Critique de Kamisado

En 2009, Peter Burley sort un de ses jeux via sa maison d'édition. Ce dernier, au matériel très coloré, réussit rapidement à avoir de très bons échos sur le net, principalement américain, ce qui reste remarquable puisque Kamisado est un jeu abstrait.

Forcément, de fil en aiguille, le jeu finit par attirer de plus gros éditeurs, et c'est finalement Huch & Friends qui décide de reprendre le jeu en 2010, dans un format un peu moins imposant.

En France, Gigamic décide de distribuer le jeu, qui arrivera ainsi jusqu'à nous.

Pour savoir ce que nous en pensons, comme toujours, une seule solution : lire la suite de cette petite chronique. Et comme on dit souvent dans le domaine du jeu : "c'est parti(e ?)" !

Matériel

Kamisado se présente dans une boîte carrée plutôt compacte. Sa couleur dominante, le blanc, lui donne une certaine esthétique. Si l'éditeur n'est pas français, on appréciera d'avoir tout de même notre belle langue représentée sur le dos de la boîte du jeu, pour nous le présenter brièvement.

Même constat à l'intérieur avec un livret de règles tout francisé.

Sous le plateau de jeu, plié en quatre, se dévoilent les 16 pièces du jeu, magnifiques, chacune logée dans un compartiment lui étant propre, pour éviter de les chahuter dans leur transport.

En retirant ces dernières, on note la feutrine présente sur leur socle, qui permettra à l'usage un déplacement plaisant et tout en douceur.

Au centre du thermoformage, 22 marqueurs transparents, des "dents de dragon", en quantité plus que suffisante dans la pratique, viendront s'ajouter sur la partie supérieure des pièces au cours du jeu, les remparts, si on peut les appeler ainsi, permettant au marqueur de ne pas quitter son nouvel emplacement.

Il reste regrettable que ces pions faisant penser à des tours, soient si fragiles. Car même si tout a été pensé pour les protéger (vous ouvrez votre boîte sur un bout de carton, servant à empêcher totalement les chocs), vous pourrez avoir, comme nous, la mauvaise surprise d'une de ces parties de remparts cassée. Même si ça ne gêne en rien la pratique, c'est regrettable, tant le jeu mise sur son aspect visuel aux premiers abords. Notons aussi, pour les réussites en demi-tons, que le jeu étant très coloré, le plateau de jeu est proposé avec une face permettant à ceux qui pourraient avoir du mal à discerner telle ou telle couleur, de faciliter leur lecture du jeu via des caractères chinois affiliés à chaque couleur.

Penser aux daltoniens est une bonne chose, mais il faut avouer que pour un non-initié, outre le fait de devoir placer chaque pièce bien dans l'angle de la case pour voir le symbole dans sa totalité, il pourrait bien ne pas être aisé de différencier d'un simple coup d'oeil chacun de ces caractères.

Le rendu final est à saluer, et si on trouvera à redire en cherchant la petite bête, on ne sera qu'être enthousiaste face à une telle présentation.

Règles

La règle du jeu a l'avantage d'être très simple à assimiler : le premier joueur déplace une pièce, dans une direction de son choix et d'autant de cases qu'il le souhaite tant qu'il ne rencontre pas une autre pièce.

La couleur de la case sur laquelle il termine son déplacement détermine la pièce que son adversaire devra jouer (celle de même couleur). Si ce dernier ne le peut pas, c'est la pièce de l'autre joueur de cette couleur qui sera jouée.

Ce système de déplacement peut faire penser à "Mana", de Jactalea, qui utilise la même base pour un résultat différent. La différence entre les deux jeux s'accentue quand on s'aperçoit que le but du jeu de Kamisado consiste simplement à être le premier à atteindre la ligne de départ adverse.

Malgré la simplicité de la règle, on se rend vite compte de la profondeur stratégique du jeu.

Les quatre pages du livret expliquent très bien le fonctionnement des mécanismes tout en énumérant de façon précise le matériel du jeu. Si elles sont aérées, on pourra trouver la taille des caractères bien trop petite. Celle de la page deux était idéale, mais n'a pas été conservée sur celles qui suivent : dommage. Des variantes et ajouts aux règles permettent de changer la physionomie de départ, d'apporter plus de tactique ou de nouvelles options.

Ceux qui s'investiront sur la longue durée dans le jeu devraient apprécier.

Durée de vie

Les dernières lignes de la partie précédente vous le dévoilaient : Kamisado propose plusieurs variantes au jeu.

Ainsi, à la place de jouer vos pièces sur leurs cases attitrées, vous pourrez les placer comme vous le souhaitez en début de partie. Vous pourrez également jouer avec la variante "sumo" qui permet à une de vos pièces de pousser celles de votre adversaire, mais la limite quant au nombre maximal de cases de déplacement.

Si mécaniquement parlant, ça ne change pas le jeu en profondeur, ça lui ajoute bel et bien une nouvelle profondeur tactique et des parties plus variées.

Pour peu qu'on mette le doigt dedans et devienne accro, ces variantes, ou au moins celle du placement libre, deviendront essentielles.

Ceux qui apprécieront le jeu mais y joueront occasionnellement ou en dilettante ne profiteront pas vraiment de ces variations.

La durée de vie du jeu ne sera donc pas la même d'un type de joueur à l'autre, Kamisado devant sortir du placard soit très occasionnellement soit avec une régularité déconcertante. Un peu comme la plupart des jeux abstraits, quand ces derniers ont assez de richesse pour pouvoir s'y investir vraiment. Et c'est le cas de ce joli jeu, qui a l'avantage de ne pas se priver des joueurs qui n'aiment pas non plus se prendre la tête, grâce à ses règles très aisées à assimiler.

Avis de la rédaction

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Kamisado est un très joli jeu, un peu fragile et aux règles très simples. Pour autant, il cache une véritable profondeur tactique qui devrait satisfaire les aficionados des jeux abstraits sans pour autant écoeurer ceux qui aiment avant tout passer un bon moment. Un jeu réussi et plaisant à jouer, même si pour ma part, il n'a pas réussi à devenir un coup de coeur total.
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