Critique de Genoa

Rüdiger Dorn et Filosofia, c'est une affaire qui roule !

L'éditeur québécois nous a déjà régalé avec la réédition de Jambo et devrait nous proposer l'an prochain celle de Goa, Louis XIV pouvant bien un jour s'ajouter à la liste.

Mais récemment, c'est un autre jeu qui est venu renforcer la collaboration entre l'éditeur et l'auteur a succès.

Un jeu qu'on ne pouvait plus se procurer, Die handler von Genoa, repabtisé plus sobrement Genoa.

Ne reste plus qu'à voir ce que vaut cette version, huit ans après l'originale.

Matériel

La boite de jeu en elle-même invite à s'y attarder.

Elle précise directement deux points importants du jeu : il s'agit là d'un jeu de négociation, ce dernier étant conseillé à partir de douze ans, probablement pour bien appréhender ce principe, le jeu en lui même n'étant pas si compliqué.

L'illustration de la boîte est magnifique, contrairement à celle de la première version (signée Aléa), bien sombre.

On pourra dire la même chose du plateau de jeu, qui avec sa nouvelle palette de couleurs (le quasi monochrome a disparu) devient plus attrayant et lisible.

Les ressources à récolter passent de simples cubes à de jolies tuiles, ce qui donne au jeu une immersion plus importante.

Inversement avec les marqueurs propriété, qui, devenant des pions hexagonaux, permettent de bien se voir sur le plateau de leur hauteur et évitent un éventuel manque de lisibilité entre les différents genres de tuiles que le jeu aurait proposé s'ils étaient restés sur ce format là.

Les billets cèdent également leur place aux pièces.

On pourrait penser là à une simple histoire de gout (pour ma part, je préfère largement les pièces en général) mais la négociation omniprésente fait manipuler la monnaie plus que de coutume et les billets ont tendance à vieillir plus rapidement.

Des changements bien pensés donc et au final un tout bien agréable à manipuler et regarder.

Reste le cas des cartes sur lequel se pencher.

Car si leur design a été amélioré, un petit point n'a pas été touché.

En effet, les joueurs auront dans la partie plusieurs cartes en main, avec plusieurs destinations différentes.

Et au final, on peut s'y perdre un peu.

Sans savoir de quelle façon procéder pour rendre le tout lisible et agréable à la vue, il aurait été intéressant de mettre un moyen sur la carte pour retrouver rapidement les bâtiments concernés (leurs abscisses et coordonnées peut être ?)

Un tout petit détail qui ne gène que peu au jeu... et surement plus du tout après un certain nombre de parties.

Règles

Une règle à la Filosofia ...

Pas grand chose à redire, quoi.

Bien présentée, aérée, avec les illustrations et exemples qu'il faut.

Tout est limpide, pour peu qu'on lise la règle dans sa globalité.

Pour une fois, la colonne récapitulative que j'apprécie tant ne figure pas dans ces règles mais le côté ajouré de ces dernières permet cette absence.

En effet, on trouve rapidement la section que l'on voudrait relire en cas de moindre doute.

Et si la partie théorique est bien huilée, la pratique l'est tout autant.

Car les règles s'assimilent vite, les joueurs jouent quasi tout le temps (il n'y a pas de temps d'attente, la phase de négociation rendant le tour des adversaires tout aussi important que le sien) et si la mécanique ne souffre d'aucun ralentissement (excepté la recherche des trajets que nos cartes nous imposent à faire) il faudra pourtant réfléchir et faire des choix, savoir bluffer et proposer les bons tarifs.

Bref, le jeu ne ment pas : il vous faudra être marchand.

Et s'il existe depuis huit ans, il n'en reste pas moins exactement ce que les joueurs recherchent actuellement: un jeu de moins de deux heures, rapide à apprendre et interactif.

Si un coup de jeune a été donné (de bien belle façon) au matériel, les règles en elles mêmes n'en avaient effectivement pas besoin.

d'autant plus qu'il n'y a pas d'autre jeu à ma connaissance qui propose négociation, objectifs secrets et choix tactiques...

Durée de vie

Soyons généreux...

Car j'avoue ne pas avoir joué assez de parties pour approfondir pleinement cette partie là de ma rédaction.

Mais quand on peut ajouter aux qualités citées précédemment le fait que le jeu a tout ce qu'il faut pour être sorti plusieurs fois sans avoir l'impression d'en avoir fait le tour, on se dit que l'on frôle le parfait.

Donc, oui, Genoa ne demandera pas qu'une seule partie pour le maitriser.

Pourtant, vous vous amuserez dès la première partie. Bonne nouvelle, non ?

Car, s'il est besoin de le rappeler, le mécanisme principal du jeu consiste en une phase de négociation.

C'est pas une phase d'enchère la négo, mais ça s'en rapproche (et on sait que les jeux d'enchères permettent assez souvent à un jeu de tenir sur le temps, ses différentes stratégies amenant à la victoire tendant à s'équilibrer de par ce seul mécanisme).

On connaitra mieux les valeurs des choses, les préférences de chacun, on pourra argumenter tout et n'importe quoi, s'appuyant sur le vécu des précédentes parties...

La notion de "win to win" effrayant souvent les joueurs et pouvant se retrouver dans les jeux d'enchères mais aussi ceux de négoce (comme j'ai plus d'argent, je peux proposer plus et vais donc m'octroyer ce que tous voulaient), de façon moins marquée (le joueur pouvant toujours choisir la proposition moins importante pour ne pas dérouler le tapis rouge au joueur en tête), Genoa réussit à ne pas souffrir de cette lacune et les parties resteront tendues, et quand ce n'est pas le cas, à moins de compter les finances de chacun, on ne verra pas forcément qui mène la danse.

Ajoutez à ça les petites combinaisons de pouvoirs sympathiques que peuvent procurer les tuiles privilèges et que chacun voudra inaugurer tôt ou tard : Genoa, pour peu qu'on ne soit pas réfractaire aux jeux de négociation, devrait contenter les joueurs pour ce qui est de sa rejouabilité.

Le conseil de Jedisjeux

A Genoa, on peut tout échanger : son argent, ses marqueurs propriétés, ses tuiles privilèges et même, le temps d'une entente, un sourire.

Malgré ça, et si tout le monde s'accorde à dire que ce jeu est un jeu de négociation avant tout, si vous êtes réfractaire à ce type de jeu à la particularité bien marquée, vous pourriez bien être conquis.

Car d'une part les autres mécanismes contenus dans ce jeu ne sont habituellement pas mariés à de la négociation et d'autre part car le jeu de négoce demande souvent de tout calculer et que, même s'il faut évidemment faire l'offre la plus équilibrée possible, vous ne vous perdrez pas à faire des maths ici.

Non, ce jeu est ludique avant d'être calculatoire et mérite d'être essayé même s'il ne semble pas correspondre à nos gouts.

Il serait dommage de passer à côté...

Avis de la rédaction

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Une fois le conseil donné, l'avis semble emballé et la conclusion prête à être postée : Genoa est un bon jeu, un jeu dont le genre n'est pas si utilisé, un jeu qui vieilli bien, qui semble même daté d'aujourd'hui même ... Les changements apportés par rapport à la première version ne sont que de l'ordre des composants, la règle n'ayant aucunement besoin de retouche. On se plaira à jouer à un jeu pour joueurs qui évite pour autant le grillage de neurones et l'habituel silence typique au genre. Non, ça discutera, ça marchandera et on passera un très bon moment. Une sorte d'aventuriers du rail en plus tactique et avec plus d'interaction ? La comparaison pourrait bien faire sourire et discréditer tout l'article, mais à bien y réfléchir c'est pas bien plus compliqué, plus vite mis en place, pas plus long et ça fait plus bouger autour de soi... bref, je m'égare. Si vous êtes un bon chaland, ce jeu doit être prix... euh, pris.
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