindres et des cônes, sans être à la maternelle

Je poursuis mon tour du matériel avec les pions. Fait étrange, chaque animal ne dispose pas de sa couleur, les joueurs se mettront d'accord ensemble sur la couleur avec laquelle ils vont jouer. Une fois cela fait, chaque joueur récupère les cônes qui vont servir à marquer les dominances, très important, ainsi que leurs cubes et cylindres, dont le nombre diffère selon le nombre de joueurs.

Les éléments ou la nourriture en carton

À l'intersection, enfin plutôt sur chaque pointe de tuile seront placées des ressources alimentaires lors de la phase d'abondance. Les joueurs pourront les récupérer lors de l'exploration pour les mettre sur leur plateau individuel. Mais également au tout début du tour, grâce à l'action adaptation. Ces éléments sont primordiaux pour déterminer ensuite qui possède une dominance sur une tuile. Pour ce faire, on va calculer le nombre de fois où les éléments de chaque fiche sont présents sur les angles de la tuile concernée et les multiplier par leur nombre sur le plateau.

Ces jetons ressources pourront disparaitre des fiches lors de la phase de régression où chaque symbole présent dans cette boite sera retiré de chaque fiche, sauf si un cylindre a été posé. Sachant qu'un cylindre ne prévaut la perte que d'une seule ressource, et qu'il est impossible de perdre les éléments imprimés (car oui découper ses fiches c'est moche). Lors de la phase de désertification les symboles présents dans la boite seront retirés des tuiles toundra, car oui lorsqu'il gèle la nourriture a du mal à pousser ! Lors de la phase d'exploration, le joueur ayant choisi cette action et posé une nouvelle tuile peut choisir un élément dans cette boite et la poser sur cette tuile. Vous aurez donc facilement compris qu'ils sont au cœur du jeu. Voici les différentes manières de les utiliser.

De l’action ! enfin des actions …

Sur le plateau vous pourrez choisir vos actions à tour de rôle, grâce aux cylindres. Aussi bien pour récupérer des ressources que pour en perdre, ou alors pour explorer, se propager, dominer ou même marquer des points...tout va se jouer ici. À votre tour de jeu vous aurez le choix entre ces différentes actions dans la limite de votre réserve de cylindres. Toutes les actions ne disposant pas du même nombre de places disponibles.

• L'initiative, pour monter d'un cran sur l'ordre de passage.

• L'adaptation, afin d'ajouter un élément à sa fiche

• La régression, y poser un cylindre prévient le retrait d'un élément.

• L'abondance, pour disposer sur une des tuiles un élément présent dans la boite concernée.

• La désertification, un pion à cet emplacement permet de sauver un élément, car tous ceux qui sont présents ici seront retirés des tuiles toundra.

• La déplétion, pour retirer un élément du plateau.

• La glaciation, cette action va faire avancer la glace, et donc geler petit à petit la terre, détruisant au passage toutes les espèces présentes sur la tuile sauf une de chaque joueur. La toundra recouvre alors la tuile choisie, et fait ainsi marquer au joueur qui a choisi cette action, des PV bonus selon le nombre de tuiles adjacentes. C'est dangereux, mais ça rapporte !

• La spéciation, pour étendre ses espèces selon le territoire choisi. Plus le territoire est sec et moins il sera possible de poser de nouvelles espèces.

• L'exploration, avec cette action le joueur choisit une tuile, la pose sur le plateau accompagné d'un élément. Le tout sans oublier de marquer des PV bonus selon le nombre de tuiles adjacentes.

• La migration, comme son nom l'indique elle permet de faire migrer ses espèces.

• La compétition, cette action permet de se débarrasser des concurrents un peu trop gênants.

• La domination, pour évaluer une tuile qui ne l'a pas déjà été et ainsi vérifier la dominance et marquer des points en conséquence et aussi gagner une carte dominance.

Une fois l'ensemble des actions effectuées, on procède à la phase d'ajustement qui comporte l'extinction avec la disparition des espèces, la survie qui récompense le joueur possédant la carte survie avec des PV bonus pour le nombre de tuiles toundra qu'il occupe. Et enfin les ajustements où l'on remplit de cartes la zone concernée, et retire les éléments des boites de régression, de déplétion et d'exploration, et fait glisser les éléments des boites d'abondance, d'adaptation et de désertification. Sans oublier de remplir les boites vides.

L’évolution c’est pas de la tarte

J'ai volontairement survolé l'ensemble, tout en essayant d'être le plus complet possible, car les règles de Dominant Species sont touffues, et je ne voulais pas vous perdre avec des explications absconses. L'idée était simplement de vous présenter le jeu pour que vous sachiez si celui-ci vous plait ou non. N'oubliez pas que la durée d'une partie est assez élevée, je pense qu'il est bon de garder cela à l'esprit avant d'acquérir le jeu qui est un peu onéreux, même si cela s'explique par l'abondance de matériel.

Dominant Species est complet et complexe, mais non dénué d'intérêt et de plaisir ludique. Et c'est d'ailleurs assez fort, car le jeu reste plaisant en étant logique et en proposant un challenge élevé où chaque décision est vitale pour son espèce. Aussi étrange que cela puisse paraitre avec ce matériel, le thème est bien rendu, et il est aisé de se sentir à la tête de son espèce. Si vous ne savez pas quoi faire lors de vos longues soirées d'hiver et qu'un biologiste (avec une mauvaise vue) sommeille en vous, vous ne devriez pas passer à côté d'un tel représentant ludique.

Ça n'a rien à voir avec les jeux de société, mais Dominant Species m'a terriblement fait penser à une BD de Jens Harder : Alpha... directions. Qui parle de l'évolution des espèces. C'est très bien documenté, c'est joli graphiquement et très intéressant, je ne pouvais décemment pas, ne pas en parler, car une fois lu, le lien ne pourra plus rester invisible.

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Il y a 5 commentaires

jedisjeux
By kub2boa | 6 nov. 2014 à 15:48

Merci pour ce post. Je le trouve très clair. J'ai ma boite de jeu depuis sa sortie vf mais pas encore eu l'occasion d'y jouer mais pas contre j'ai bien étudié les regles et mater toutes les videos sur bgg le concernant.

un petite remarque : tu ne t'attardes pas sur les cartes alors qu'elles sont redoutables et ont un reel impact sur le jeu.

Sinon merci pour cet article passionnant

Cordialement

jedisjeux
By durn1818 | 10 nov. 2014 à 12:13

Quel est l'éditeur du jeu en VF ? Le nom a-t-il été traduit ? Ou bien c'est comme au cinéma, les titres ne sont plus traduits en français ?

jedisjeux
By kevetoile | 10 nov. 2014 à 12:27

Le nom est le même en VF, Dominant Spiecies, et Filosofia est l'éditeur VF comme tu peux le voir sur la fiche :-)

jedisjeux
By Blue | 10 nov. 2014 à 14:00

Quel est l'éditeur du jeu en VF ? Le nom a-t-il été traduit ? Ou bien c'est comme au cinéma, les titres ne sont plus traduits en français ?

- durn1818

C'est un autre débat, mais j'ai le sentiment que les titres gardent de plus en plus souvent leur nom anglophone, avec un sous titre en français.

Russian Railroads, Kingsport Festival, Mices & mystics

Voir même, les jeux prennent une consonance anglophone directement alors qu'ils sont francophones(comme five tribes ou Lords of xidit, blackfeet).

jedisjeux
By kevetoile | 10 nov. 2014 à 15:48

Le marché du jeu de société est de plus en plus international, avoir un titre qui ne change pas selon les traductions permet de ne pas perdre le client, et de concentrer les recherches sur un seul et même terme, ce qui peut être important pour obtenir de bons résultats dans les moteurs de recherches.

Qui plus est le cinéma est un très mauvais exemple quand on voit les grosses conneries qui sont générées au moment de la traduction des titres. Un petit aperçu ici :

http://www.senscritique.com/liste/Facep ... arfoi/7639