Critique de Tipoucet

"Tipoucet sort sa botte secrète" : voilà le titre en entier de ce second jeu de société proposé par les Editions Vermicelle. Et le jeu de mots est bien trouvé, car pour échapper au méchant ogre qui ne souhaite qu'à vous croquer, il faudra être bien caché quand celui-ci enfilera ses bottes de sept lieux. Revenir à l'abri dans la maison en ayant libéré le ou les captifs ne sera peut-être pas de tout repos, surtout si l'appât du gain est trop fort.

Nous avons vécu cette histoire. Plusieurs fois.

Et voici ce que nous en racontons...

Matériel

Tout comme "Nénufable", premier opus de l'éditeur dont notre Jedistest lui avait attribué un 9/10 final, Tipoucet se présente dans un bel écrin de bois, le tout fabriqué en France.

Le "couvercle" se soulève de la même ingénieuse façon pour nous dévoiler le matériel du jeu, également énoncé au dos du plateau, sur une partie rappelant l'âge conseillé pour démarrer l'aventure, la durée de celle-ci et le nombre de joueurs pouvant participer.

Tout ceci se retrouvera bien entendu aussi sur le livret de règles, auquel nous attribuerons un "sans faute".

Vous pourrez lire tout ça un peu plus loin dans cette chronique : essayons de ne pas vous perdre en chemin...

Le jeu est donc équipé de vingt pions, placés dans le logement servant de cachot durant la partie. Ces pions (en bois, mais tout est en bois, ne le précisons plus, donc...) représentent des bouts de pain et des cailloux que vous pourrez placer en cours de route de sorte à vous créer des raccourcis bienvenus. Deux intrus au milieu de ces derniers : le pion Tipoucet, qu'il faudra libérer de son cachot pour pouvoir remporter la partie, et le pion "Trésor", à utiliser pour des parties plus dangereuses.

Les six frères du Tipoucet sont les derniers pions complétant ce somptueux tableau. Rehaussés par une seconde partie plus petite, ils facilitent la prise en main pour les plus jeunes tout en permettant de se fixer dans le plateau de jeu, sans bouger. Bien entendu, pour continuer à contribuer à la qualité parfaite de l'ensemble, on remarque que chacun d'entre eux possède une illustration propre.

Deux dés à six faces, avec leurs illustrations gravées, s'intègrent eux aussi dans un logement spécial, prêts à en être retirés pour initier une partie.

Avec tout ça, on ne vous a même pas parlé de la beauté du dessin de ce plateau et du fait qu'il s'encastre de sorte à proposer un jeu en trois dimensions, avec même un ogre mobile, qui se déplace, de plus en plus menaçant, tel le dangereux loup d'un théâtre de marionnettes...

Règles

Comment vous dire...

C'est un rêve éveillé qui nous est ici conté. Si on ne compte pas la couverture du livret de règles, ne restent que trois petites pages à lire avant de commencer l'exploration. Et tout ça est pourtant bien aéré, bourré d'exemples illustrés, tout en parvenant à prendre le temps de commencer par un bel état des lieux inauguré par le classique "Il était une fois...".

C'est d'ailleurs là le second point fort de ces règles de jeu. Mais je souhaite d'abord clore le premier en saluant tout l'intérêt et le caractère malin de ces règles, pourtant si claires et si simples à appréhender. Et nous reviendrons dessus un peu plus loin...

Car nous en sommes au second point, maintenant : ne nous perdons pas, ce serait un comble tout de même...

Bref, le jeu raconte bel et bien une histoire, jusque dans ses mécanismes. Simples, ils n'en demeurent pas moins bien intéressants. On retrouvera au passage certaines ressemblances avec Nénufable. Mais rassurez-vous : les deux jeux ne font pas doublon, et ici, ils ne risquent pas de quitter la maison pour aller se perdre dans je ne sais quel autre lieu malfamé. Non, assurément.

Pour preuve, ici, nous gagnons ou perdons tous ensemble. A son tour, on lance les deux dés et on joue les deux actions liées à leur résultat, dans l'ordre de son choix, sauf si l'ogre arrive sur la dernière dalle...

Le premier dé possède des valeurs comprises entre 1 et 4 et permet de déplacer un des six frères de Tipoucet d'un maximum de cases égal au résultat du dé. Le second dé permet, selon le dessin affiché, de placer un pion "pain" ou un pion "pierre" sur des emplacements cerclés de blanc sur le parcours, qui permettent alors, une fois "comblés", de prendre des raccourcis si on les emprunte. Mais il peut aussi indiquer une face "oiseau", qui retire alors tous les pains du jeu, emportant les malheureux enfants qui se trouvaient alors dessus jusqu'à la geôle du méchant ogre, où est enfermé initialement Tipoucet.

Enfin, une terrible face représente l'ogre. Quand elle apparait, vous devez avancer l'ogre en direction de ces fameuses bottes de sept lieux. Pour cela, vous faites coulisser le fond du décor pour faire avancer la terreur des sept frères. S'il arrive à récupérer ses bottes, aucun enfant ne se déplace (on résout seulement cette action) : tous les enfants se trouvant sur une case comportant le même chiffre ou un chiffre inférieur que celui du dé sont capturés et mis dans le cachot de l'ogre, qui retourne ensuite à son emplacement initial, se rapprochant de nouveau progressivement de ses bottes.

Aux joueurs de prendre des risques mesurés et d'essayer de se placer sur les cases ne comportant pas de chiffre. Ils devront aussi libérer les enfants capturés. Pour cela, ils doivent avoir un enfant présent sur la manivelle qui soulève la grille (qui est de plus une case numérotée) et faire sortir ces derniers en tant qu'action de déplacement.

Pour l'emporter, tous les enfants doivent rentrer à la maison. Un enfant qui s'y trouve ne peut plus en sortir : il faudra donc bien réfléchir chacun de ses choix, la route présentant diverses bifurcations...

Voilà pour la petite histoire. C'est simple et intelligent. C'est magnifique visuellement et les joueurs semblent vivre une histoire qu'ils créent eux-même, avec le danger du vilain ogre en fil rouge. Excellent.

Durée de vie

Un jeu pour enfant finit normalement toujours par vieillir l'enfant grandissant, mais la beauté du jeu, son intérêt certain et le fait que le jeu propose une variante ajoutant de la difficulté assurent que le jeu sera sorti bien des fois avant que cela n'arrive... si ça arrive, car même entre adultes, on prendra un plaisir avouable à pratiquer.

Au passage, la variante consiste à récupérer le trésor de l'ogre, qui se trouve sur une case précise et que seul Tipoucet peut prendre, étant l'unique enfant à en connaitre l'emplacement.

Et ce n'est pas tout ! Une fois le trésor entre vos mains, l'ogre voit rouge et avance de deux cases au lieu d'une quand le dé fait appel à lui. Vous verrez, ça complique un peu la donne...

Le conseil de Jedisjeux

Pour vous assurer des parties entre adultes toujours plus compliquées, vous pouvez toujours ajouter toutes sortes de variantes ajoutant de la difficulté (en plus de ce que propose le jeu).

Par exemple, les règles précisent qu'on ne peut se trouver à plusieurs sur une même case, mais vous pouvez décider que la route est très étroite et qu'on ne peut doubler un enfant se trouvant devant soit, qu'on doit se déplacer exactement du nombre de cases indiqué par le dé (sauf pour arriver à la maison) ou ne pas se déplacer du tout, qu'un "4" enlève une pierre (définitivement ?).

Tout comme Nénufable, ce jeu se prête facilement aux adaptations. Si les enfants venaient à perdre souvent, on peut imaginer que l'ogre n'enlève que les enfants présents sur le chiffre indiqué par le dé, et pas tous ceux ayant un chiffre également inférieur...

Avis de la rédaction

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Tipoucet est un jeu tout simplement merveilleux. Son matériel est irréprochable, sa règle intéressante et facile à prendre en main pour tout le monde. Ses parties sont courtes et dynamiques et racontent une histoire à la fin incertaine jusqu'au dénouement. Fabriqué en France, inventif de par son côté "théâtre de marionnettes", il parvient à faire aussi bien que le premier titre de l'éditeur, ce qui tenait de la gageure pourtant. Il le détrône même selon moi. On vous a souvent parlé de titres de l'éditeur Haba certainement concernant le meilleur coopératif pour enfants ? Ne cherchez plus : Tipoucet ne leur a laissé ludiquement que des miettes...
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