Critique de Greedy Kingdoms

Greedy Kindoms est un des nombreux jeux de cartes japonais que l'on pouvait ramener du salon d'Essen 2009.

Jouable à deux joueurs (ou plus avec l'utilisation de plusieurs boîtes), il propose de simuler le conflit entre deux rois jaloux qui veulent prouver à leur homologue qu'ils ont le plus beau royaume. Du coup, c'est la course à la construction et le premier à construire son second palais aura droit à la reconnaissance de sa suprématie.

Basique, donc, vu le nombre de jeux proposant de bâtir des palais. Voyons si celui-ci réussit à s'asseoir à côté des meilleurs du genre.

Matériel

C'est dans une petite boîte rectangulaire au format de celles que proposent Amigo, Gigamic ou Abacus que ce Greedy Kingdoms nous est présenté.

Bien logiquement, le texte explicatif du jeu au dos de la boîte est en japonais, ce qui ne pourra parler qu'à de rares élus parmi nous. Seuls les logos internationaux montrant la durée du jeu (20 minutes) et le nombres de joueurs seront facilement reconnaissables.

L'illustration de couverture est réussie et nous aide à en savoir plus si on ne maitrise pas la langue nippone: elle met en avant certaines des cartes qui composent le jeu.

Autant le dire de suite: celles-ci sont magnifiques et les lecteurs de manga ayant pour thème l'Heroïc Fantasy devraient être comblés.

La découverte des cartes n'est donc que partielle, et ne déçoit pas... concernant les illustrations. Bien qu'épaisses, ces dernières ne semblent pas souples et pas plus protégées pour leur éviter un vieillissement prématuré. Heureusement, on verra que dans la pratique, le jeu ne leur fait pas trop endurer de lourdes manipulations. Autre remarque sur les cartes: leur dos, qui varie du gris au blanc sans être bien illustré. Certains protos font mieux et c'est bien dommage quand on voit la qualité de l'autre face de la carte. Revenons-y d'ailleurs. Beaucoup de texte pour en expliquer la capacité. Et si c'est écrit en japonais, on aura le soulagement de le lire aussi en anglais. Ca fait beaucoup de texte pour des capacités simples et où des pictos auraient amplement suffi. A l'emploi, ça ne gênera pas le tempo du jeu, et c'est tant mieux.

Des jetons en cartons (assez épais) viennent compléter le matériel et font office de ressources. Ça changera des cubes en bois.

Le bilan reste bon sans être exceptionnelle et c'est la beauté des illustrations des cartes, pourtant pas exemptes de défauts, qui permettent au jeu d'avoir ses 4 étoiles, la balance ayant pu osciller jusqu'à un cran en dessous.

Règles

Cette partie sera à l'opposé de la première: avec une note tirant plus vers le bas que le haut (on ne va pas tarder à mettre des "semi-étoiles" sur nos critiques de jeux comme il est possible de le faire sur les avis laissés par chacun sur les fiches de jeux).

Pour commencer, vous devrez vous contenter d'une règle en anglais dans la boîte. Parfois pas évidente à bien comprendre pour qui lit partiellement l'anglais, elle a le mérite de présenter des exemples illustrés, ce qu'on aurait pu craindre en ne voyant qu'elle n'arborait que 4 pages et qu'elle se limitait à une feuille imprimée en noir et blanc et pliée pour entrer dans la boîte.

A la lecture, on comprend donc qu'on va devoir, lors de son tour, sélectionner des personnages de sa main. De puissances différentes, ils vont permettre de gagner des ressources ou d'en transformer d'autres. Vous devrez en sélectionner 3. Seul problème: votre adversaire va essayer de deviner lesquels et va également en sélectionner trois. Chaque personnage similaire à l'un des vôtres vous empêchera d'utiliser sa capacité. Il va donc vous falloir bluffer (on retrouve un principe proche de Citadelles jusque dans le ressenti que provoque cette phase de jeu) et ce d'autant plus que les personnages que vous recrutez vont vous coûter des ressources, que vous puissiez les utiliser ou non ! Les ressources ainsi obtenues s'ajoutent à celles recueillies en début de partie (les joueurs débutent avec deux ressources chacun -il en existe de 4 types-) et à chaque nouveau tour. C'est avec elles que les joueurs pourront construire des bâtiments ou recruter du personnel leur octroyant toutes sortes de bénéfices (sauf les palais, mais il faut bien les construire pour espérer remporter la partie), voire même faire d'un de leur personnage un vétéran (il sera plus puissant quand vous réussirez à l'activer).

On a l'impression d'un sympathique mix de citadelles et de San Juan qui ne se jouerait qu'à deux joueurs et accentuerait la part de "guess" de ce type de jeu.

Reste ensuite l'aspect mécanique/pratique du jeu, la théorie étant acceptable.

On y remarquera un petit raté, car pour peu que vous vous soyez fait pas mal contrer dans les tous premiers tours et pas votre adversaire, votre peu de liberté possible lors des suivants (contrairement à celle de votre concurrent) vous laissera deux possibilités: jouer les personnages qui vous permettraient de revenir, mais votre adversaire les contrera, ou jouer des personnages de moindre importance et ne plus pouvoir revenir dans le jeu... ce qui induit à un effet de "win to win" pour peu que votre adversaire joue de façon logique. Vous me direz que le "guess" des premiers tours fait partie intégrale du jeu, mais il peut rendre le jeu assez aléatoire tout de même et rendre celui-ci moins intéressant si l'issue de la partie devient trop rapidement évidente.

Quand ce genre de situation n'apparait pas, on peut alors avoir un jeu tactique et tendu, essayant de faire au mieux selon les cartes "achetables" (toutes ne sont pas disponibles et pour en voir de nouvelles, il faut en acheter certaines) et les ressources qu'elles demandent pour les obtenir.

Les règles du jeu semblent être un mélange de choses déjà vues ici et là et auxquelles on a apporté un petit twist, sympathique, mais pouvant déséquilibrer une partie.

Durée de vie

Pour un petit jeu de cartes ne prenant pas de place, Greddy Kingdoms propose une rejouabilité acceptable.

Il a l'avantage d'utiliser ce fameux principe, de "guessing" (ou de bluff, si vous préférez) consistant à essayer de deviner ce que compte faire son adversaire. Sur ce genre de jeu, et c'est le cas ici, cela permet souvent de lui apporter un renouvèlement des parties si vous jouez contre la même personne, cette dernière sachant forcément que si elle joue systématiquement de la même façon, vous pourrez la contrer aisément.

Le nombre de bâtiments et personnages à recruter n'est pas trop important pour éviter de vous perdre dans des méandres de possibilités, mais il reste suffisant pour faire varier les parties et ce d'autant plus que l'ordre d'apparition de ces cartes se fait aléatoirement (sans rendre le jeu hasardeux sur ce point là).

Jouable à deux joueurs, Greddy Kingdoms permet de jouer à plus nombreux pour peu qu'on utilise plusieurs boîtes. N'ayant pas joué au jeu sous cette configuration, nous nous garderons bien de la juger, mais elle doit montrer une toute autre facette du jeu.

Dernier point parlant en faveur du jeu: l'existence d'une extension et de cartes promotionnelles, permettant d'apporter de nouveaux mécanismes ou d'enrichir les nombre de cartes proposées.

En même temps, pour un jeu qui traite de royaume que l'on veut étendre, ses ajouts semblent logiques.

Le conseil de Jedisjeux

N'oubliez pas que vous faire contrer un personnage vous empêche d'utiliser son action.

Cela peut entraîner une réaction en chaîne car vous pourriez ne pas avoir les ressources nécessaires pour activer vos personnages non contrés, ayant compté sur celles que vous auriez dû obtenir. A vous de voir si tenter un grand coup comme celui-là en vaut le jeu (d'autant que nous vous avons parlé d'un effet "win to win") ou s'il vaut mieux vous appuyer sur les ressources que vous possédez déjà... pour peu que votre adversaire n'ai pas deviné que telle était votre intention...

Avis de la rédaction

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Loin d'être mauvais ou raté, le jeu ne procure pas une réelle sensation de nouveau et sera souvent délaissé au profit de jeux similaires, légèrement meilleurs. Dommage: les illustrations sont sympathiques et la taille de la boîte, pour un jeu de ce calibre, était des plus flatteuses...
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