Le crowdfunding

Un petit débat sur la mode du moment : le crowdfunding.

Pour ceux qui l'ignorent, il s'agit du financement de divers choses par le public.

Dans le jeu de société, ceci se transforme en une plateforme de financement par la précommande.

J'aimerai bien qu'on débatte un peu là dessus.

Mon avis là dessus est assez négatif en général (pour le jeu de société, du moins).

Lorsqu'il s'agit d'un éditeur qui souhaite démarrer, je comprend tout à fait l'intérêt financier : les banques ne sont pas là pour prêter l'argent sans garantie, on sait combien on va devoir en tirer, on n'a pas besoin de passer par un distributeur.

Si l'éditeur souhaite grossir, il va devoir passer par les structures de distributions classiques (distributeur et boutiques).

Le soucis, c'est comment vendre en boutique au même prix que par le biais de la précommande ? Pour cela, l'éditeur devra multiplier ses prix de précommande au même titre que s'il se passait de la boutique, et c'est là que les pledgers se mettent à raler.

En effet, un pledger paye un jeu 3 ou 6 mois à l'avance, au plein tarif, avec pour seul récompense le bonheur d'avoir participer au financement d'un jeu.

On comprend bien que si on veut réitérer l'expérience, il faut y aller par le goodies. Soit il s'agit de matériel de luxe, mais à ce moment, ça augmente grandement les coups de fabrication et la précommande n'a plus vraiment d'intérêt pour l'éditeur.

Soit il s'agit de mini extension et l'acheteur traditionnel se sent lésé d'avoir un jeu incomplet. Dans les deux cas, il faudra que l'éditeur se substitue aux plateforme de distribution classiques (on se souviens de de Carl Chudyk qui a due débourser 50 000 $ pour payer le transport de sa black box).

Certes les plateforme de précommandes comme GMT fonctionne depuis des années, mais GMT produit des jeux bien spécifiques. Il n'est pas sur un marché concurrentiel comme le sont les éditeurs qui se mettent aujourd'hui au crowfounding.

En ce qui me concerne, je donne 3-4 ans à cette mode. Je pense qu'elle va s'épuiser d'elle même du fait de l'abus de son utilisation.

D'autant que je vois mal les banques laisser faire de telles pratiques sur le long terme. Elles vont bien trouver un moyen pour récupérer l'argent qu'elles perdent par ce biais.

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Il y a 41 commentaires

Blue
By limp | 24 août 2013 à 02:49

J'avoue ne pas être d'accord. Il y a déjà de nombreux auto-éditeurs. On parlait tout à l'heure d'un jeu qui ne sort pas alors que bien pledgé : il s'agit d'un jeu auto-édité (puisque l'auteur est aussi l'éditeur). Ca a tjs existé, et ça ne change rien.

De plus, les éditeurs peuvent se tromper autant que les joueurs.

Tout ça sans compter que 99% des jeux en crowfunding ont été tout autant testés et surtestés, et sont bien souvent passés par un système de print & play pour avoir d'autres tests.

Tu sais, certains jeux auto-édités sont plus testés que des jeux parus chez de gros éditeurs.

Je me souviens d'un gros jeu de plateau, paru chez un très gros éditeur francophone, n'avait pas le matos marqué dans la règle, car entre temps, l'auteur l'avait changé et si le matos était à jour, la règle ne l'était pas => l'éditeur n'avait donc jamais joué à la véritable version finale...

Et ça, ce n'est qu'un exemple...

Blue
By Blue | 24 août 2013 à 08:39

J'avoue ne pas être d'accord. Il y a déjà de nombreux auto-éditeurs. On parlait tout à l'heure d'un jeu qui ne sort pas alors que bien pledgé : il s'agit d'un jeu auto-édité (puisque l'auteur est aussi l'éditeur). Ca a tjs existé, et ça ne change rien.[/quote:3mgcxw3u]

Pour moi, un 5ieme jeu d'un éditeur, c'est plus un simple auto éditeur, il a déjà fait ses preuve.

Cet éditeur ne se remettra pas de l'expérience. Sans ce crowdfounding, il annule, le jeu, il y'a des mécontents, mais ils n'ont rien investi dans le jeu et ne se sentent pas arnaqués.

Certains... Mais c'est la règle ?

Vu le nombre de trucs invendables auto édités, avec des gens qui y perdent leurs économies, je me demande si le crowdfounding est pas une bonne solution pour eux (personne ne va mettre d'argent sur une eniemme version du jeu de l'oie avec des questions).

Mais c'est pas le principe que je remet en cause, c'est sa pérennité et son utilisation comme plateforme de publicité et précommande.

[quote="limp":3mgcxw3u]Je me souviens d'un gros jeu de plateau, paru chez un très gros éditeur francophone, n'avait pas le matos marqué dans la règle, car entre temps, l'auteur l'avait changé et si le matos était à jour, la règle ne l'était pas => l'éditeur n'avait donc jamais joué à la véritable version finale...

Et ça, ce n'est qu'un exemple...

- limp

Je ne vois vraiment pas le rapport avec la discussion, on s'éloigne un peu !

Un jeu qu'il soit daubesque ou pas porté par une personne connue aura plus de chance de réussir à sortir. Mais tu nous parle de cas isolé pour en faire une généralité là.

Blue
By Shanouillette | 24 août 2013 à 09:06

non on ne s'éloigne pas je pense qu'il souhaite démontrer qu'il n'y a tant baisse de qualité que ça, puisque quand on regarde le boulot des gros éditeurs, ils se plantent aussi. C'est vrai, mais ils ont aussi le moyens de faire du support derrière, de publier des erratum etc...

Moi j'ose espérer que même s'ils se plantent -errare humanum est-, ils restent des professionnels et leur conseils et leur regard affuté est primordial.

Au final, là, en vous lisant, je me dis que si je repledge un jour ça serait (à condition d'un gros coup de coeur) pour une grosse maison d'édition : où les risques seront donc minim pour mes thunes, et la qualité du jeu au rd-vs.

je dis peut etre des bêtises hein mais bon...les grosses maisons d'édition tel Iello utilisent ce système, j'étais la 1ere à dire "houhouhhh laissez la place aux petits!" mais finalement pourquoi le devraient-ils ...?? Ce n'est pas si facile pour eux non plus : le secteur est hyper concurrentiel, le public de niche, un jeu coute cher, les marges sont serrées, la trésorerie nécessaire pour lancer des nouveaux projets sans affaiblir les reins de la société est à flux tendu. Et ils font vivre des gens avec ça. Suffit de voir leur chiffre d'affaire pr comprendre que ça reste tjs un pari risqué de produire un jeu. KS leur permet une certaine souplesse, si ça leur permet d'être plus efficient sur leur projet, ça veut dire une amélioration de la qualité, moi je dis why not finalement...

Blue
By Blue | 24 août 2013 à 09:14

Autre question plutôt en faveur du crowdfounding.

Dans le cas d'un gros éditeur qui l'utilise comme précommande et financement (en gros, j'imagine qu'il vend 500 boites par ce biais et 2500 par le réseau de distribution normal), cela baisse les coûts de production car la financement n'est plus soumis à l'intérêt des banques.

Quel est la répercussion sur le prix final ?

J'imagine qu'il est à la baisse, mais j'ai des doutes. Les frais induits par cette précommande (transport, stockage) sont ils moins importants que ceux des intérêts ?

Blue
By limp | 24 août 2013 à 11:55

Blue, je n'ai pas compris ta dernière question.

Merci à Shanouillette de souligner ce que je veux expliquer.

Sinon :

Pour l'auteur qui a fait "ses preuves", il n'a sorti que deux jeux avant. Le premier, que j'ai pour ma part apprécié, à eu de nombreuses personnes qui l'ont décrit buggué. Seul le second a fait une quasi unanimité. Si pour toi ça veut dire faire ses preuves, je trouve ça rapide.

Et oui, le jeu ne serai pas sorti autrement, mais ce n'est pas ce que je voulais démontrer, mais juste le fait que les jeux auto-édités sont déjà nombreux. Même chez les grands auteurs d'ailleurs (la famille des "key", les Wallace, les jeux de Irongames...). Ce ne sont pas des cas isolés.

Quand tu (Blue) parles que tu ne mets pas le principe en cause mais son utilisation par les gros éditeurs, je te rejoins complètement. J'ai donné des exemples lors de posts précédents de tous les effets négatifs que j'y voyais à court et long terme.

Le cas que j'ai cité sur le jeu non-testé n'est pas si isolé que ça. Il ne faut pas accorder autant de crédits que ça aux éditeurs. Tous les jeux ayant droit à une Vf dans le même temps que la VO ou assez rapidement ne sont pas testés (enfin, si, par l'éditeur de la VO) et c'est au premier qui signera pour la vf (même s'il y a des priorités d'éditeurs travaillant avec tel autre éditeur). Pour ces titres, ils lisent les règles et écoutent le buzz internet. C'est au ressenti. Je ne dit pas que des fichiers pour fabriquer les protos n'existent pas à ce stade, mais c'est la course et ça marche souvent comme ça. Tout n'est pas testé. Le cas "isolé" que je t'ai dit, il démontre que les éditeurs font "confiance" aux auteurs pour trouver une solution avant Essen, et que certains jeux sont édités pour ce salon qu'ils soient prêts ou pas. Là, ça c'est vu et su par tous, mais des cas comme celui-là, oui, il doit y en avoir pas mal...

Bref, c'était pour montrer que les jeux ne passant pas par le crowfunding ne sont pas forcément super testés et que de ce que je vois comme jeux proposés, la majeure partie d'entre eux a pas mal d'années d'existence, des forums avec des joueurs qui en discutent, des versions print & play parues deux ans auparavant etc etc.

Alors oui, des jeux non travaillés en crowfunding, il doit y en avoir, mais pas tant que ça, d'après moi. Le ratio doit être anecdotique et je ne pense pas que ça "baissera" le niveau des jeux. Faut arrêter d'avoir peur du nouveau et de lui inventer des lacunes (donc pas d'accord avec Ed_ sur ce point là).

Blue
By Sha-Man | 24 août 2013 à 14:39

Je voudrais ajouter plusieurs trucs au débat qui vont dans le sens de certains commentaires de Blue et Limp :

1/déjà les boîtes d'édition qu'on appelle "grosses" ne le sont pas tant que ça effectivement j'ai regardé par curiosité sur société.com le nombre d'employés et les chiffres d'affaires / revenus, tu te dis que c'est bien à flux tendu et que les salaires doivent pas être mirobolants. C'est une affaire de passionés souvent. Alors sauf pour 1 ou 2 grosses machines internationales, peu de raisons de taper sur cette envie de faire un peu plus de fric et du coup être capables de se payer mieux et d'en vivre à 100%...

2/ Justement des passionés mais aussi des humains, autant que les petits indépendants qui ont envie de se lancer. Donc ils peuvent se planter pareil, être à la bourre sur les délais pareil. C'est sur par contre qu'un gars tout seul qui sort de nul part on est moins sur qu'il va gérer intelligemment l'argent que t'as pledgé et qu'il va pas se planter ou cas exceptionnel partir avec la caisse. Vu que recours sur crowdfunding = 0.

3/ Et enfin quand tu vois que certains éditeurs reconnus ont un effectif de 1 ou 1.5 personne(s), je me dis en quoi un auteur avec un peu de compétences de gestion est-il moins légitime pour se lancer via crowdfunding et lancer sa petite affaire d'auteur-éditeur ?

4/ Pour finir, je dirai que le monde du jeu n'est pas encore au stade de saturation qu'on peut trouver dans le monde de la musique et des maisons de disque. Plus de choix ne nuit pas, et des jeux nuls on a pas attendu le crowdfunding pour en avoir.

En plus si y avait que des jeux SUPERBES / SUBLIMES / TROPHEE-DORESQUES et bah ça nous couterait cher.

La au moins on teste un jeu, on se dit bouse / daube / moyen / pas mal / bien / top / superbe / OMG / DONNEZ MOI DES EXTEEEEENSIIIIIOOONS / J'EN VEUX PLUUUUUUUUS / IL EST AAAAA MOIIIIIIIIIII / PLUUUUS DE FIGURIIINES / QUEL MAGNIFIQUE CUBE EN BOIS.

La comparaison nous permet de construire une échelle de valeur et ça fait ressortir le meilleur.

En plus c'est vraiment relatif parce que je pense que le gars qui crée un jeu que tu trouves nul, devait au moins lui-même le trouver bien de même que ses amis (imaginaires peut-être dans certains cas) qui l'ont poussé à le sortir.

Blue
By Arthelius | 28 août 2013 à 23:26

Je trouve sincèrement dommage que les gros éditeurs se soient mit au crowdfunding, en piquant un peu la places des petits qui eux n'ont pas d'autres choix pour exister (si ce n'est épuiser leurs économies).

Surtout qu'ils l'ont fait après que les petits aient essuyé les plâtres.

Et tout ça en ne prenant que peu de risques au final, aussi bien financier, qu'au niveau vente. Les noms connus vendent plus (sauf si la somme demandé est mirobolante).

Après les jeux en crowdfunding reviennent souvent au même prix (à quelques euros près je pense) que le prix en boutique, hors que je pense que les éditeurs font les envois directement, donc pas de distributeur ni de revendeur dans la chaîne, donc cette économie tombe directement dans leurs poches. A moins que je ne me trompe, dans ce cas je veux bien une explication afin de mieux comprendre, et ne pas continuer sur un mauvais jugement.

Après je pense sincèrement (et c'est dommage) que le système va s'épuiser et dans pas si longtemps que ça j'imagine. Si les gros demeurent, ce seront surement les petits qui en feront les frais.

Blue
By limp | 28 août 2013 à 23:48

Non, ton analyse est bonne. Et effectivement, ceux qui se moquaient du principe sont en train de le généraliser, et si possible de le canibaliser, histoire que les premiers venus n'y soient plus.

Blue
By Vulcain | 11 sept. 2013 à 23:40

J'ai pensé à ce sujet en voyant cette image:

Blue
By loic_425 | 12 sept. 2013 à 11:28

:) :)