Critique de Abandon Ship

Il n'y a pas un éditeur ne rêvant produire un jeu signé Reiner Knizia.

Et quand Alderac, récent éditeur américain, voit son vœu se réaliser avec Abandon Ship, on est en droit de se demander s'il s'agit là d'une réelle nouveauté de l'auteur ou d'un nouvel ersatz d'un de ses précédents jeux.

Et puis surtout : à éditer un Knizia les yeux fermés, édite-t-on un bon jeu ?

Après avoir dernièrement quitté l'île d'Atlantis dans un de nos tests, nous voilà à bord, nouvellement embarqués pour déjà "Abandonner le navire"...

Matériel

Ça commence plutôt bien: une splendide boite toute toilée avec une bien jolie illustration assez "cartoon", qui correspond bien au public visé. Les informations nécessaires sont bien présentes sur la boite, mais pas en abondance. On éventre donc rapidement cette dernière pour mieux en connaitre le contenu.

Un thermoformage en plastique dur nous invite à regarder l'intérieur de ses trois compartiments.

On y trouve des jetons de trois types, des dés spéciaux et des pions en bois, en forme de souris, que les joueurs vont déplacer sur le plateau de jeu.

Ce dernier se compose de deux parties.

La première est le classique plan de jeu à déplier. La seconde partie propose un bateau d'une extrême grandeur que l'on imbrique dans le plan de jeu de sorte de pouvoir l'y coulisser.

Ainsi, on pourra au fil du jeu donner cette impression de navire qui doucement s'engouffre dans les profondeurs des eaux.

Tout est de très bonne qualité, bien solide et bien illustré et se manipule aisément durant la partie.

De plus, on a l'impression d'un matériel recherché et sortant de l'ordinaire.

L'invitation à bord est plus que prometteuse...

Règles

La règle du jeu tient en deux pages.

Claire et précise, agrémentée d'exemples et d'illustrations, elle ne devrait poser aucun soucis de compréhension.

7 rats se retrouvent donc sur le pont d'un bateau qui coule doucement mais surement.

Chaque joueur doit en sauver trois, dont les couleurs ne sont connues que de lui seul.

Durant son tour, un jouer lance les 8 dés et en choisi un dont il fait l'action associée qui consiste à déplacer le rat (qui avance souvent mais qui peut aussi reculer) de la couleur correspondante (ou parfois pas) d'un certain nombre de places , ou en rattrapant un autre.

Certaines faces de dés permettent de laisser ce dernier en lice, d'autres le retirent de la partie pour la manche en cours.

Un dé blanc permet de déplacer le rat de son choix.

Quand il ne reste plus qu'un dé, le bateau s'enfonce (de 3 à 7 cases) et englouti avec lui le rat le plus à la traine parmi ceux qui auraient été alors noyés.

Puis une nouvelle manche se joue.

Certaines cases permettent au joueur qui y mène un rat pour la première fois d'avoir des points bonus.

Car pour remporter des points, il n'y a que cette possibilité ou celle de réussir à mener ses rats saufs au bout du bateau...

Et encore !

Le premier rat arrivé se verra piétiné par les passagers encore présents et atteints de terreur, gesticulant dans tous les sens. Seuls les trois suivants apporteront des points aux joueurs ayant la couleur équivalente sur leur tuile "objectif secret".

Voilà, vous savez jouer.

C'est simple et ça a le mérite de proposer du choix, mais on sent tout de même qu'une nouvelle fois le maitre Knizia nous l'a joué récup : le jeu fait indubitablement penser à La course des tortues, en version plus complexe et auquel il aurait sacrifié les cartes pour des dés, redevenus tellement "in" ces derniers temps.

Durée de vie

C'est ici que le navire échoue...

Ce jeu qui se joue de 3 à 7 (plus on est, moins on a de contrôle sur le jeu) en une demi-heure se révèle tout de même légèrement mal équilibré.

Ainsi, il vous arrivera de voir périr toutes ces pauvres bêtes, le tirage des jetons "montées des eaux" pouvant être peu clément en début de partie et rendre le jeu vraiment cruel.

De plus, un tirage plus clément ne semble permettre que de retarder l'échéance.

On s'en remettra donc au dé blanc et à son unique face permettant de doper nos rats et les transformer en véritables "Speedy Gonzalez". Mais du coup, au delà de devenir dépendant du dé, on se rend compte que le choix devient plus rare.

Certains joueurs voudront au contraire s'assurer que leurs rats soient loin du danger et ne choisiront que les dés se remettant en jeu, pour peu que ces derniers tombent sur leur rat ou pour tenter un coup de bluff.

Là, on aura moins de disparus mais le jeu deviendra alors totalement arbitraire des lancés et les pseudos choix n'en seront plus.

Tout ceci est d'autant plus dommage qu'il semble que la mécanique fonctionne et qu'il suffira d'équilibrer le jeu en le testant assez longtemps pour changer la plupart des valeurs des dés ou des jetons de montées des eaux...

Passé ce problème, rien en change d'une partie à l'autre et le sel du jeu est alors focalisé sur le fait de ne pas connaitre les objectifs adverses : c'est peu, tout de même.

On pourra également ne pas apprécier l'idée que le premier rat arrivé ne rapportera rien, mais faire sans serait un remède pire que la maladie. Reste que mécaniquement, si ça aurait put amener certains frissons, ce sera plutôt de la frustration; et sur un jeu à vocation familiale, ça reste ennuyant.

Avis de la rédaction

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Abandon Ship avait tout ce qu'il fallait pour devenir le maître du genre. Au lieu de ça, il donne une impression mitigée et des parties inégales au niveau de l'intérêt. La course des tortues et Tiki topple, dans le genre, me semblent plus simples et plus rapides. Ils plairont également plus aux plus jeunes comme aux plus âgés, peut-être tout de même aux femmes et aux enfants d'abord...
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Abandon ship est un jeu pour toute la famille un peu trop hasardeux à mon goût. Le matos est vraiment sympa (comme souvent chez l'éditeur) mais une fois de plus Knizia a été à la simplicité plutôt qu'à la qualité. Il utilise des dés pour identifier les actions possibles, le problème c'est que les choix offerts par les différentes actions n'en sont pas réellement. On a toujours une action à faire meilleure que les autres et c'en est lassant. Non au final, le seul mécanisme intéressant c'est de deviner quels sont les rats de ses adversaires en croisant les doigts pour ne pas avoir les mêmes. Le jeu est peut être intéressant avec des tous petits, mais passé 10 ans, personne n'est dupe et on referme la boite aussi vite qu'on l'a ouverte. Tout comme Limp, je lui préfère vraiment la course des tortues, plus simple dans ses mécanismes et vraiment intéressant avec les petits comme avec les grands.
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