Critique de Aether

Honni soit qui mal y pense: nous n'essayons pas de faire de la pub pour les obscurs éditeurs quand nous les mettons en avant.

Ils sont logés à la même enseigne, tout comme l'est Onni Games, qui nous présente Aether.

Bah, justement, on va voir de quoi il a l'air...

Que va-t-on donc retenir de chaque élément qui compose le jeu ?

Le jeu méritera-t-il qu'on s'attarde dessus ou retournera-t-il loin des projecteurs ?

Voyons donc tout ça ...

Matériel

Aether se présente dans une boîte au format assez traditionnel. Son illustration reste sobre mais est pourtant réussie. De toutes façon, vu qu'on a droit à un jeu abstrait, on ne peut pas s'attendre à un autre type de présentation. La tranche de la boîte nous apprend que le jeu se joue de 2 à 4 joueurs, à partir de 10 ans et que les parties durent entre une demi-heure et une heure.

Le dos de la boîte reprend l'information en tranchant sur la durée: ça sera 45mn, et puis c'est tout ! Une illustration montre une partie du plateau de jeu tel qui serait pendant une partie et nous présente le jeu en quelques lignes dans les trois langues proposées dans le livret de règles, qui ne comprend pas le français. Cela dit, comme vous le verrez plus loin, les règles ne sont pas lourdes à assimiler, et le matériel ne comporte pas le moindre texte.

Aucune des tuiles, aucun des marqueurs (des demi-billes de verres: on aurait pu faire mieux mais force est de constater que ça rend très bien durant les parties) ne possède donc de texte. Et les écrans derrière lesquels les joueurs pourront cacher tout ça rappellent, en une illustration très simple, reprise sur deux des angles du plateau de jeu, de bonne qualité, le seul point de règle difficile à retenir. Sans faute de ce côté là. Les écrans se permettent même de donner des exemples ...

Un sac en tissu (enfin pas en tissu, d'ailleurs je ne sais quelle est la matière, mais elle n'est pas très agréable au toucher) vient compléter ce matériel solide (le poids de la boîte pourra vous surprendre), qui se rangera facilement grâce aux quatre compartiments insérés dans le contenant. Des sachets zip auraient été les bienvenus pour compléter le tout: n'hésitez pas à en ajouter si vous en avez à disposition.

Au final, ça fait assez pro mais c'est terne, ça n'attira pas plus l'œil que ça. En même temps c'est un jeu abstrait...

Pour comparatif, le plateau est plus joli que Age of Steam (je sais, ce n'est pas difficile) et tout comme lui s'embellit avec la pose des tuiles et des pions. Ça ne repousse pas et c'est lisible: ouf, rien de rébarbatif là dedans...

Règles

Bon, il faudra donc lire les règles en anglais, mais rassurez-vous: c'est très facile. Les 8 pages du livret de règles, de petit format, sont abondamment illustrées d'exemples et illustrations et soulignent les mots qu'il faut pour vous faciliter la tâche. C'est très bien chapitré, une lecture devrait suffire sans avoir à y retourner. Le jeu se permet même de proposer de petites variantes pour des parties plus ou moins longues et tactiques et de jouer jusqu'à 4 joueurs, ce qui reste rare pour un jeu abstrait. Dans cette configuration, on pourra même jouer seul ou par équipe.

Le principe du jeu, le voici: chaque joueur va avoir derrière son écran 4 hexagones éléments (qui peuvent être de Terre, Feu, Air ou Eau) et des pions à sa couleur, dont le nombre varie selon le nombre de joueurs (mais surtout de coups joués par chacun lors de la partie).

Sur le plateau de jeu, des tuiles de PV sont placées. Leurs valeurs vont de 7 à 10. A la fin de la partie, elles seront entourées de six hexagones et le joueur majoritaire remportera la tuile et les points qui vont avec.

Durant son tour, un joueur place une tuile de derrière son écran en jeu et en pioche une nouvelle.

Il peut alors y poser un de ses marqueurs pour que la tuile soit sienne. Bien entendu, on a moins de marqueurs que de nombre de tours à jouer, et chaque marqueur non joué rapportera en fin de partie 3PV: il va falloir bien jauger les forces...

La valeur d'une tuile fluctue tout au long de la partie: elle vaut 1pt plus le nombre de tuiles du même élément qui lui est adjacente et moins le nombre de tuiles de l'élément concurrent (chaque élément s'affaiblit aux côtés d'un autre, tel le principe de pierre/feuille/ciseaux). De ce fait, on essaie de se protéger, de se renforcer, tout en bloquant ou affaiblissant les autres joueurs...

On peut décider, à la place de placer une tuile, de dépenser un marqueur (il est mis de côté et rapportera 3pts en fin de partie) pour piocher 4 nouvelles tuiles et les échanger avec celles qu'on possédait.

Vous voyez: ce n'est pas compliqué. Pour autant, ça reste tactique et tendu de bout en bout. Il sera bien difficile de ne pas jouer tous ses marqueurs. Le seul défaut du jeu réside dans le fait qu'il faille régulièrement compter les valeurs des tuiles pour savoir comment jouer au mieux (et ne pas oublier les éléments qui affaiblissent, même si de nombreux rappels sont proposés sur le matériel de jeu).

Un jeu de majorité, dans un jeu abstrait. Ça peut ne pas attirer, mais à l'emploi, c'est très efficace.

Durée de vie

Le grand point fort du jeu, c'est d'être intéressant dès les premières parties.

Bien entendu, il existe une courbe d'apprentissage mais on ne se sent pas perdu lors des premières parties et on s'amuse de suite. Tant mieux, car c'est souvent un des pièges de ce genre de jeu: l'obligation d'y passer beaucoup de temps pour commencer à ressentir tout l'intérêt du jeu. De plus, comme précisé plus haut, on ne sera pas obligé de ne sortir ce jeu qu'à deux joueurs. On pourra même jouer seul ou en équipes en jouant à 4 joueurs, pour varier les plaisirs.

La variante reste quant à elle anecdotique et après avoir essayer les deux formules, vous ne jouerez plus qu'à une d'entre elles, selon votre préférence.

En début de partie, certaines tuiles sont posées de façon aléatoire: cela permet de faire varier les plateaux de départ et de donner encore plus de longévité au jeu, qui sur ce point là, ne s'en sort pas si mal.

Le conseil de Jedisjeux

Lors des parties à deux joueurs, préférez la version de base à celle proposée pour les experts, qui n'ajoute pas plus de tactique contrairement à ce qui est annoncé dans les règles de jeu. La durée des parties s'en trouverait trop longue. A trois joueurs, et bien plus à quatre joueurs, il peut par contre être intéressant de jouer les parties en "expert" (qui consiste à placer moins de tuiles de départ) afin que les joueurs aient plus de tours de jeu.

N'oubliez pas que vous aurez quasi toujours un coup intéressant à faire, car vous pourrez soit jouer une tuile pour tenter de conquérir une tuile PV ou pour améliorer la puissance d'une de vos tuiles, mais aussi affaiblir une tuile adverse ou poser une tuile "neutre" près d'une des vôtres pour empêcher qu'on ne vous l'affaiblisse ou encore pour ne pas laisser libre une ouverture à un joueur, même si attendre la tuile plus idéale à jouer pourrait être tentant...

Sachez aussi vous avouer vaincu sur certaines tuiles (et/ou semblez ne plus vous en intéresser: parfois, quelque surprises peuvent arriver !) pour ne pas dépenser trop tôt ou inutilement vos marqueurs, qui sont de potentiels jetons à 3PV de valeur.

L'éditeur étant finlandais, si vous avez l'occasion de vous procurez le jeu, ne la manquez pas !

Vous pouvez même y jouer en ligne (ça n'a pas du tout le même saveur mais ça donne une idée) ici.

Avis de la rédaction

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Je ne suis pas réfractaire aux jeux abstraits mais il faut bien avouer que ces derniers ne sont pas mon type de jeu préféré. C'est donc un très bon point quand un jeu de cette famille me plait. Et Aether y parvient haut la main ! Peut-être que son côté "jeu de majorité", plus dans mes cordes, l'y aide. Mais le jeu a un style personnel et au fur et à mesure de la partie, la pose des pions le rend joli. Il reste tactique et apporte ce petit stress ludique qui font les bons jeux sans pour autant être un jeu "prise de tête". Une belle réussite, bien meilleure selon moi que "Génial", de MR Knizia, auquel il peut faire penser (certains le comparent à un mélange de "Génial" et "Samouraï"). Il serait dommage qu'au vu de sa petite maison d'édition, il n'ait pas le droit à la même carrière...
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